(Ottawa) L’augmentation des taux hypothécaires a ralenti les ventes de maisons au Canada le mois dernier, par rapport à leur rythme effréné du début de l’année, a indiqué lundi l’Association canadienne de l’immeuble (ACI).

Le nombre d’habitations vendues a chuté de 25,7 % à 54 894 le mois dernier, contre 73 907 en avril 2021, ce qui constituait un sommet record pour ce mois, a indiqué l’association.

D’un mois à l’autre, les ventes d’avril ont diminué de 12,6 % par rapport à mars, mais se classent toujours au troisième rang des ventes pour un mois d’avril, juste derrière 2021 et 2016.

« La fièvre de la demande de logements au Canada s’est arrêtée et, qui l’eut cru, il n’aura suffi que d’un coup de pouce des taux d’intérêt de la Banque du Canada pour faire tourner le vent », a indiqué l’analyste Robert Kavcic, de BMO Marchés des capitaux, dans une note aux investisseurs.

L’ACI a attribué une grande partie du ralentissement aux taux hypothécaires fixes, qui sont en hausse depuis 2021, mais qui ont eu plus d’impact ces derniers mois. L’association a souligné que les taux fixes réduits typiques sur cinq ans sont passés d’un peu plus de 3 % à un peu plus de 4 % en l’espace d’un mois.

Le taux pèse également sur la façon dont les acheteurs s’en sortent avec la simulation de crise hypothécaire, qui utilise le taux le plus élevé entre 5,25 % et le taux contractuel majoré de deux points de pourcentage.

Pour les emprunteurs fixes, le taux de la simulation vient de passer de 5,25 % à un peu plus de 6,00 %, a noté l’ACI, une augmentation d’environ un point de pourcentage en un mois.

« Les gens sont nerveux. Ils se disent, “si je prends cette hypothèque, quand les taux hypothécaires vont augmenter et que le [coût de la vie] sera plus élevé, que va-t-il se passer ?” » a observé Anita Springate-Renaud, une courtière torontoise chez Engel & Völkers.

Elle a remarqué que de nombreuses maisons recevaient encore plusieurs offres le mois dernier, mais que plutôt que d’être visées par 20 offres, deux ou trois devenaient plutôt la norme.

Les propriétés prennent également plus de temps avant d’être vendues. Les maisons qui avaient l’habitude de trouver un acheteur en trois ou quatre jours restent maintenant sur le marché pendant deux semaines, dans certains cas, a-t-elle expliqué.

De nombreux autres agents immobiliers ont trouvé des acheteurs et des vendeurs qui hésitent à acheter ou à mettre en vente des propriétés avant de voir quel sera l’impact des modifications des taux d’intérêt et des prêts hypothécaires sur le marché.

« En ce qui concerne les acheteurs, ce ralentissement pourrait enfin leur donner plus de temps pour examiner les options sur le marché », a indiqué la présidente de l’ACI, Jill Oudil, dans un communiqué de presse.

« Du côté des propriétaires-vendeurs, il pourrait entraîner un retour à des stratégies de marketing plus traditionnelles. »

Recul des ventes et des inscriptions

Ce changement de sentiment s’est reflété dans le nombre de maisons nouvellement inscrites, qui, sur une base désaisonnalisée, a chuté de 2,2 % à 70 957 le mois dernier, comparativement à 72 557 en mars.

Sur une base non désaisonnalisée, les nouvelles inscriptions se sont élevées à 91 559 le mois dernier, en baisse de 10,5 % par rapport à 102 294 en avril 2021.

Même si l’ACI a signalé un ralentissement des ventes et une baisse des inscriptions, les Canadiens ont déboursé encore plus pour les maisons qu’ils ne l’ont fait en 2021.

Le prix national moyen des maisons était d’un peu plus de 746 000 $ en avril, en hausse de 7,4 % par rapport à environ 695 000 $ au cours du même mois l’an dernier.

En excluant les grandes régions de Toronto et Vancouver, le prix moyen national diminue de 138 000 $, a précisé l’ACI.

Cependant, sur une base désaisonnalisée, le prix national moyen des maisons a diminué de 3,8 % pour s’établir à 741 517 $ le mois dernier, contre 771 125 $ en mars.

Le prix de référence de l’indice des prix des maisons a atteint 866 700 $ le mois dernier, en baisse de 0,6 % par rapport à il y a un mois, mais en hausse de 23,7 % par rapport à il y a un an et de 63,9 % par rapport à il y a cinq ans.

Le prix de référence était le plus bas en Saskatchewan, où il totalisait 271 100 $, et le plus élevé dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique, où il s’élevait à plus de 1,3 million.

M. Kavcic a constaté que les marchés ontariens « s’affaiblissaient le plus et le plus rapidement, en particulier à l’extérieur du centre-ville de Toronto (c’étaient également les marchés les plus actifs du pays pendant la pandémie) ».

Les marchés suburbains de l’Ontario sont les plus « fragiles » en raison de la chute des prix par rapport aux sommets de février, mais il a ajouté que les maisons individuelles et les maisons en rangée semblaient se refroidir le plus rapidement.

« Les ventes dans la province ont chuté de 21 % en avril et sont maintenant de retour au niveau des niveaux d’activité d’avant la pandémie », a-t-il expliqué.

« L’équilibre du marché est passé d’un équilibre serré avec “une offre insuffisante” à une situation qui ressemble à la période de correction de 2017-19. »

Au sein de la province, l’économiste de Services économiques TD, Rishi Sondhi, a constaté que Toronto était un cas particulier, car les ventes et les prix y ont chuté davantage que dans l’ensemble du pays.

M. Sondhi pense que le marché de Toronto est maintenant sur le point de basculer en faveur des acheteurs, mais dans les mois à venir, il s’attend à ce que les prix continuent de baisser à l’échelle nationale, reflétant le ralentissement de la demande.