Robert*, 59 ans, prépare sa retraite d’un emploi bien rémunéré, mais constitué surtout de tâches à l’extérieur qu’il trouve de plus en plus difficiles avec l’âge.

La situation

Il planifie son départ à la retraite pour avril prochain, après avoir écoulé ses soldes de vacances et de congés accumulés en début d’année 2021.

Une fois à la retraite, Robert sait qu’il n’aura plus de revenus en l’absence d’un régime de retraite d’un employeur. Il prévoit donc d’effectuer des décaissements de ses actifs financiers afin de combler tous ses besoins budgétaires, relativement modestes, jusqu’à son 65e anniversaire et son admissibilité aux rentes publiques (RRQ provincial et PSV fédérale).

Pour s’y préparer, Robert avait pris soin au fil des ans de se constituer un bon coussin d’épargne-retraite. Sa valeur approche les 780 000 $ en divers actifs financiers, répartis entre des comptes enregistrés (REER, CELI, CRI) et des comptes d’épargne-placement non enregistrés.

En prime, le bilan personnel de Robert n’affiche aucune dette. Et il est copropriétaire à 50 % avec sa conjointe d’une maison estimée à 270 000 $, libre de dettes.

Dans ce contexte, Robert a fait part à la rubrique Train de vie de ses deux préoccupations principales.

D’une part, il s’interroge sur la bonne répartition de ses actifs financiers parmi ses divers comptes enregistrés ou non. Entre autres, cette répartition est-elle optimisée du point de vue de la fiscalité et de la longévité financière alors qu’il est au seuil de la retraite ?

D’autre part, Robert s’interroge sur la bonne planification de ses décaissements d’actifs au fil de ses prochaines années de retraite, et particulièrement jusqu’au début de ses rentes publiques, à 65 ans.

Comment les organiser en tenant compte de leur optimisation fiscale à court et moyen terme, tout en veillant à leur longévité jusqu’en fin de vie ?

La situation et les préoccupations de Robert ont été soumises pour analyse-conseil à Gaétan Veillette, qui est planificateur financier de la firme IG Gestion de patrimoine à Longueuil, dans l’arrondissement de Saint-Hubert, sur la Rive-Sud.

Les chiffres

Robert, 59 ans

Actifs financiers :
REER (particuliers et collectif) : 447 000 $
CELI (compte d’épargne libre d’impôt) : 63 000 $
CRI (compte de retraite immobilisé) : 65 000 $
Comptes non enregistrés : 205 000 $

Actifs non financiers :
Immobilier : copropriétaire (à 50 % avec sa conjointe) d’une maison estimée à 270 000 $ et libre de dettes
Véhicules : environ 20 000 $ (peu usagés et libres de dettes)
Revenu d’emploi : 80 000 $ en 2020 (réduit à 20 000 $ en 2021 avec retraite à partir d’avril)

Principaux débours : environ 29 000 $ par année
Dont
5000 $ liés à la résidence en copropriété avec sa conjointe
24 000 $ liés au style de vie personnel

Les conseils

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Gaétan Veillette, planificateur financier de la firme IG Gestion de patrimoine

D’emblée, Gaétan Veillette constate que Robert « aurait très peu de revenu imposable entre le début de sa retraite jusqu’à l’âge de 65 ans s’il effectuait tous ses décaissements d’actifs en guise de revenu à partir de ses comptes non enregistrés ».

Mais par la suite, avertit M. Veillette, avec le début simultané des rentes publiques et des décaissements de ses comptes d’épargne-retraite enregistrés, le revenu imposable de Robert à partir de 65 ans pourrait s’élever dans une tranche d’imposition additionnelle, ce qui risque de lui être coûteux à long terme.

Dans ce contexte, Gaétan Veillette a formulé ses recommandations à Robert en fonction de deux scénarios envisageables au cours des prochaines années, tout en comblant ses besoins budgétaires pour la bonne continuité de son train de vie.

