L’or fait-il partie de votre portefeuille ? Il devrait, clament dans Investir dans l’or André Dubuc, journaliste à La Presse, et François Riverin, expert du monde minier et du milieu aurifère. Selon eux, « l’or est aussi prometteur que l’était l’immobilier en 2007 ». Nous leur avons parlé.

Qu’est-ce qui a déclenché votre intérêt pour l’or ?

André Dubuc : L’élément déclencheur, c’est le contexte dans lequel on vit avec la pandémie. On se demande ce qui va se passer après ça. Les gouvernements empruntent des sommes incroyables de concert avec les banques centrales – dans le cas du Canada, il s’agit de la Banque du Canada, qui injecte 4 milliards de dollars par semaine dans l’économie. L’idée est d’imprimer de l’argent et de garder les taux d’intérêt à zéro. Je suis l’économie depuis 20 ans et je n’ai jamais vu dans mes cours d’économie que d’imprimer de l’argent est une façon de s’en sortir. L’autre élément, c’est que tout coûte cher. Les actions sont chères, les obligations sont très chères. On a peur que l’inflation s’installe. Que faire dans un tel contexte ? Les gestionnaires de portefeuille ne parlent pas vraiment des métaux précieux. Alors on trouvait que ça valait la peine de rappeler aux gens que l’or, c’est une assurance patrimoine.

François Riverin : Je me suis toujours intéressé à l’or. C’est un marché fascinant, il y a beaucoup d’action. Il y a de sérieux cycles, mais grosso modo, à long terme, ça semble être un bon placement, l’histoire nous le révèle. Il y a une rareté de livres sur le sujet au Québec et dans la francophonie en général, et ça nous a poussés à nous lancer.

Quels indicateurs regardez-vous pour voir si votre pari sur l’or est le bon ?

André Dubuc : Les trois facteurs qui nous font dire que l’or va s’apprécier dans les prochaines années sont la faiblesse du dollar américain, l’endettement des gouvernements et les anticipations d’inflation. Du côté du dollar américain, il y a une érosion de sa valeur qui semble vouloir se poursuivre ; depuis près de 20 ans, il est en recul de 20 % par rapport à un panier de devises. Pour la balance commerciale des États-Unis, c’est certainement une tendance qui est dans leur intérêt. Pour l’inflation, les chiffres officiels disent qu’elle est faible, on regarde ça attentivement. On regarde également la masse monétaire en circulation, qui est à un niveau rarement vu dans l’histoire récente et qui, on le croit, est un signe avant-coureur de l’inflation à venir. On verra ce que ça donnera.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

André Dubuc, journaliste à La Presse

Faut-il acheter de l’or physique ? Ou bien se procurer un FNB qui suit la valeur de l’or ?

André Dubuc : Les deux options ont des avantages et des inconvénients. L’avantage d’acheter de l’or physique, c’est qu’il est en ta possession. Si tu en as besoin, tu n’as pas à attendre qu’on réponde à ton courriel. Mais des gens peuvent ne pas avoir le goût de louer un coffret à la banque. C’est là que le fonds négocié en Bourse (FNB) a ses avantages. Par exemple, si tu achètes des parts du fonds iShares Gold Bullion (CGL), ça joue le rôle d’assurance du patrimoine. Certains livres ne jurent que par l’or physique, mais nous, comme on n’est pas des partisans de l’Armageddon demain matin, on suggère aussi le FNB, qui élimine les problèmes de sécurité, d’entreposage, les frais de transaction importants de l’or physique, etc.

François Riverin : Si jamais le scénario catastrophe ne se réalise pas, que la Bourse ne plante pas vraiment, tu auras peut-être mis un 2 à 5 % dans l’or et tu ne seras pas perdant, le reste de ton portefeuille va s’être apprécié. C’est comme quand tu achètes une assurance habitation et que tu ne passes pas au feu, dans le fond, tu es mieux de ne pas passer au feu.

PHOTO GIMMY DESBIENS, LE QUOTIDIEN

François Riverin, expert du monde minier et du milieu aurifère

Comment vos recommandations sont-elles reçues autour de vous ?

André Dubuc : Chez monsieur ou madame Tout-le-Monde, il y a une belle curiosité. Même au niveau des plus jeunes, dans le début de la vingtaine, ils sont très ouverts. Là où il n’y a pas vraiment d’accueil favorable, c’est chez les spécialistes du placement. Pour eux, l’or, c’est dépassé, c’est un métal qui est dans la terre, et on le déterre pour ensuite le cacher… Par contre, certains d’entre eux, notamment l’économiste Clément Gignac, d’Industrielle Alliance, tiennent compte dans leurs hypothèses que le prix de l’or pourrait connaître une flambée.

François Riverin : Les producteurs d’or sont dans une période faste. Ils ont éliminé une partie de leur dette, ils augmentent les dividendes. Par rapport à leurs sommets, les titres de certains des grands producteurs d’or sont en baisse de 30 % et, donc, c’est intéressant. Cela dit, il faut être honnête, il faut être humble, personne n’est capable de prédire l’avenir.

En chiffres

2500 ans

Nombre d’années depuis lesquelles l’or est utilisé comme monnaie

14 %

C’est le poids des métaux et des titres de sociétés minières dans l’indice composé S&P/TSX en 2020, selon Bloomberg News. Huit des douze titres sélectionnés pour se joindre à l’indice composé S&P/TSX depuis juin 2020 sont des mineurs de métaux précieux.

PHOTO FOURNIE PAR GUY SAINT-JEAN

Investir dans l’or
André Dubuc et François Riverin
Guy Saint-Jean Éditeur
231 pages