Rebeca et Louis forment un couple au début de la quarantaine, sans enfant. Ils projettent de se retirer de leur emploi à temps plein dans une dizaine d’années.

La situation

Ils seront alors au début de la cinquantaine, mais au début d’une retraite qu’ils souhaitent longue et agréable, avec un train de vie en continuité avec leur situation actuelle.

Par ailleurs, Rebeca et Louis envisagent de continuer d’effectuer du travail rémunéré, mais seulement pour des projets bien choisis et selon des horaires qui correspondront à leur désir de « réduire la cadence ».

Ils s’attendent à des revenus d’emploi à temps partiel ou contractuel qui pourraient fluctuer autour de 30 000 $ par an. Ces revenus s’ajouteraient à ceux qui proviennent de leurs placements en comptes enregistrés ou non, sous forme de revenus courants (dividendes, intérêts) ou de décaissements d’actifs.

Les questions 

Dans ce contexte, Rebeca et Louis s’interrogent surtout sur leur capacité financière à réaliser leur projet de retraite hâtive.

Comment constituer un actif suffisant pour financer cette retraite hâtive, qui débuterait dans 10 ans ?

Quels ajustements devraient-ils faire dans leur approche courante, s’il y a lieu ?

Quels types d’épargne-placement devraient-ils prioriser au cours des prochaines années, d’un point de vue fiscal notamment ?

Comment planifier la séquence et la valeur des décaissements parmi les divers actifs financiers ?

La situation et les questions de Rebeca et Louis ont été soumises pour analyse et commentaire à David Truong, qui est conseiller senior en planification financière chez Banque Nationale Gestion privée 1859.

Les conseils 

« Une retraite hâtive à 50 ans demande beaucoup de planification et de discipline financières », commente d’emblée David Truong.

« Mais heureusement pour Rebeca et Louis, ils ont déjà accumulé un peu plus de 700 000 $ en épargne à 40 ans. En continuant leurs bonnes habitudes d’épargne, tout en maintenant un train de vie raisonnable, ce couple devrait bénéficier d’une bonne marge de manœuvre financière pour supporter son projet de retraite hâtive dans une dizaine d’années. »

Entre-temps, le premier défi budgétaire de Rebeca et Louis est de compléter dans cinq ans, comme prévu, le remboursement accéléré du prêt hypothécaire de 180 000 $ sur leur maison évaluée à 340 000 $.

Avec la fin de cet important débours hypothécaire, le couple se retrouvera en 2025 avec un « surplus budgétaire » de l’ordre de 48 000 $ par an, estime David Truong.

Mais aussi, Rebeca et Louis seront alors à cinq ans de leur échéancier de retraite hâtive en 2029 ; cinq années durant lesquelles leurs décisions de dépenses et d’épargne-placement seront déterminantes pour leur aisance financière et leur train de vie durant leurs 30 à 40 années de retraite prévisibles, selon l’espérance de vie de leur génération.

Par conséquent, durant cette période, David Truong recommande à Rebeca et Louis d’accélérer la croissance de leur épargne en maximisant leurs contributions dans les régimes de retraite chez leur employeur respectif, dans leurs régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER) et, enfin, dans leurs comptes d’épargne libre d’impôt (CELI).

En procédant ainsi, le couple pourra optimiser les avantages fiscaux liés à ce type d’épargne-retraite durant ses dernières années de revenus d’emploi à taux d’imposition plus élevé.

À ce rythme, Rebeca et Louis pourraient amorcer leur retraite hâtive avec un actif financier net approchant les 1,5 million de dollars (excluant la valeur de la maison alors sans dette), et donc suffisant pour financer un train de vie raisonnable à long terme.

Le couple pourrait même se passer des revenus d’appoint provenant du travail à temps partiel ou contractuel si tel était son souhait dans 10 ans, lors de ses ajustements de style de vie en début de retraite.

Dans le cas contraire, avertit David Truong, « advenant que le couple n’épargne pas le surplus budgétaire suscité par la fin des paiements hypothécaires, c’est-à-dire qu’il le dépense, il risquerait de manquer de fonds à partir de 2054. »

« Rebeca et Louis auront alors 75 et 79 ans. Ils se retrouveraient dans une situation inconfortable en âge avancé où leur maison payée serait leur dernier actif monnayable en cas de gros imprévus. »

Par ailleurs, explique David Truong, si Rebeca et Louis s’en tiennent à un scénario d’épargne accélérée après la fin de leurs paiements hypothécaires, ils rehausseront leur flexibilité de décaissements dès le début de leur retraite.

Selon M. Truong, « en règle générale, on recommande cet ordre de décaissement de base : 

utiliser d’abord le capital de placements non enregistrés parce qu’il s’agit de retraits non imposables, sauf pour la portion de gains en capital sur les actifs revendus ;

effectuer ensuite des retraits des comptes CELI (aussi non imposables) ;

enfin, prévoir des retraits de comptes REER, mais seulement au minimum prescrit par la réglementation, parce qu’il s’agira alors de revenus imposables ».

En agissant ainsi, Rebeca et Louis seraient aussi en situation d’avoir très peu d’impôts à payer — sauf pour les revenus de travail à temps partiel — durant la première décennie de leur retraite, soit de 2029 à 2039.

Suivraient quelques années de retraits accrus de leurs comptes REER, que David Truong estime aux environs de 25 000 $ chacun en fonction des objectifs d’optimisation fiscale à court terme et de longévité de l’épargne-retraite à long terme.

Ces retraits accrus de comptes REER seraient alors le principal revenu imposable de Rebeca et Louis jusqu’à leur admissibilité autour de l’an 2045 — à leur 65e anniversaire — aux prestations entières des régimes de retraite.

Les chiffres 

Actifs financiers 

Rebeca, 40 ans
Placements en compte non enregistré : 10 000 $
Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) :  262 600 $ (23 000 $ à combler)
Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 50 600 $ (19 000 $ à combler)
Compte de retraite immobilisé (CRI) : 56 000 $
Actif en régime de retraite d’employeur : 7500 $ (à cotisations déterminées)

Louis, 44 ans
Placements en compte non enregistré : 86 000 $
Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 157 000 $ (0 $ à combler)
Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 76 000 $ (7000 $ à combler)
Compte de retraite immobilisé (CRI) : 24 000 $

Actif non financier

Maison unifamiliale : 340 000 $
Passif
Prêt hypothécaire : 180 000 $ (prévu à 0 $ à l’échéance en 2024)
Revenu brut du couple 
189 000 $/an
Principaux débours des conjoints
Dépenses personnelles et familiales : 32 000 $/an
Dépenses liées à la résidence : 56 000 $/an
Débours liés à la fiscalité (impôts, etc.) : 39 000 $/an
Contributions en épargne-placement (REER, CELI, régimes de retraite et d’achat d’actions de l’employeur, non enregistrés, etc.) : 38 000 $/an

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