Immigrés au Québec depuis bientôt trois ans, Taha*, 38 ans, sa conjointe Amira*, 36 ans, et leurs enfants de 7 et 5 ans forment une famille qui s’intègre dans son nouveau milieu de vie.

Les deux parents occupent chacun un emploi bien rémunéré en informatique. Avec les allocations gouvernementales pour enfants, leur revenu familial brut approche les 170 000 $ par an.

Malgré ce revenu familial confortable, Taha et Amira gèrent leur budget familial avec grand soin. Ils mettent l’accent sur la satisfaction des priorités familiales à court terme et l’épargne pour des projets à moyen terme, tout en limitant les dépenses de consommation discrétionnaire.

Par conséquent, en quelques années à peine après leur arrivée au Québec, Taha et Amira ont pu se reconstituer une réserve d’épargne de 50 000 $ en vue de projets familiaux à court et à moyen terme.

Entre autres, ils veulent rajeunir leur véhicule automobile très bientôt ; une dépense qu’ils budgètent aux environs de 15 000 $.

Pour l’année prochaine, à la fin de l’été 2022, Taha et Amira préparent le premier voyage familial de retrouvailles auprès de leurs parents et amis dans leur pays d’origine depuis leur émigration au Québec.

Le budget de ce voyage familial est prévu aux environs de 15 000 $, surtout constitué du coût des billets d’avion alors que les membres de la famille seront hébergés et transportés par des parents et amis durant la majeure partie de leur séjour.

Quant à leurs priorités à moyen terme, Taha et Amira veulent accentuer la constitution de réserves d’épargne pour deux projets importants : l’achat d’une propriété résidentielle et le début de la scolarité au secondaire privé de leurs deux enfants. La réalisation de ces projets familiaux est prévue sur un horizon de cinq ans.

À plus long terme, Taha et Amira sont aussi soucieux de se constituer un bon capital en épargne-retraite.

Les chiffres

Taha*, 38 ans, et Amira*, 36 ans, avec deux enfants de 7 et 5 ans

Actifs financiers

En compte d’épargne : 50 000 $
En régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 0 $ (cotisations inutilisées : 18 500 $ pour Amira, 1250 $ pour Taha)
En compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 0 $ (cotisations inutilisées : environ 12 000 $ chacun pour Taha et Amira)
En régime enregistré d’épargne-études (REEE) : 0 $ (cotisations inutilisées : environ 10 000 $)
En régime de retraite d’employeur : 0 $ (REER collectif d’employeur disponible pour Taha ; aucun régime de retraite pour Amira)

Revenus annualisés

D’emplois salariés : 165 000 $
D’allocations gouvernemantales pour enfants : environ 5000 $

Principaux débours annualisés

Liés au logement familial : environ 15 000 $ par an (loyer, énergie, télécoms, assurances)
Liés au style de vie familial : environ 25 000 $ par an (alimentation et vêtements, transports, loisirs et activités, etc.)

Les questions

Dans ce contexte, Taha et Amira cherchent conseil afin de bien répartir leur capacité d’épargne entre les différents types de comptes enregistrés (REER, CELI, REEE), qui demeurent inutilisés.

Ils cherchent aussi à optimiser les avantages fiscaux liés à ces types de comptes d’épargne enregistrés, et à propos desquels ils ont peu de connaissances.

Enfin, en matière d’épargne-retraite à long terme, Taha s’interroge sur la pertinence de participer au REER collectif offert par son employeur, plutôt que de souscrire à un REER personnel indépendant de son emploi.

C’est d’ailleurs ce que compte faire sa conjointe Amira parce qu’elle n’a pas de régime de retraite ni de REER collectif chez son employeur actuel.

Les questions de Taha et d’Amira ont été soumises à Daniel Lanteigne, qui est planificateur financier et associé principal à la firme Reverber Stratégies financières intégrées, à Québec.

PHOTO FOURNIE PAR REVERBER STRATÉGIES FINANCIÈRES INTÉGRÉES

Daniel Lanteigne

M. Lanteigne est aussi président du conseil d’administration de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).

Les conseils

D’emblée, Daniel Lanteigne constate que le revenu familial de Taha et d’Amira et leur budget familial bien géré leur procurent une bonne capacité d’épargne de l’ordre de 75 000 $ par an, ce qui est un important atout en matière de planification financière.

Dans ce contexte, je considère que les projets à court terme de Taha et d’Amira – le rajeunissement du véhicule familial et le premier voyage familial de retrouvailles avec parents et amis dans leur pays d’origine – pourront être aisément financés par leur revenu familial prévu en 2022.

Daniel Lanteigne, planificateur financier

« Ces projets à court terme étant désormais couverts dans le budget familial de l’an prochain, Taha et Amira peuvent maintenant s’attarder à l’optimisation financière et fiscale de leur épargne en vue de leurs projets à long terme : les coûts de scolarité des enfants au secondaire et lors d’études postsecondaires, l’achat d’une résidence familiale, l’épargne-retraite. »

Priorité aux REER

En premier lieu, priorité au renflouement des régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER) de chacun des conjoints, qui sont encore à solde zéro.

