Oubliez GameStop, AMC, Robinhood et Reddit. C’est ici que se passe la vraie révolte des petits investisseurs.

On apprenait dans La Presse récemment que Desjardins fait face à une demande d’action collective de la part d’investisseurs qui l’accusent de leur avoir imposé des frais injustifiés sur leurs fonds communs de placement depuis 2005. Deux autres banques canadiennes (RBC et TD) font face aux mêmes accusations.

> (Re)lisez notre article sur cette demande d’action collective

Il était temps !

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Desjardins fait face à une demande d’action collective de la part d’investisseurs qui l’accusent de leur avoir imposé des frais injustifiés sur leurs fonds communs de placement depuis 2005.

En effet, le stratagème allégué dans ces trois poursuites est connu depuis longtemps : la majeure partie des actifs des fonds communs de placement n’est pas « gérée » activement. Au contraire, ils reproduisent tout simplement l’indice boursier. Déjà en 1992, il avait été démontré que 97 % du rendement du plus grand fonds commun au monde à l’époque (le fonds Magellan de Fidelity) n’était rien d’autre que la reproduction de l’indice. Les choses ne se sont pas améliorées par la suite puisqu’en 2004, c’est 99 % du rendement de ce fonds qui reproduisait l’indice !

Pourquoi diable les investisseurs tolèrent-ils qu’on leur « passe un indice » alors qu’on leur facture plus de 2 % de frais ? Tout simplement parce qu’ils ne le savent pas ! Vous savez comment ça se passe : c’est la saison des REER et vous entrez dans votre succursale bancaire pour demander conseil sur vos placements. Votre « conseiller » vous propose une solution toute faite pour vos besoins : le fonds commun géré par cette même banque et qui convient à votre profil d’investisseur. Bien sûr, on vous invite à lire le prospectus, mais il fait 300 pages ! De toute façon, vous vous dites que si votre banquier vous propose ce fonds en particulier, c’est que ce doit être celui qui sert le mieux vos intérêts.

Erreur !

Au Canada, les institutions financières doivent vous offrir un produit qui « convient » à votre profil, mais n’ont généralement pas l’obligation de vous offrir celui qui est dans votre intérêt supérieur. Quelle est la différence ? Des frais annuels de 1 % à 2 % trop élevés.

En effet, les frais sur le fonds commun moyen au Canada sont d’environ 2 % annuellement, alors qu’on peut investir dans un fonds négocié en Bourse – qui détient essentiellement les mêmes titres que le fonds de la banque – pour lequel les frais ne sont que de 0,05 %. À long terme, ce peut être près de 50 % de votre rendement qui s’envole ainsi en frais. La différence entre une retraite confortable et la petite vie sur Balconville !

L’autre grande question qu’on doit poser est la suivante : pourquoi ces gestionnaires ne tentent-ils pas d’offrir un rendement supérieur à l’indice en gérant activement leurs fonds ? La réponse est tout aussi simple : ils en sont incapables ! Il suffit en effet de regarder les résultats pour vous en convaincre : 97 % des fonds communs d’actions canadiennes ont offert un rendement inférieur à l’indice depuis cinq ans. Sans grande surprise, leur rendement annuel moyen est d’environ 2 % de moins que l’indice.

Normal : ils achètent les mêmes titres que l’indice et facturent 2 % de frais.

Souhaitons que la Cour supérieure du Québec accepte d’entendre la cause de ces investisseurs. En attendant, il ne manque pas de solutions de rechange aux fonds communs des institutions financières canadiennes. Pour la minorité des investisseurs qui sont vraiment autonomes, il est possible de constituer un portefeuille diversifié de fonds négociés en Bourse chez un courtier à escompte sans même avoir à payer de commission. Pour la majorité des investisseurs – ceux qui ne peuvent se passer d’un conseiller pour élaborer et mettre en place leur plan financier –, il existe des conseillers en placement indépendants qui, contrairement à votre banquier, ont l’obligation de toujours agir dans votre intérêt supérieur. Joignez-vous à la révolte !