Il n’y a pas que les avocats, les PDG et les vedettes qui peuvent se vanter de gagner plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de dollars l’heure. Dans un exercice qui n’a évidemment rien de scientifique, La Presse s’est amusée à dresser une courte liste d’activités ponctuelles qui pourraient vous valoir un salaire horaire alléchant. Entre trouver l’hypothèque la plus avantageuse, faire soi-même sa déclaration de revenus ou forcer son fournisseur de télécoms à vous donner un rabais, entre autres exemples, à vous de choisir votre salaire pour quelques heures !

Hypothèque

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Une hypothèque, ça se magasine.

L’achat d’une maison est pour la plupart des ménages le plus gros investissement d’une vie. Normal que c’est à ce chapitre que les économies potentielles sont les plus alléchantes. Selon l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, 40 % de la population avait un prêt hypothécaire en 2019, d’un montant médian de 200 000 $. Un simple petit tour sur des sites comme HelloSafe offrant des comparaisons de taux hypothécaires permet de trouver, au moment d’écrire ces lignes, une différence de 0,8 point de pourcentage entre la meilleure offre (4,34 % chez Nesto) et la moins bonne (5,14 % à la Banque Laurentienne), pour un renouvellement à taux fixe de cinq ans.

La différence, pour une hypothèque de 200 000 $ : 73 $ par mois, soit une économie remarquable de 4380 $ sur cinq ans. Entre la recherche, la négociation et la signature, à peine quatre heures suffisent pour changer d’institution financière.

« Un truc de base pour négocier votre taux : consultez les taux offerts sur le marché et demandez à votre institution financière de faire mieux », rappelle l’Autorité des marchés financiers dans un document publié en 2019. Si vous en avez la capacité, l’organisme provincial recommande en outre d’amortir son hypothèque sur une période plus courte.

Salaire potentiel : 1000 $ l’heure

Assurances

Vous croyez que votre prime d’assurance est basée sur des critères immuables que se partagent les assureurs ? Ce n’est pas du tout la conclusion à laquelle en est venue l’Autorité des marchés financiers en comparant les primes d’assurance automobile obtenues par 10 consommateurs en 2017.

Économiser en moyenne 763 $ par année pour à peine deux heures de travail, c’est respectable. Mais précisons d’entrée de jeu que le président du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec, Jean-Pierre Tardif, trouve cette somme de 763 $ exagérée. S’il estime que magasiner ses assurances est important, il prévient les consommateurs de ne pas se fier uniquement au prix.

Il faut comparer des pommes avec des pommes. Souvent, on voit que nos clients arrivent avec une soumission et, une fois décortiquée, ce n’est pas du tout le même produit. On ne vend pas des prix, on vend des protections.

Jean-Pierre Tardif, président du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec

Il a d’autres conseils pour économiser. En habitation, par exemple, on devrait hausser les franchises, « qui ont mal vieilli ». « On a encore des franchises à 300 ou 500 $. J’irais à plus, 1000 $, même 2500 $. » Les rénovations, les systèmes d’alarme et de coupure automatique de l’eau sont récompensés. En automobile, le marquage des pièces, qui peut coûter jusqu’à 250 $, vous vaudra un rabais pouvant aller jusqu’à 85 $. Combiner plusieurs polices auprès du même assureur, enfin, vous vaudra jusqu’à 10 % de rabais.

Salaire potentiel : 250 $ l’heure

Télécoms

PHOTO KIYOSHI OTA, ARCHIVES BLOOMBERG

Il faut parfois interpeller son fournisseur de télécoms pour profiter de rabais.

Que ce soit pour l’internet, le téléphone cellulaire ou la télédistribution, on recommande de contacter une fois par année son fournisseur pour négocier une baisse. Sans rien modifier, on peut aller chercher en moins d’une heure près d’une quinzaine de dollars par mois en récompense de sa fidélité.

Mais il y a des astuces. « Les fournisseurs établissent un indice de leurs clients, qui leur permet de déterminer s’ils ont de grandes chances de les quitter », révèle Nadir Marcos, PDG de PlanHub, spécialisé dans les comparaisons de tarifs en internet et cellulaire.

Comment se rendre plus désirable ? En arrivant en fin de contrat pour un téléphone subventionné, en multipliant les appels au service à la clientèle et, surtout, en interpellant le fournisseur avec une meilleure offre concurrente. Il ne faut pas craindre de passer à une autre entreprise, souligne Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire à Option consommateurs. « Je pouvais comprendre l’hésitation quand on devait changer de numéro de téléphone et payer des frais de rupture de contrat. Ce n’est plus comme avant, on n’est plus ficelés, il y a plus de mobilité. »

Salaire potentiel : 180 $ l’heure

Impôts

Selon Revenu Québec, à peine 39 % des contribuables font eux-mêmes leurs déclarations de revenus. Certains ont évidemment des déclarations de revenus complexes et des revenus d’entreprise ou de location qui justifient le recours à un professionnel. Mais pour la grande majorité, par exemple un couple de salariés avec deux enfants, un logiciel d’à peine 20 $ peut souvent remplacer un comptable qui peut coûter plus de 330 $. Trois heures suffisent.