Daniel Lanteigne recommande à Taha de participer au REER collectif offert par son employeur, et d’y contribuer au maximum permis de 3,5 %. « Ça lui permettra de récupérer les cotisations inutilisées à son REER (à 1250 $), tout en optimisant rapidement la contribution équivalente de son employeur et les avantages fiscaux qui en découlent. »

En parallèle, M. Lanteigne recommande à Amira de combler rapidement les quelque 18 500 $ en cotisations inutilisées à son REER personnel. Là encore, afin d’optimiser sans tarder la récupération annuelle d’une part significative des milliers de dollars en impôt prélevés sur son salaire.

« Au niveau d’imposition où se situent Taha et Amira avec leur salaire respectif, le taux de récupération de l’impôt pour les cotisations au REER est de 37 %. C’est significatif dans leur budget familial à court terme, mais aussi un motif accélérant pour la constitution d’un actif en épargne-retraite qui pourra être utilisé pour financer leur projet d’achat d’une résidence familiale », souligne Daniel Lanteigne (retrait du REER non imposable dans le cadre du régime d’accession à la propriété [RAP]).

REEE des enfants

En deuxième priorité d’épargne, M. Lanteigne conseille à Taha et Amira d’établir un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour leurs deux enfants.

« Ce qu’ils doivent considérer en faveur du REEE, c’est que leurs dépôts jusqu’à concurrence de 2500 $ par enfant et par an sont bonifiés d’une “subvention fiscale” de 30 % des sommes déposées », rappelle Daniel Lanteigne.

« De plus, même si les dépôts au REEE ne procurent pas de déduction fiscale, les subventions et les rendements qu’ils généreront seront imposés dans les mains de l’enfant qui poursuit des études postsecondaires. Ce qui se produit généralement à une époque où le bénéficiaire a de très faibles revenus. Ces sommes coûtent alors peu ou pas d’impôts. »

Dans ce contexte, Daniel Lanteigne recommande à Taha et à Amira de maximiser leurs contributions annuelles au REEE de leurs enfants jusqu’à l’atteinte du montant maximum de cotisations courantes et de cotisations inutilisées depuis deux ans.

CELI des conjoints

En troisième priorité d’épargne pour Taha et Amira, Daniel Lanteigne leur conseille de diriger les liquidités disponibles dans leur budget familial vers leurs comptes d’épargne libre d’impôt (CELI) respectifs, qui sont encore à solde zéro.

« Taha et Amira devraient envisager d’y contribuer jusqu’à la hauteur de leur plafond CELI actuel [6000 $ de 2021, plus les droits de cotisation inutilisés des années passées] », conseille Daniel Lanteigne.

Entre-temps, comment résumer les attributs du CELI en tant que compte d’épargne pour financer des projets futurs ?

D’une part, Taha et Amira doivent savoir que les revenus et les gains de valeur des placements effectués dans le cadre d’un CELI sont exempts d’impôt à vie.

Daniel Lanteigne, planificateur financier

« D’autre part, les droits de cotisation inutilisés sont cumulatifs d’une année à l’autre et, contrairement au REER, les retraits faits une année redeviennent des droits de cotisation l’année suivante. »

Projets subséquents

En organisant ainsi leurs priorités d’épargne à court et à moyen terme, Daniel Lanteigne estime que Taha et Amira seront en situation avantageuse pour bien préparer la suite de leurs grands projets familiaux : financer les études secondaires et postsecondaires de leurs enfants, et passer de locataires à propriétaires de leur résidence familiale.

« Concernant les études des enfants, je conseille à Taha et Amira de prévoir un budget annuel de l’ordre de 8000 $ par enfant, à partir de leur entrée au secondaire privé jusqu’à la fin du premier cycle [baccalauréat] des études universitaires », indique Daniel Lanteigne.

« De plus, une telle planification budgétaire pourrait alimenter la réflexion de Taha et Amira sur les coûts de l’école secondaire au privé par rapport aux programmes de qualité qui seraient offerts dans les écoles publiques de leur localité. »

Dans le même sens, Daniel Lanteigne suggère à Taha et Amira de profiter de leurs prochaines années en épargne accélérée pour bien jauger le pour et le contre de leur projet d’achat d’une propriété résidentielle.

« Au-delà du rêve de posséder l’habitation familiale, c’est important de faire d’avance un bon inventaire des coûts des biens et services qui seront nécessaires pour réaliser et vivre ce rêve », avertit M. Lanteigne.

« Par exemple, si le budget familial ne permet pas d’acquérir une résidence à proximité des services et du lieu de travail, l’achat d’une propriété moins coûteuse, mais plus éloignée des lieux de travail, d’études et d’activités courantes pourrait engendrer une hausse significative des dépenses de transport au fil des ans », explique Daniel Lanteigne.

« Dans une telle situation, plutôt que de contribuer à la qualité de vie familiale, la possession d’une résidence à tout prix peut devenir une contrainte qui oblige ensuite à faire des concessions plutôt que des choix en matière de budget familial. »

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.

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