Le promoteur immobilier Luc Poirier vient de conclure une transaction très lucrative. Un investissement de départ de 2,5 millions lui rapporte 27,7 millions, avant intérêts et impôt, en deux ans.

L’ancien participant à l’émission de téléréalité Occupation double concrétise un rendement mirobolant qui dépasse les 900 % ou ce qu’on nomme communément un « tenbagger ». Cette expression signifie que l’investisseur a décuplé sa mise de fonds.

C’est le genre de coup que je recherche. J’ai fait plus que 10 fois ma mise en deux ans. C’est quand même impressionnant.

Le promoteur Luc Poirier

L’homme d’affaires vient de revendre l’usine désaffectée d’Owens Corning, à Candiac, sur la Rive-Sud, à la société montréalaise Rosefellow pour la somme de 28,8 millions. Précédemment, Poirier avait scindé la propriété en deux et avait vendu la partie « terrain » à la société Saga pour 9,5 millions en août 2021, pour des revenus totaux de 38,3 millions.

M. Poirier s’est porté acquéreur de l’immeuble du 131, boulevard Montcalm Nord en décembre 2019 en payant 10 millions.

  • L’usine désaffectée Owens Corning, à Candiac. Luc Poirier a mis 3 millions pour son achat en 2019.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    L’usine désaffectée Owens Corning, à Candiac. Luc Poirier a mis 3 millions pour son achat en 2019.

  • L’usine désaffectée Owen Cornings de Candiac au premier plan sur cette photo aérienne

    PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL

    L’usine désaffectée Owen Cornings de Candiac au premier plan sur cette photo aérienne

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Pour la petite histoire, le fabricant américain de matériaux industriels et de construction a cessé la production à son usine montérégienne en 2007. En attendant de décider du sort de l’installation, Owens Corning a loué des locaux à des tiers pour de l’entreposage. En 2018, un adolescent de 15 ans s’est électrocuté en s’aventurant sur la propriété, soulevant des questions sur la sécurité des lieux. Owens Corning s’est départie de son usine peu après en la vendant à Luc Poirier.

À l’achat, M. Poirier a sorti 2,5 millions et a contracté un prêt de 7,5 millions, explique-t-il aujourd’hui. Par la suite, il a soutenu des frais totaux de 600 000 $ durant les 26 mois où il a détenu le bâtiment. « C’était un bâtiment à démolir. Donc, on ne s’est pas occupé du bâtiment. On a annulé l’électricité rapidement quand on a acheté », indique-t-il. Les dépenses se composent principalement des taxes foncières, des droits de mutation à l’achat et de la commission au courtier lors de de la vente du terrain à Saga. Aucun intermédiaire n’est impliqué dans la transaction avec Rosefellow.

À ces frais doivent possiblement s'ajouter des frais d'intérêts de quelques centaines de milliers de dollars liés à l'emprunt.

Des prix qui s’envolent

Pour presque 29 millions de dollars, l’acquéreur Rosefellow met le grappin sur un terrain de 98 000 mètres carrés (1,05 million de pieds carrés). Cette société immobilière se spécialise dans la construction de bâtiments industriels.

« Ça vous donne une idée où le marché est rendu, dit au téléphone Mike Jager, associé chez Rosefellow. Il y a cinq ans, le terrain industriel se vendait de 5 à 8 $ le pied carré [soit de 55 à 90 $ le mètre carré] dans la région de Montréal, nous venons de payer 27,20 $ le pied carré [ou 293 $ le mètre carré]. »

Le nouveau propriétaire entend mettre la bâtisse à terre prochainement, décontaminer le terrain et bâtir un bâtiment industriel de 400 000 pieds carrés de qualité, de type AAA, dans le but d’attirer un siège social régional, par exemple, d’une société du secteur des sciences de la vie.

M. Jager souhaite commencer la construction dès que les plans auront été approuvés par la Ville. « Il s’agit d’un terrain avec un potentiel exceptionnel à proximité des autoroutes 15 et 30 avec un accès facile aux États-Unis et à New York. »

Le taux de disponibilité des locaux industriels est tombé en dessous de 1 % dans la région de Montréal, plus précisément à 0,9 %, un taux identique à ceux de Vancouver et de Toronto, selon le plus récent rapport de la firme immobilière CBRE. Les loyers ont grimpé en conséquence. Le loyer net demandé s’établit maintenant à 10,23 $ le pied carré, en hausse de 32 % en un an.

La transaction décortiquée

  • Investissement de départ : 2,5 millions
  • Produits de la vente : 38,3 millions
  • Dépenses courantes : 600 000 $
  • Remboursement du prêt hypothécaire : 7,5 millions
  • Profit avant intérêts et impôt : 27,7 millions
  • Rendement sur 26 mois : 1008 %

Source : Société Poirier