Quand l’heure de la retraite sonne et qu’on ne reçoit plus de salaire, c’est le moment d’envisager le décaissement de ses économies. Comment s’y prendre afin d’éviter les erreurs et ainsi favoriser une utilisation optimale du pécule qu’on aura mis toute une vie à mettre de côté ? Martin Lalonde, gestionnaire de portefeuilles et président de Rivemont Investissements, propose quelques pistes à suivre.

Le budget

« Il est primordial de dresser une liste des dépenses courantes afin d’établir le montant de décaissement nécessaire, indique d’emblée M. Lalonde. Les gens vont y aller de façon simpliste en disant qu’ils auront besoin de 60 ou 70 % de ce qu’ils dépensaient avant la retraite. Il faut aller plus loin que cela. Surtout quand on s’est toujours dit : “je me promets de faire telle ou telle chose à la retraite”. La grande majorité des gens ne font malheureusement pas de budget en ce sens. »

Décaisser dans le bon compte

« Il est très important de savoir s’il est mieux de retirer l’argent de ses comptes enregistrés (REER), non enregistrés (CELI) ou de ses comptes comptants, rappelle Martin Lalonde. Par exemple, dans un cas donné, une personne qui voudrait profiter pleinement de sa pension du RRQ va commencer par décaisser ses REER. Mais il n’y a pas de recette universelle. Chaque cas est unique. Il faut sortir les bonnes choses des bons paniers et au bon moment. D’où l’importance de faire affaire avec un fiscaliste, un comptable ou un planificateur financier. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Une personne qui n’aura pas fait ses devoirs et qui ne s’est pas renseignée sur la meilleure façon de décaisser ses avoirs pourrait le regretter.

Martin Lalonde, gestionnaire de portefeuilles et président de Rivemont Investissements

Processus continu et niveau de risque

Selon Martin Lalonde, le décaissement est, pour la plupart des gens, la conclusion de nombreux efforts d’épargne. « Pourtant, le travail n’est pas terminé, dit-il. Il reste encore des décisions importantes à prendre. C’est un processus continu. Surtout si on ne profite pas d’une caisse de retraite. Par exemple, il n’est pas toujours avantageux de réduire son niveau de risque dans ses placements à la retraite. Si quelqu’un a accumulé de l’épargne de 30 à 60 ans (donc pendant 30 ans) et que l’espérance de vie est de 85 ans, cela veut dire que la période de décaissement est presque aussi longue que la période d’accumulation. Une période de 25 à 30 ans comporte plusieurs cycles économiques. Si on baisse trop notre niveau de risque à la retraite, il se pourrait que les revenus baissent. Il faut continuer à faire fructifier son pécule. »

Connaître son profil RRQ

« C’est un calcul important à effectuer afin de savoir s’il est avantageux ou non de retarder jusqu’à 65 ans avant de retirer son argent du Régime des rentes du Québec. Cela peut permettre de profiter d’une bonification de sa rente. Un spécialiste (fiscaliste, comptable ou planificateur financier) aidera à y voir plus clair et à maximiser les revenus à la retraite. Et pas besoin d’être riche pour ça. »

Immobilier, assurances et rente viagère

« Si l’épargnant en a les moyens, il peut entreprendre son décaissement et se porter acquéreur d’un immeuble à revenus. Cela peut être intéressant pour les gens qui voudraient vendre leur grande maison et aller dans plus petit ; ils pourront occuper un loyer dont ils sont propriétaires. Ça permet de rester actif quand on gère son propre immeuble. Aussi, il est possible de souscrire à certaines assurances, car les besoins en assurances continuent. Finalement, comme les taux d’intérêt sont plus élevés, les rentes viagères peuvent devenir intéressantes. Quand les taux sont en hausse, ça coûte moins cher d’acheter une rente. »