Dirigé depuis avril dernier par Benoit La Salle, le producteur de métaux précieux Aya est sorti de sa torpeur. Le titre a avancé de 166 % en huit mois. Son président se fixe l’objectif de quadrupler la production annuelle en 2023, à plus de 4 millions d’onces d’argent.

La société dont le siège social a été déménagé à Montréal fait parler d’elle en ce début d’année. Elle vient de racheter au rabais la dette d’une junior active en Mauritanie. Des résultats de forage prometteurs à sa mine Zgounder, au Maroc, s’accumulent. Deux analystes financiers ont fait d’Aya leur titre favori dans la catégorie des métaux précieux pour 2021.

La Presse fait le point avec son PDG Benoit La Salle.

L’histoire d’une reprise en main

Aya (anciennement Maya) est un producteur pur d’argent, une rareté parmi les producteurs de métaux précieux. La minière exploite le gisement Zgounder, au Maroc, à deux heures et demie de route de Marrakech. Dans les dernières années, la production tournait autour de 500 000 onces d’argent par an.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit La Salle, PDG d’Aya

« La mine d’Aya a été jusqu’à présent sous-explorée et très mal gérée, explique M. La Salle, qui a fondé en 1994 la société aurifère Semafo, vendue à Endeavour en juin 2020. Quand on est entrés en fonction, on s’est aperçus qu’il n’y avait pas d’équipe. Il y avait un PDG et des employés. Il n’y avait pas de directeur financier, personne au contentieux ni à la géologie, aucun responsable de la production. C’était géré comme si c’était la société personnelle du patron », décrit M. La Salle. Les actionnaires d’Aya, qui est cotée à Toronto, étaient mécontents.

« À la demande du conseil d’administration, je suis arrivé en avril 2020 entouré d’une équipe. On a fait un plan pour améliorer les paramètres du tonnage et de la teneur à la mine et à l’usine, les paramètres de la disponibilité et de la récupération », dit M. La Salle qui, avec le reste du management, détient 6 % des actions d’Aya. Par exemple, la disponibilité de l’usine tournait autour de 50 % avant avril dernier, faute de pièces de rechange dans l’atelier, elle est maintenant rendue à 90 %, soutient-il.

La production annuelle devrait atteindre 1 million d’onces en 2021. Depuis avril 2020, le cours de l’action (symbole AYA, à Toronto) est passé de 1,50 $ à 4 $.

Rachat de la dette d’Algold

Cette semaine, Aya a racheté 60 cents dans la piastre la dette en détresse de la société d’exploration Algold qui a un projet d’une mine d’or en Mauritanie de 800 000 onces d’or. Algold appartient en partie au Groupe Grou La Salle. « C’est un très beau projet dans lequel 60 millions US ont déjà été dépensés. Aya est très bien placée dans Algold pour passer à une seconde étape qui n’est pas encore annoncée. Pour le moment, on laisse Algold gérer son processus », dit M. La Salle. Des annonces sont cependant attendues en 2021.

Des résultats de forages prometteurs

« Plus que prometteurs, insiste l’homme d’affaires de 65 ans, 11 des résultats qu’on a eus se sont classés dans le top 50 des meilleurs résultats de forage en 2021 parmi les producteurs d’argent. »

Sous la mine actuelle, Aya a foré et a frappé 9 kg d’argent par tonne sur 4 m et 1,7 kg par tonne sur 16 m. « On est en train de démontrer des extensions latérales du gisement à l’est et à l’ouest et des extensions en profondeur », explique son président. Au quatrième trimestre, Aya a entrepris une campagne de 19 000 m de forage. Environ 40 % des résultats ont été annoncés jusqu’à maintenant.

Le choix des analystes

Deux analystes ont fait d’Aya leur titre favori dans les métaux précieux en 2021. Nicolas Dion, de Cormark, voit le titre à 7,50 $ d’ici 12 mois. Selon lui, Aya est sous-évaluée à 0,76 de la valeur actuelle nette de son actif, tandis que ses pairs se vendent à un ratio de 1,3 fois. « Nous croyons que le cours de l’action va se corriger dans le courant de la prochaine année à mesure que son potentiel sera mieux défini », croit l’analyste. Aya travaille à faire grimper ses ressources à plus de 100 millions d’onces d’ici la fin 2021. Elles sont actuellement de 38 millions d’onces.

De son côté, David Stewart, de Desjardins, a un prix cible de 5,65 $ pour les prochains mois. « La nouvelle équipe de direction a rapidement transformé l’exécution et a mis davantage l’accent sur l’exploration. Les forages à Zgounder ont continué à montrer des teneurs en argent de classe mondiale. Nous nous attendons à voir un rythme spectaculaire de croissance des ressources, ce qui traduira par une prolongation de la durée de vie de la mine », écrit-il.

L’once se vendait au-dessus de 25 $ US en fin de journée mercredi.

Prochaines étapes

Jeudi matin, Aya annonce les résultats de production du quatrième trimestre. Début mars, la minière mettra à jour le calcul de ses ressources. Entre-temps, elle rendra publics ses autres résultats de forage.

Une quinzaine de personnes travaillent actuellement au siège social d’Aya à Mont-Royal. L’équipe va doubler voire tripler de taille d’ici la fin de l’année, parole de M. La Salle.

« Quand Semafo a été vendue à Endeavour, explique Benoit La Salle, j’avais dit que le Québec avait perdu un siège social, mais qu’il allait en gagner un nouveau. Si ça fonctionne comme je le crois, le siège social d’Aya deviendra l’équivalent de celui de Semafo à l’époque. »