Il suffirait de multiplier par 10,9 votre salaire estimé à 64 ans

Qui ne s’est pas posé la question ? Combien dois-je avoir mis de côté pour prendre une retraite confortable à 65 ans ?

Les actuaires d’Aon, qui conseillent les employeurs sur leurs régimes de retraite, répondent à la question. En simplifiant, il suffit de multiplier par 10,9 le salaire brut que vous croyez gagner la veille de votre retraite.

Par exemple, si je pense gagner 100 000 $ à l’âge de 64 ans, je multiplie cette somme par 10,9 et j’obtiens 1 090 000 $ (et je constate du même coup à mon grand désarroi que j’en suis très loin actuellement).

Avec ce million, dit Aon, je suis assuré que mon train de vie avant et pendant la retraite sera passablement identique. C’est un objectif ambitieux, puisque la plupart des planificateurs financiers postulent une certaine baisse du niveau de vie.

Bien qu’il donne un ordre de grandeur utile, ce coefficient de 10,9 constitue un chiffre générique qui ne tient compte d’aucune circonstance personnelle. Il est tiré d’un outil, nommé Real Deal, qu’Aon met à la disposition des employeurs pour que ceux-ci évaluent la capacité de leurs régimes de retraite à atteindre les objectifs. Cet outil n’est pas destiné aux participants des régimes à des fins de planification financière.

Le multiplicateur de 10,9 vaut pour un employé âgé de 45 ans qui profite d’un régime de retraite à cotisations déterminées dans lequel lui et son employeur cotisent chacun l’équivalent de 5 % du salaire brut du participant.

Pour un travailleur plus jeune, le multiplicateur sera plus élevé, dit Aon, en raison de l’espérance de vie à la retraite qui sera plus élevée et du coût des soins de santé, dont l’inflation annuelle excède la hausse attendue des salaires. Ces deux facteurs augmentent les besoins financiers à la retraite.

Des questions

D’abord, qu’y a-t-il d’inclus dans ce million et plus ? Cette somme, nous explique Émilie Alary, conseillère principale chez Aon en matière de solutions pour la retraite, correspond à l’avoir net d’un individu, à l’exclusion de la résidence principale et des régimes publics de retraite comme le Régime de rentes du Québec.

Ensuite, combien d’argent notre sympathique individu doit-il mettre de côté chaque année pour atteindre le million le jour de ses 65 ans ? La réponse dépend des hypothèses retenues au sujet du rendement obtenu, de la hausse du coût de la vie et de l’augmentation des salaires.

Sans donner de détails sur les hypothèses, Aon avance un taux d’épargne annuel équivalent à 16,5 % du salaire brut à partir de l’âge de 25 ans pendant 40 ans, jusqu’à la retraite.

Rappelons que le remboursement de capital de la résidence principale est exclu de l’effort de 16,5 %. D’ailleurs, le fisc permet de consacrer 18 % du revenu gagné avant impôt à l’épargne-retraite. (Levez la main, ceux qui en mettent autant.)

Les cotisations de l’employeur au régime de retraite sont toutefois incluses dans l’effort d’épargne de 16,5 %. Reprenons l’exemple d’un salaire brut, avant la retraite, de 100 000 $ où je cotiserais 5 % de mon salaire brut dans un régime de retraite et où l’employeur en mettrait autant en mon nom. Le cas échéant, je n’aurais plus qu’à mettre de côté chaque année 6,5 % de mon salaire brut (16,5 % — cotisation de l’employé au régime de retraite de 5 % – cotisation de l’employeur de 5 % = 6,5 %) que je déposerais en priorité dans un REER ou un CELI.

Que se passe-t-il si je ne parviens pas au million ? Mme Alary se fait rassurante. Deux options s’offrent à moi. Premièrement, je travaille cinq années additionnelles, jusqu’à 70 ans. Arrivé à cet âge, je profiterai d’une pleine retraite sans avoir à diminuer mon train de vie. Ce scénario, comme pour le second qui suit, repose sur un taux d’épargne de 10 %, composé essentiellement des cotisations de l’employé et de l’employeur au régime de retraite, et non plus de 16,5 %.

L’autre option est de se retirer à 65 ans, mais en acceptant une baisse du niveau de vie de l’ordre de 30 % pour compenser le manque d’épargne. Moins de vêtements chics, plus de mou, moins de déplacements quotidiens, moins de repas d’affaires, la maison payée ; l’objectif est à portée de main.