« Je pense que beaucoup de gens seraient capables de le faire eux-mêmes », estime Julie Brissette, de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’est de Montréal. Mais attention, tous ne sont pas aussi à l’aise avec les logiciels et la mécanique des déclarations de revenus. « Dans les ACEF, on voit surtout des gens à faible revenu, des aînés pour qui la technologie est parfois inaccessible, des gens pour qui c’est synonyme d’anxiété. »

Elle rappelle qu’il existe de nombreux organismes qui offrent aux personnes à faible revenu, jusqu’à 45 000 $ pour un couple, des cliniques d’impôts. « On s’occupe de plus en plus de travailleurs, la clientèle s’élargit », note-t-elle. Outre les ACEF, dont certaines offrent ce service à longueur d’année, elle rappelle qu’il existe un service téléphonique méconnu, le 211, doublé d’un site web www.211qc.ca, qui répertorie tous les organismes communautaires et sociaux.

Consultez le site de 211 Grand Montréal

Salaire potentiel : 100 $ l’heure

Essence

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

On ne cesse de le répéter : rouler moins vite fait économiser de l’essence.

Saviez-vous qu’une voiture roulant à 120 km/h consomme 20 % de plus d’essence qu’à 100 km/h ? « La résistance de l’air est moindre quand on roule moins vite, et le moteur tourne également moins vite », explique Jesse Caron, expert automobile chez CAA-Québec.

Amusons-nous à calculer le salaire horaire qu’on pourrait tirer de cette économie. Une voiture roulant sans cesse à 100 km/h parcourra 600 km en six heures, soit l’équivalent de Montréal-New York. La même voiture roulant à 120 km/h bouclera mathématiquement la même distance en cinq heures. Supposons que la voiture consomme 8 litres aux 100 km en roulant à 100 km/h : elle aura donc avalé 48 litres.

À 120 km/h ? 20 % de plus, pour un bilan de 57,6 litres. On aura donc économisé 9,6 litres en roulant plus lentement. À 1,70 $ le litre, au moment d’écrire ces lignes, il s’agit d’un salaire horaire de 16,32 $, à peine plus que le salaire minimum. On n’a évidemment pas tenu compte ici des bénéfices pour l’environnement, incontournables mais plus difficiles à calculer. Et pourtant, les automobilistes y sont sensibles, note Jesse Caron. « Ce que je vais vous dire est extrêmement anecdotique. Moi qui fais tous les lundis Donnacona-Montréal, je remarque que certaines personnes roulent moins vite quand le prix de l’essence est plus élevé. »

Salaire potentiel : 16,32 $ l’heure (plus les avantages environnementaux)

Trois autres astuces

Biens non réclamés

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Des objets de valeur peuvent être oubliés à la suite d’un déménagement.

Au Québec, quelque 400 000 biens non réclamés d’une valeur totale de 380 millions de dollars, délaissés après un déménagement, un changement d’emploi ou une mort, s’entassent et sont consignés dans un registre tenu par Revenu Québec. Chaque année, on remet 32 millions de dollars à leurs propriétaires légitimes. À la Banque du Canada, le magot est encore plus impressionnant : on y consigne 1,9 million de soldes non réclamés d’une valeur de 742 millions. Quelques minutes suffisent pour une recherche.

Consultez le Registre des biens non réclamés de Revenu Québec Consultez le site du Bureau des biens non réclamés de la Banque du Canada

Usagé

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Saisies d’écran de la plateforme Marketplace de Facebook

Selon le dernier Indice Kijiji, présenté par l’Observatoire de la consommation responsable de l’Université du Québec à Montréal jusqu’en 2019, les Canadiens avaient gagné en moyenne 789 $ l’année précédente en vendant leurs biens usagés. Lampes désuètes, meubles qui prennent la poussière, vêtements que vous ne porterez plus jamais, tout ou presque peut trouver preneur sur les multiples plateformes de revente comme Kijiji, Markeplace, LesPAC et les nombreux commerces spécialisés. Les gains dépendent évidemment des produits mis en vente.

Cartes de crédit

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Il faut vérifier les caractéristiques de sa carte de crédit si on veut s’assurer qu’elle est celle qui nous convient le mieux.

Rien de plus facile que de comparer les différentes cartes de crédit sur le marché : l’Agence de la consommation en matière financière a mis en ligne un comparateur qui vous permettra notamment de choisir une carte en fonction du taux d’intérêt, des frais annuels et des récompenses. Petit conseil : « Il faut payer l’ensemble de son solde, rappelle Johanne Le Blanc, d’Option consommateurs. Même en payant 99 $ sur un solde de 100 $, les intérêts de plus de 20 % vont s’appliquer sur l’ensemble du 100 $. »

Essayez le comparateur de l’ACMF