Pressentie depuis quelques semaines, la hausse de 0,5 % du taux directeur confirmée mercredi par la Banque du Canada se reflétait déjà dans le marché des prêts hypothécaires.

Cette hausse marque la fin d’un épisode exceptionnel de taux d’intérêt très bas qui avait été décidé par les banques centrales pour appuyer la relance de l’économie après le choc de la pandémie.

Après avoir chuté sous 2 % en début d’année 2021, le taux d’intérêt moyen pour les prêts hypothécaires à taux fixe et à terme de cinq ans retrouve ces jours-ci son niveau d’environ 3,8 % qui avait cours au début de 2019.

Dans le marché des prêts hypothécaires à taux variable, la remontée des taux d’intérêt demeure moins accentuée. Depuis le début de l’année, le taux variable moyen est passé de 1,5 % à 2 % ces jours-ci. Mais il demeure très inférieur à son niveau moyen de 3,5 % durant les années 2018 et 2019.

« Les emprunteurs qui ont des prêts hypothécaires à taux variable et des lignes de crédit hypothécaire sur la valeur de leur propriété ressentiront un impact immédiat. Ils peuvent s’attendre à ce que leurs prêteurs augmentent leurs taux préférentiels de 50 points de base (0,5 %) dans les prochains jours », avertit Philippe Simard, directeur du secteur hypothécaire au Québec chez Ratehub.ca.

« La Banque du Canada a indiqué qu’il fallait s’attendre à de nouvelles hausses de taux. Par conséquent, les emprunteurs à taux variable devraient aussi prévoir d’autres augmentations de taux tout au long de l’année. Quant aux emprunteurs hypothécaires à taux fixe, ils ne seront pas affectés par cette hausse de taux directeur avant l’échéance de leur prêt. Toutefois, ils devront prévoir des paiements hypothécaires plus élevés au moment du renouvellement de leur prêt. »

Vers des taux fixes à 4 % ?

De l’avis d’experts du marché hypothécaire consultés par La Presse, si la Banque du Canada confirmait une seconde hausse de taux de 0,5 % tel qu’anticipé en juin, le taux d’intérêt moyen sur les prêts à taux fixe et à terme de cinq ans pourrait franchir le seuil des 4 % au cours des prochaines semaines. Si ce scénario s’avère, il s’agirait du taux d’intérêt le plus élevé en plus de 10 ans pour ce type de prêt hypothécaire.

Dans le cas des prêts hypothécaires à taux variable, aussi à terme de cinq ans, une seconde hausse de 0,5 % du taux directeur de la Banque du Canada pourrait pousser le taux variable moyen aux environs de 2,5 % d’ici juin. Il s’agirait d’une hausse d’un point de pourcentage – de 1,5 % à 2,5 % – sur une période de six mois, soit l’équivalent d’une majoration d’au moins 60 % des coûts d’intérêt dans les paiements sur un prêt à taux variable.

Faut-il appréhender un risque de choc budgétaire parmi les emprunteurs à taux variable ? Pas pour le moment, de l’avis de John Fucale, vice-président principal chez la firme de courtage Multi-Prêts Hypothèques.

« Depuis la mise en place en 2016 d’un taux de qualification réglementaire d’au moins 5,25 %, ou 2 % de plus que le taux contracté, les emprunteurs hypothécaires au Canada sont déjà avertis de l’impact d’une hausse de taux sur leur budget. En particulier ceux qui ont un prêt à taux variable », souligne John Fucale.

À moins d’une détérioration importante de leur situation budgétaire, les emprunteurs à taux variable devraient continuer de profiter de coûts d’intérêt moindres par rapport aux prêts à taux fixe.

« Pour la plupart des emprunteurs hypothécaires, le plus important dans la gestion de leur finance personnelle, c’est de minimiser les coûts d’intérêt tout au long de la durée de leur prêt, rappelle John Fucale. D’où l’importance d’être bien conseillé pour choisir le produit de financement hypothécaire qui soit le mieux adapté à chaque situation. »