Jeannot*, 44 ans, et Marie*, 42 ans, sont conjoints de fait depuis 20 ans et parents de deux ados de 14 et 15 ans.

La situation

Pour l’essentiel, la situation financière de cette famille repose sur un revenu annuel de 110 000 $ et un avoir net estimé à 420 000 $ (valeur de la maison, de REER, de CELI, de REEE, de CRI et d’encaisse moins la dette hypothécaire).

Toutefois, près de la moitié de cet avoir net est constituée de la valeur nette de la maison familiale (après l’hypothèque).

Entre-temps, les comptes d’épargne enregistrés (REER, CELI, REEE) demeurent peu garnis, ce qui préoccupe Jeannot et Marie en matière de planification financière.

« Malgré notre train de vie familial raisonnable, nous avons l’impression que la gestion de notre budget et de nos priorités d’épargne est déficiente », explique Marie lors d’une conversation avec La Presse.

En premier lieu, ces conjoints et parents cherchent des conseils sur la validation de leur situation financière et fiscale en fonction de leur capacité d’épargne limitée.

Ils cherchent aussi conseil afin d’optimiser la gestion de cette capacité d’épargne afin de rehausser leur planification financière à moyen et à long terme.

Ensuite, Jeannot et Marie aimeraient pouvoir déménager d’ici deux ans. Ce projet impliquerait la revente de leur maison actuelle en région, estimée à 325 000 $ moins le passif hypothécaire de 116 000 $, et l’achat d’une maison estimée aux environs de 500 000 $ en banlieue de Montréal.

La situation de Jeannot et de Marie a été soumise à Guylaine Lafleur, notaire et planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur, établi à Boucherville et à Laval.

Les chiffres

Jeannot*, 44 ans

  • Revenu d’emploi : 70 000 $
  • Actif en compte de retraite immobilisé (CRI) : 177 000 $
  • Actif en REER : 1000 $ (débuté en 2023)
  • Régime de retraite du secteur municipal : à prestations déterminées et indexées à l’inflation

Marie*, 42 ans

  • Revenu de travail autonome : 40 000 $
  • Actif en REER personnel : 16 000 $
  • Actif en CELI : 2000 $
  • Actif en compte d’épargne courant : environ 8000 $

Actifs communs

  • En régime enregistré d’épargne-études (REEE) : 750 $ (débuté en 2023)
  • En valeur de la résidence familiale : 325 000 $

Passif commun

Marge de crédit hypothécaire à taux variable : 116 000 $

Budget familial courant

Revenu total : 110 000 $/an

Débours totaux : environ 65 000 $/an (20 000 $ liés au logement familial, 40 000 $ liés au style de vie familial, 3000 $ en cotisations aux REER, CELI et REEE)

Les conseils

Le premier conseil de Guylaine Lafleur à Jeannot et à Marie afin de bonifier leur situation financière et fiscale est sans équivoque : « Ils devraient diriger leur capacité d’épargne vers le régime d’épargne-études (REEE) du plus jeune [de 14 ans] afin d’en maximiser les subventions » durant ses trois années d’admissibilité jusqu’à son 17e anniversaire.

Quant au REEE pour l’aîné de 15 ans, Mme Lafleur considère qu’il pourrait être « trop tard » en raison des normes fiscales des REEE plus restrictives envers le rattrapage des cotisations avant la fin de l’« année fiscale » du 15e anniversaire de l’élève.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Guylaine Lafleur est notaire et planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur, établi à Boucherville et à Laval.

Pour l’essentiel, résume Mme Lafleur, les cotisations en REEE de l’aîné avant son 17e anniversaire pourraient être admissibles à la subvention selon l’une ou l’autre de ces deux conditions : une somme d’au moins 2000 $ a été cotisée au REEE avant la fin de l’année fiscale de son 15e anniversaire ; ou une somme minimum de 100 $ par an a été cotisée au REEE pendant au moins quatre des années fiscales jusqu’à son 15e anniversaire.

Donc, Jeannot et Marie devraient rapidement valider la situation du REEE de leurs deux ados auprès de leur institution financière. En cas de doute sur les projets d’études postsecondaires entre l’aîné et le cadet, Guylaine Lafleur rappelle que « les sommes versées et accumulées dans le REEE familial pourront servir à l’un ou l’autre des enfants ».

Aussi, indique Mme Lafleur, « une fois que le cadet aura atteint 17 ans, il ne sera plus intéressant de cotiser au REEE puisqu’il ne sera plus admissible aux subventions ».

Après le passage de cet échéancier, dans trois ans, Jeannot et Marie pourront alors « rediriger leur capacité d’épargne vers le remboursement de la marge de crédit hypothécaire, qui est à un taux d’intérêt variable et relativement élevé de 7 % ».

« Ils pourront aussi tenter de rattraper leur déficit de cotisation en REER, mais à condition d’en avoir la marge de manœuvre suffisante dans leur capacité d’épargne. »

Car pour le moment, les chiffres budgétaires fournis par Jeannot et Marie suggèrent qu’ils n’effectuent que les paiements minimums des intérêts sur leur marge de crédit hypothécaire, et sans réduction du solde d’emprunt courant de 116 000 $.

« En l’absence d’un budget plus détaillé sur toutes leurs dépenses liées à la résidence et au train de vie familial, il est difficile de déterminer leur capacité à augmenter leurs frais de logement et de financement hypothécaire, et donc de réaliser leur projet d’achat d’une maison plus dispendieuse », avertit Mme Lafleur.

Épargne-retraite

Quant à la préoccupation de Jeannot et de Marie envers leur planification financière à long terme, y compris leur intention de retraite du travail dans une quinzaine d’années, au seuil de la soixantaine, Guylaine Lafleur fait deux constats principaux.

En premier lieu, sur le plan matrimonial, « parce que Jeannot et Marie sont conjoints de fait et que l’épargne-retraite est très concentrée entre les mains de Jeannot, ils devraient envisager de faire une convention de vie commune de façon à protéger Marie », conseille Mme Lafleur, qui est aussi notaire de profession.

« Les conjoints de fait ne sont pas reconnus par le Code civil du Québec. Donc, à défaut de testament spécifique, advenant le décès de Jeannot ou de Marie, leurs enfants hériteraient de l’ensemble du patrimoine du défunt et le conjoint survivant n’aurait droit à rien. »

En second lieu, sur le plan financier, Guylaine Lafleur constate que les revenus de rentes de retraite prévisibles de Jeannot et de Marie s’annoncent tout juste suffisants pour maintenir leur train de vie à son niveau courant.

« En tenant compte du fait que le régime de retraite à prestations déterminées de Jeannot devrait lui procurer une rente d’un peu plus de 20 000 $ par an, et en y ajoutant les rentes des régimes de retraite publics (RRQ provincial et PSV fédéral), les revenus du couple après 65 ans devraient avoisiner les 82 000 $ par an, ou quelque 68 000 $ par an après l’impôt », estime Mme Lafleur, à partir des informations financières fournies par Jeannot et Marie.

Par conséquent, la bonification de leurs revenus de retraite après leur 65e anniversaire dépendra beaucoup du rendement de l’actif dans le compte de retraite immobilisé (CRI d’un emploi antérieur) de Jeannot, ainsi que des cotisations effectuées dans leurs REER respectifs au fil des 20 prochaines années.

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.