Le premier scénario s’appuie sur les décaissements d’actifs en comptes non enregistrés avant le 65anniversaire de Robert.

Selon les estimations de M. Veillette, ces actifs non enregistrés diminueraient ainsi de 205 000 $ en début de retraite l’an prochain jusqu’aux environs de 60 000 $ à 65 ans. Aussi, Robert n’aurait aucun impôt sur ces revenus (de décaissement) à payer durant ces premières années de retraite.

Entre-temps, ses actifs en comptes enregistrés (environ 575 000 $) continueraient de s’accroître.

En considérant un rendement raisonnable, et l’absence de soubresauts significatifs dans ses besoins budgétaires, le planificateur Gaétan Veillette estime que le patrimoine financier total de Robert pourrait se maintenir un peu au-delà du million de dollars jusqu’à un âge avancé.

Dans le deuxième scénario analysé par M. Veillette, Robert entamerait sa retraite avec des décaissements de ses comptes d’épargne-retraite enregistrés (REER, CRI) après les avoir convertis en fonds de revenu de retraite ou viagers (FERR et FRV).

Selon ce scénario, Gaétan Veillette prévoit que l’actif de Robert en comptes non enregistrés, laissé intouché par des retraits et géré adéquatement, continuerait de croître en valeur au fil des ans.

En parallèle, note M. Veillette, l’actif de Robert en comptes enregistrés (FEER et FRV après conversion) continuerait aussi de croître en dépit des retraits planifiés en guise de revenu de retraite.

À ce rythme, Gaétan Veillette estime que le patrimoine financier total de Robert pourrait s’élever davantage aux environs de 1,5 million, jusqu’à un âge avancé.

En contrepartie, un tel scénario de décaissements de l’épargne-retraite en comptes enregistrés dès les premières années de la retraite implique des paiements d’impôt cumulatifs un peu plus élevés au fil des ans.

Néanmoins, de l’avis de M. Veillette, ce deuxième scénario s’annonce plus avantageux pour Robert afin de consolider son autonomie financière à long terme tout en subvenant adéquatement à ses besoins budgétaires.

« Robert pourrait même rehausser son train de vie relativement modeste de quelques centaines de dollars par mois sans compromettre son autonomie financière », indique M. Veillette, avant d’énumérer ses principales recommandations.

En premier lieu, dès son début de retraite l’an prochain, il conseille à Robert de convertir ses REER (trois régimes enregistrés d’épargne-retraite évalués à 447 000 $) en fonds enregistré de revenus de retraite (FERR).

Il lui conseille aussi de transformer son compte de retraite immobilisé (CRI, évalué à 65 000 $) en fonds de revenu viager (FRV).

En procédant ainsi, avant le début de ses rentes publiques — et imposables — à partir de 65 ans, « Robert pourra effectuer la défiscalisation de ses actifs en REER et en CRI au plus faible taux d’imposition combiné d’environ 27 % », estime Gaétan Veillette.

En second lieu, il recommande à Robert de reporter le début de ses rentes de retraite publiques (RRQ provincial et PSV fédéral) au moins jusqu’à son 65e anniversaire, donc à sa cinquième année de retraite.

« Une demande de rentes publiques avant 65 ans implique une pénalité significative sur la valeur de ces rentes jusqu’en fin de vie », rappelle M. Veillette. Dans le cas de Robert, sa future prestation viagère de RRQ est prévue à 1165 $ par mois à partir de 65 ans, mais à seulement 750 $ par mois si elle est commencée à 60 ans.

Enfin, Gaétan Veillette conseille à Robert de prévoir dans son budget de retraite la continuité de la cotisation maximale de 6000 $ par année dans son compte d’épargne libre d’impôt (CELI).

En continuant de croître, par cotisation et par rendement interne, le CELI de Robert pourrait s’avérer fort utile fiscalement, dans quelques années, en tant que source de revenu d’appoint non imposable.

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.

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