Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières. Ses textes sont repris ici les dimanches.

Certaines personnes « allument » au sujet de l’argent dès l’adolescence. D’autres le font à la quarantaine, à la cinquantaine, voire plus tard. Certains ne le font jamais.

Pour Karman Kong, avocate et autrice du nouveau livre Elle investit – bâtir sa richesse grâce à la Bourse, c’est il y a quelques années, à l’âge de 28 ans, que le déclic s’est produit, lorsqu’elle a reçu une somme d’argent imprévue.

« J’aurais pu l’utiliser pour aller dans le Sud ou changer de véhicule, mais ce n’était pas ce que je voulais, dit-elle. Je voulais être responsable et faire la “bonne” chose avec cet argent. »

Quelle était cette « bonne » chose ? L’avocate ne le savait pas, alors elle s’est mise à faire ce qui lui venait naturellement : lire.

Karman estime avoir lu des centaines de livres sur l’investissement, l’argent et les finances personnelles. « Je suis quelqu’un d’intense », dit-elle.

Ce qu’elle a appris a changé sa vie.

« Je n’avais jamais compris que l’argent pouvait travailler à ma place. »

Jusque-là, Karman vivait de paye en paye. Voyages, vêtements, restos… L’argent qui entrait dans son compte en ressortait au rythme de ses besoins, coups de tête et désirs.

Après avoir découvert comment bien gérer son argent et comment investir à long terme, Karman a décidé de réduire massivement ses dépenses afin d’avoir plus d’argent à placer dans ses investissements.

Durant cette période, faire une commande d’épicerie pour deux pour une semaine lui coûtait 60 $. « Et on mangeait bien, dit-elle. C’était avant la poussée d’inflation… »

L’avocate a aussi passé trois ans sans acheter un seul vêtement. Chaque jour à l’extérieur du travail, elle portait le même ensemble : des leggings noirs et un t-shirt noir.

« J’en avais plein ma garde-robe. Le plus drôle, c’est que ça ne provoquait aucun commentaire autour de moi. Ça m’a fait réaliser qu’on accorde souvent trop d’importance à ce que les autres pensent de nous, alors que dans les faits, les gens ne pensent pas vraiment à nous… »

C’est sa nouvelle passion pour les finances personnelles qui l’a poussée à lancer deux projets personnels : la populaire page Instagram Elle investit depuis 2021, puis, ce mois-ci, à lancer son livre.

Sous une identité « rose bonbon » remplie d’émojis et d’humour, Elle investit déborde de conseils pratiques sur l’épargne et l’investissement. Karman y explique comment gérer ses finances, quelles sont les bonnes pratiques en matière d’investissement boursier, comment investir dans des fonds négociés en Bourse (FNB), quel est le rôle du REER, du CELI…

Si le livre s’adresse au grand public, il cible plus particulièrement les femmes, qui n’ont pas historiquement été bien servies par la transmission du savoir financier, dit l’autrice.

Beaucoup de femmes autour de moi pourraient être tellement plus libres si elles avaient eu ces connaissances-là. Il y a plein de femmes qui me disent que ce que j’écris les rejoint, et c’est ça qui me motive.

Karman Kong, avocate et autrice

Après avoir repoussé les limites de sa zone de confort, Karman a trouvé un équilibre entre son épargne et ses dépenses.

Aujourd’hui, elle investit 22 % de son salaire après impôt, en plus de l’argent qui est prélevé de sa paye automatiquement pour alimenter son régime de retraite.

Âgée de 33 ans, Karman estime qu’elle atteindra la liberté financière quelque part dans la quarantaine. Mais elle note que ce n’est pas un objectif, et qu’épargner est tout simplement devenu une habitude.

« J’adore mon travail », dit celle qui garde 75 % de ses placements avec une conseillère et 25 % qu’elle gère elle-même dans son compte de courtage à escompte.

À ceux qui remettent à demain les questions liées aux finances personnelles et à l’investissement à la Bourse, Karman recommande de ne pas laisser la crainte l’emporter.

« Les gens pensent que c’est tellement compliqué que ce n’est pas pour eux. C’était ce que je pensais aussi à l’époque. Mais j’ai réalisé que les concepts de base sont assez simples, finalement. Il faut juste dépasser sa peur. »

La semaine dernière, je vous questionnais sur vos habitudes d’épargne.

Alain écrit :

« Ça m’a demandé une bonne quinzaine d’années pour atteindre mon premier 100 000 $ en placements ; une vingtaine pour les 500 000 $, et… cinq ans à sept ans pour le premier million ! À un moment, ça accélère ! »

Guillaume écrit :

« J’ai pris l’habitude d’épargner étant jeune de deux façons : j’avais conscience de la valeur de l’argent parce que je n’en avais pas et j’avais la volonté de ne jamais dépendre de qui que ce soit, pas même d’un patron. »

Benoit écrit :

« Notre éducation est déficiente lorsqu’on parle d’épargne et aussi de placements. On nous a élevés en nous disant que l’argent était sale et je crois que ça a marqué le cours de notre vie et plus particulièrement les premières années de notre vie d’adulte. Celles où on commence à travailler et à amasser des sous. »

Francis écrit :

« J’ai eu l’habitude d’épargner tôt. Mon seul regret est qu’après avoir cotisé à mes REER à 18 % par an et avoir accumulé un coussin d’urgence de 30 000 $ dans mon CELI, je ne savais pas quoi faire de mes surplus et je me cherchais des dépenses même si ce n’était pas mon genre. C’est seulement en découvrant le mouvement FIRE [indépendance financière] que j’ai compris qu’on pouvait dépasser nos cotisations REER en utilisant le CELI ou les placements non enregistrés pour investir encore plus en vue de pouvoir atteindre une retraite précoce. Personne ne dit jamais ça ! »

La question de la semaine

Est-ce qu’épargner est difficile pour vous ?

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