Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières. Ses textes sont repris ici le dimanche.

Au Canada, il est possible d’être millionnaire et d’être traité comme un pauvre par les autorités fiscales.

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Tout simplement en accumulant beaucoup d’actifs et en se versant peu de salaire.

C’est l’une des leçons données par l’auteur et animateur Pierre-Yves McSween dans un nouveau documentaire indépendant lancé cet automne par le jeune réalisateur Antoine Denis.

L’un des passages les plus intéressants du documentaire intitulé Liberté – Une quête à l’indépendance financière survient quand McSween donne sa formule de l’enrichissement :

« Je dis aux jeunes qui sont dans la vingtaine et la trentaine : pilez votre argent. Sinon, vous allez toujours être dans le rat race. »

Si ce message est si difficile à intégrer, c’est d’abord parce qu’il est tellement contre-intuitif. Quand on est jeune, on se dit qu’on a la vie devant soi pour commencer à épargner et à investir. Qu’on finira par se lancer quand on gagnera plus d’argent et qu’on s’intéressera à tout ça. Un jour.

Or, ce jour n’arrive jamais. Notre salaire augmente, mais nos besoins et obligations augmentent plus vite encore.

Dans son documentaire — dans lequel je fais une courte apparition —, Antoine Denis aborde plusieurs sujets chers à cette rubrique : l’épargne, l’investissement et la liberté financière.

« J’ai réalisé que 99 % de la population, même en allant aux études supérieures, ne connaissait pas bien ces notions », m’explique le jeune homme de 25 ans.

Antoine Denis a fait une technique au cégep en comptabilité et gestion. Plus tard, c’est en faisant des lectures sur l’épargne, l’investissement et le pouvoir des intérêts composés qu’il a réalisé que tout un pan de la finance ne lui avait jamais été enseigné.

Les intérêts composés sont tout simplement le fait de percevoir des intérêts sur de l’intérêt : la croissance n’est pas linéaire, mais exponentielle.

Par exemple, selon les rendements historiques, investir 150 $ par mois à partir de l’âge de 20 ans dans son CELI dans le marché boursier canadien donnera plus de 1 million à 65 ans. Si on attend d’avoir 40 ans avant de commencer à investir, il faudra mettre plus de 900 $ par mois pour arriver au même million à 65 ans.

Dans le premier cas, 81 000 $ auront été investis. Dans l’autre, 275 000 $ auront été investis.

D’où le message de McSween aux jeunes de piler leur argent… pour éventuellement être traités comme des pauvres aux yeux de l’impôt en ne décaissant qu’une petite partie de leurs placements chaque année (ou ne pas payer d’impôt du tout, dans le cas d’un CELI).

Antoine Denis est en train de réaliser une trilogie de documentaires sur l’argent. Le premier volet, Liberté – Un éveil à l’indépendance financière, s’adresse aux 15 à 25 ans et les invite à revoir leur relation avec la richesse et le succès. Le second, Liberté – Une quête à l’indépendance financière, vise les 25 à 35 ans, et parle de la famille et des prises d’action possibles.

Un troisième volet, Liberté – Un dessein à l’indépendance financière, s’adressera aux 35 à 65 ans en voie d’accomplir leur parcours vers l’indépendance financière.

La fameuse « indépendance financière » a mauvaise presse ces jours-ci. Comme si s’enrichir était devenu impossible parce que les marchés sont en baisse cette année, ou parce que l’hypothèque coûte plus cher qu’avant.

Antoine Denis déboulonne cette idée en donnant la parole à plusieurs intervenants, dont Jean-Sébastien Pilotte, auteur du blogue Jeuneretraite.ca et du livre La retraite à 40 ans : Comment déjouer le système pour atteindre la liberté financière (Éditions de l’Homme).

Jean-Sébastien et sa conjointe Van-Anh ont pris leur retraite avant l’âge de 40 ans. Ils y sont parvenus en vivant simplement, en voyageant énormément et en investissant une grande partie de leur salaire dans de simples fonds négociés en Bourse (FNB) indiciels diversifiés à frais de gestion modiques. Ils n’ont pas d’enfants – mais plusieurs familles québécoises avec plusieurs enfants visent ou ont atteint la liberté financière, comme en témoigne Jean-Sébastien dans son livre.

« Pour moi, le rat race, c’est le manque de contrôle sur sa vie, dit Jean-Sébastien dans le documentaire. C’est un peu le sentiment que j’avais quand je travaillais dans le monde corporatif. Notre horaire de la journée est contrôlé par notre employeur. C’est un mode de vie qui ne répond pas nécessairement à nos besoins ni à nos valeurs. »

Antoine Denis n’a reçu aucun financement et vend ses documentaires entre 19,97 et 26,97 $ en format numérique et DVD. Il dit souhaiter que des enseignants les présentent à leurs élèves en classe d’économie.

Consultez le site d’Antoine Denis

« Beaucoup d’enseignants sont un peu désemparés de devoir donner ce cours, dit-il. Mes documentaires peuvent même leur servir d’outils pour expliquer ces notions importantes. »

Vous avez été nombreux à m’envoyer votre réaction face à la baisse des marchés cette année.

Francis Laurin écrit : « Je prends plaisir à accélérer mon calendrier d’investissement lorsque les marchés tombent, comme c’est le cas cette année. Cela ne fait pas une grosse différence en proportion de mon portefeuille, mais psychologiquement, j’ai l’impression de gagner à tout coup : quand ça monte et quand ça baisse ! »

Félix, 18 ans, écrit : « Je commence à investir, je mets environ 300 $ par mois dans des FNB indiciels. Je vais regarder mon portefeuille monter ET descendre avec le temps, mais quand je vais avoir 55 ans, mon portefeuille va avoir augmenté à coup sûr. Pourquoi m’inquiéter aujourd’hui parce que la Bourse est dans le rouge quand mon investissement va n’avoir de l’importance que dans 37 ans ? Je ne suis pas inquiet pour l’avenir et j’ai confiance en mes placements à très long terme. »

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