Que doit-on faire si un lion fonce sur nous ? Le bon comportement est contre-intuitif, tout comme celui que doit adopter l’investisseur, explique l’auteur Nicolas Bérubé dans son nouveau livre De zéro à millionnaire – Investir en Bourse sans souffrir.

Quand il a fait ses premiers investissements, affirme Nicolas Bérubé, il a commis plusieurs erreurs. Comme ceux qui fuient en courant devant l’arrivée du lion ou quittent les marchés en courant devant une chute boursière.

Le bon comportement est contre-intuitif dans les deux cas : rester calme et ne pas bouger. « Comme avec les lions, le truc n’est pas de combattre le danger, mais de combattre nos réflexes », écrit-il dans son récent ouvrage.

« J’ai moi-même de la misère à me rentrer ça dans la tête que de se désintéresser de ses placements est payant », confie au téléphone celui qui est aussi journaliste à La Presse.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’auteur et journaliste Nicolas Bérubé signe son deuxième livre, qui traite de l’investissement autonome.

« Une personne qui serait tombée dans le coma en janvier 2020, poursuit-il, et qui se serait réveillée en janvier 2021 aurait dit, en voyant ses placements : “On a eu une bonne année”, en n’ayant aucune idée de l’effondrement des marchés qui s’est passé. »

Écrit dans une langue colorée et vivante, le livre détonne des ouvrages financiers. En fermant le bouquin, l’investisseur en herbe en ressort rassuré, gonflé à bloc et outillé pour se lancer.

Le mythe de la perle rare

L’auteur du livre à succès Les millionnaires ne sont pas ceux que vous croyez a analysé le comportement des grands investisseurs pour comprendre comment éviter les erreurs contre-intuitives. À coups de statistiques, d’études et de tableaux évocateurs, il détruit plusieurs mythes.

Non, la Bourse n’est pas un gros casino. Ni l’endroit où il faut trouver la perle rare pour réussir.

J’entends souvent la question : qui sont les prochains Google, Apple ou Tesla ? Quelles sont les dix entreprises pour 2022 ? Mais si on retourne en arrière, où en sont les dix entreprises de 2014, de 2017 ? Neuf fois sur dix, elles n’ont pas eu de bons résultats.

Nicolas Bérubé, auteur et journaliste à La Presse

On aurait tendance à penser qu’être visionnaire rapporte. Or, l’auteur recense des preuves du contraire, que ce soit avec l’invention de l’automobile, de l’aviation ou des vaccins contre la COVID-19. « Un investissement de 10 000 $ dans les actions de Pfizer au cours des premiers jours de la pandémie valait 11 900 $ un an plus tard », écrit-il, tandis que pour Starbucks, qui a dû fermer des centaines de succursales durant la pandémie, les actions valaient 14 200 $.

L’auteur suggère donc de ne pas faire l’exercice hautement risqué de miser sur le prochain podium du Tour de France, mais de suivre la multitude de coureurs qui composeront le peloton des prochaines années.

Les stars de la finance

L’autre mythe à déboulonner, selon Nicolas Bérubé, concerne les professionnels de l’investissement qui font miroiter des rendements extraordinaires.

Quand on regarde les performances des rois de la finance de Wall Street à long terme dans l’ensemble, on peut en trouver qui se démarquent du lot, mais ce ne sont pas les mêmes tous les dix ans.

Nicolas Bérubé, auteur et journaliste à La Presse

À l’appui, le plus récent rapport SPIVA, qui mesure la performance des gestionnaires de portefeuille par rapport à celle du marché boursier. Il montre que 91 % des gestionnaires de fonds d’actions canadiennes ont eu des rendements inférieurs à l’indice, tout comme 92 % des gestionnaires américains.

« Les professionnels vont dire que ceux qui gèrent eux-mêmes leur argent vont faire des erreurs. Oui, c’est vrai. Mais on peut apprendre à ne pas en faire. »

Donner la moitié de son salaire pendant 25 ans

Pour illustrer les frais de gestion, l’auteur raconte l’histoire fictive d’un touriste perdu dans une île dangereuse croisant un rare taxi qui lui propose de l’emmener à l’hôtel contre 50 % de son salaire des 25 prochaines années. C’est ce qui peut arriver aux rendements de nos placements lorsque l’on choisit certains produits financiers vendus par des conseillers financiers.

Un exemple effectué à partir du calculateur « L’impact des frais d’investissement » de l’Autorité des marchés financiers confirme ses propos. En investissant 100 000 $ auxquels on ajoute 10 000 $ par année pendant 25 ans à 6 % et des frais de gestion qui semblent anodins de 2 %, l’investisseur se retrouve avec un gain de 320 000 $ tandis que l’institution financière en retire 310 000 $.

Consultez l’outil de l’Autorité des marchés financiers « L’impact des frais d’investissement »

Que faire alors ?

La meilleure façon d’investir à long terme, selon l’auteur, est d’acheter un fonds qui englobe le plus grand nombre de sociétés et qui exige de bas frais de gestion.

Pour se familiariser, il conseille aux investisseurs en herbes d’ouvrir un compte de courtage, d’acheter un FNB indiciel équilibré des familles Vanguard, BlackRock ou BMO et de le laisser travailler. Un exercice qui pourrait n’occuper l’investisseur qu’une heure par année, dit-il.

« Avoir un rendement moyen, le rendement du marché, ça ne sonne pas très excitant. Pourtant, la Bourse de Toronto a fait en moyenne 9 % par année depuis plus de 50 ans. Quand je dis ça aux gens, ils ne me croient pas. Je leur dis d’aller voir les chiffres. »

Ceux qui sont moins à l’aise peuvent confier leur argent à des professionnels, qui investissent dans des FNB indiciels et qui facturent moins de frais, suggère-t-il.

« Il ne faut pas voir mon livre comme un cri de ralliement pour l’investisseur qui veut tout faire lui-même. Ce n’est pas au goût de tout le monde. »

De zéro à millionnaire – Investir en Bourse sans souffrir

De zéro à millionnaire – Investir en Bourse sans souffrir

Les Éditions La Presse

256 pages