L’or est en feu ! Alors que son prix a atteint un sommet historique la semaine dernière, certains se demandent s’il est temps d’envoyer leurs vieux bijoux et autres pièces d’or à la ferraille.

Par exemple, Alain veut vendre de petits lingots d’une once d’or qu’il possède depuis 20 ans. « Le cours actuel m’incite à m’en départir, mais je n’ai aucune idée où les vendre. À quel endroit puis-je les offrir pour obtenir le juste prix tout en payant une commission correcte ? », me demande-t-il.

De son côté, Claude est prête à se débarrasser de bijoux en or 18 carats. Cet argent lui permettrait de renflouer ses coffres, elle qui n’a pas eu de revenus durant le confinement.

Bien d’autres font le même calcul. « Avec le prix de l’or à un niveau record, nous remarquons une demande accrue de notre service d’échange d’or. La possibilité de vendre de l’or rapidement et en toute sécurité est devenue un moyen fiable de gagner un revenu supplémentaire dans cette économie », affirme la porte-parole de Birks, Katie Reusch.

La bijouterie offre un service d’évaluation par la poste ou en magasin qui fonctionne sur réservation durant des évènements spéciaux.

> Consultez le calendrier des évènements de Birks

« Je sais que Birks et des bijouteries sérieuses achètent des bijoux. Comment m’assurer qu’ils rachètent au prix du marché ? À quelle commission dois-je m’attendre ? », se demande Claude.

Évaluer la valeur de vos petits trésors n’est pas si compliqué. Pour faire l’exercice, la pâtissière en moi a sorti sa balance numérique de l’armoire de la cuisine. Combien pèse la bague en or que je porte au doigt ? Huit grammes.

Mais évidemment, il ne s’agit pas d’or pur. L’or, qui est très malléable, doit être allié à un autre métal, comme du cuivre, de l’argent, du palladium ou du titane, pour lui donner de la résistance. On détermine la pureté de l’or à l’aide du nombre de carats. L’or à 24 carats est pur à 99,9 %, celui à 18 carats l’est à 75 % et celui à 12 carats à 50 %.

En fait, un carat représente 1/24 du poids total de l’alliage. Pour un bijou de 14 carats comme ma bague, on retrouve donc 14 g d’or véritable sur 24 g, soit un degré de pureté de 58,3 %.

Donc, ma bague de 8 g ne contient que 4,7 g d’or pur.

Mais ça, c’est la théorie, nuance Sylvain Martineau, propriétaire d’International Auction. Depuis plus de 20 ans, son entreprise installée à Lévis sillonne le Canada pour racheter de l’or. Avec une douzaine d’équipes qui organisent chacune cinq évènements par semaine, le service itinérant couvre toutes les villes de plus de 5000 habitants.

Les clients débarquent avec leurs vieux bijoux de famille brisés. « J’en ai déjà vu qui en avait pour 50 000 $. La sacoche est pleine ! », lance M. Martineau.

> Consultez le site d’International Auction

Les experts ont un instrument qui permet de déterminer avec précision la pureté du métal, qui est souvent un peu plus faible que ne l’indique le poinçon affichant le nombre de carats. Ainsi, l’or 14 carats est souvent autour de 56 % ou 57 %, au lieu de 58,3 %.

Tout ça pour dire que je serai chanceuse si ma bague contient bel et bien 4,7 g d’or pur. Mais poursuivons les calculs…

Il faut maintenant faire une petite conversion puisque l’or se négocie en onces. Et attention : pas l’once impériale, mais plutôt l’once Troy – d’après la ville française de Troyes –, qui sert à mesurer le poids des métaux précieux depuis le Moyen Âge.

Comme une once Troy équivaut à 31,1 g, les 4,7 g de ma bague représentent 15 % d’une once d’or.

Je vous le disais d’entrée de jeu, le prix de l’or a atteint un sommet pour s’établir autour de 1990 $ US, en fin de journée vendredi. Il s’agit d’un gain de plus de 25 % depuis le début de l’année.

En dollars canadiens, cela nous mène à 2665 $. Donc, si ma bague contient 0,15 once d’or, cela signifie que sa valeur est de 403 $.

Et la valeur artistique ?

À part pour de grandes marques comme Cartier, ne vous attendez pas à ce qu’on paie pour les qualités esthétiques de vos bijoux, qui seront très certainement fondus. Si vous êtes le moindrement sentimental, vous pouvez utiliser le même métal pour faire un nouveau bijou, au goût du jour.

Pour les pièces de monnaie, rares sont celles qui ont une valeur de collection. Tout de même, M. Martineau croise quelques fois par mois une pièce de monnaie canadienne en argent datant de 1948 qui vaut aujourd’hui quelque 1200 $, alors que la valeur du métal n’est que d’une vingtaine de dollars.

Mais revenons à ma bague. Combien les commerces sont-ils prêts à m’offrir ?

« On achète les bijoux à 90 % de la valeur au marché, répond M. Martineau. Pour les pièces d’or et les lingots, c’est 95 %. » Autrement dit, sa commission oscille entre 5 % et 10 %.

Cela signifie que j’obtiendrais 360 $ pour ma bague. Mais non, chéri, je ne vais jamais la vendre. Sois sans crainte.