LES CHIFFRES  Stéphanie, 49 ans REER : 78 000 $ REEE : 40 000 $ Autres épargnes : 20 000 $ CELI : 13 000 $ Duplex à Montréal : évalué à 550 000 $ (propriétaire-résidante au rez-de-chaussée et au sous-sol, logement locatif à l'étage) Dette hypothécaire liée au duplex : 137 000 $ Revenu annuel total : 94 000 $ (avant impôts et déductions) Dépenses résidentielles :  environ 23 000 $/an Dépenses de vie :  environ 30 000 $/an Débours fiscaux :  environ 13 000 $/an Débours d'épargne-placement :  environ 6000 $/an Projets budgétaires  à moyen terme  Aménagement de pièces au sous-sol du duplex :  environ 75 000 $ d'ici deux ans. Droits de scolarité pour enfant :  environ 5000 $ par an à compter de 2022

Stéphanie, 49 ans, est mère seule d'un enfant d'âge scolaire et employée à temps plein dans la fonction publique québécoise.

Cet emploi est bien rémunéré, doté de bons avantages sociaux et d'un régime de retraite réputé très solvable à long terme.

Pour Stéphanie, ça signifie une sécurité de revenu jusqu'à sa retraite prévue dans une quinzaine d'années, à l'âge de 65 ans.

Aussi, sa participation au Régime de retraite des employés du gouvernement du Québec, le RREGOP, lui permet de se constituer un bon actif en prestations de retraite prédéterminées, et à risque financier presque nul.

Dans son budget de vie courante, Stéphanie constate avoir « bien peu de lousse » entre son revenu disponible et ses principaux débours : dépenses résidentielles, dépenses familiales et personnelles, épargne, etc.

Or, elle a un important projet : aménager une chambre et une salle de bains pour son préado au sous-sol de son duplex. Stéphanie estime le coût de ces travaux à un maximum de 75 000 $. Elle considère aussi que cet agrandissement devrait rehausser la valeur de sa propriété.

Toutefois, Stéphanie s'interroge sur sa capacité à bien financer un tel projet sans qu'il pèse trop sur son budget courant et ses autres projets des prochaines années.

La situation financière de Stéphanie et ses préoccupations pour la suite ont été soumises à Christian Paré, planificateur financier et conseiller en sécurité financière (assurances, rentes) à la firme Gestion de patrimoine Aisance, établie à Brossard, en banlieue de Montréal.

Premiers constats

D'emblée, Christian Paré constate que « l'essentiel du plan de match financier de Stéphanie à moyen et à long terme est déjà bien établi ».

Néanmoins, il estime qu'il y aurait encore certains éléments de cette situation financière qui pourraient être ajustés pour mieux préparer les projets prioritaires.

À court terme, c'est le financement de l'aménagement des pièces au sous-sol, tout en continuant d'épargner pour les études de son enfant.

À plus long terme, c'est de pouvoir continuer à se constituer un avoir net (libre de dettes) suffisant pour financer une retraite plaisante.

Avant d'énoncer ses conseils à Stéphanie, Christian Paré tient à rappeler l'importance de vérifier le bon état de sa planification successorale en cas d'incapacité personnelle ou de décès prématuré.

« Cette vérification est particulièrement importante pour Stéphanie considérant son statut de mère seule d'un enfant d'âge mineur qui sera à sa charge principale pour au moins une dizaine d'années », résume M. Paré.

« En ce sens, ma première recommandation est qu'elle s'assure auprès d'un notaire que ses documents testamentaires soient vraiment conformes à ses dernières volontés, incluant un mandat de protection en cas d'incapacité. »

« Aussi, Stéphanie devrait s'assurer d'avoir une protection financière adéquate en cas d'invalidité, de maladie grave et de décès prématuré. » 

Entre-temps, ajoute M. Paré, en prudence budgétaire, « Stéphanie devrait maintenir un fonds d'urgence équivalant à trois mois de dépenses en cas d'imprévu. »

Conseils financiers

D'entrée de jeu, Christian Paré tient à préciser les hypothèses financières avec lesquelles il a préparé ses conseils : 

rendement des placements à 3,9 % par an en moyenne durant les 16 prochaines années jusqu'à la retraite prévue à 65 ans, puis à 3,2 % par la suite ;

taux annuel d'inflation à 2 % par an ;

hausse des revenus de logements locatifs de 2 % par an ;

indexation de 1 % par an des prestations futures de fonds de retraite.

Avec ces hypothèses, M. Paré lui suggère d'abord d'interrompre ses cotisations annuelles à son REER au bénéfice de cotisations plus élevées au Régime d'épargne-études (REEE) déjà constitué pour son enfant.

« Considérant qu'elle participe déjà à un bon régime de retraite avec son employeur, l'actif de 78 000 $ déjà constitué dans son REER, et qui continuera de fructifier, s'avère suffisant pour ses besoins futurs », estime M. Paré.

« En contrepartie, Stéphanie devrait prioriser les contributions au REEE de son enfant au cours des prochaines années afin de profiter au maximum de la subvention fiscale qui en découle, qui peut s'élever jusqu'à 30 % du montant versé. »

Dans un deuxième temps, M. Paré suggère à Stéphanie de transférer dans son CELI la partie de son épargne générale - environ 20 000 $ - qui serait déjà excédentaire à son besoin d'un « fonds d'urgence » de trois mois de dépenses courantes.

« Stéphanie a encore beaucoup d'espace disponible dans son CELI et ça demeure l'une des meilleures façons d'éviter l'impôt sur les revenus de cette épargne excédentaire, même s'il ne s'agit que de faibles intérêts », explique Christian Paré.

En ajustant ainsi ses principaux actifs d'épargne, en tenant compte aussi de la fiabilité de ses revenus d'emploi et de logement locatif, M. Paré estime que Stéphanie aura renforcé sa situation financière en vue d'un train de vie de retraite en bonne continuité de sa vie courante.

Il estime aussi qu'à défaut de gros imprévu budgétaire d'ici à sa retraite, Stéphanie devrait aussi avoir la capacité financière de retarder de deux ans - de 65 à 67 ans - le début de ses prestations de régimes de retraite publics.

« Un tel décalage d'à peine deux ans serait récompensé d'une bonification de quelques milliers de dollars par an de ces prestations de régimes publics. Et ce, jusqu'à la fin de ses jours », souligne Christian Paré.

« Cette bonification de prestations décalées est un avantage encore méconnu. Pourtant, elle peut réduire considérablement le risque de manquer d'argent en cas de vieillissement à un âge très avancé, en perte d'autonomie et au-delà de l'espérance de vie. »

Financer l'agrandissement résidentiel

Cela fait, Stéphanie pourra passer aux préparatifs financiers de son projet d'aménagement du sous-sol.

« Avec une situation financière déjà bien établie, et de saines priorités budgétaires, Stéphanie ne devrait pas avoir de difficulté à obtenir un financement additionnel avec des conditions avantageuses. »

- Christian Paré,  planificateur financier et conseiller en sécurité financière

Pour y parvenir, il lui suggère d'obtenir l'assistance d'un courtier en financement hypothécaire pour bien magasiner le type de prêt le plus avantageux pour son projet.

« Ça pourrait être une marge de crédit hypothécaire, qui procurerait à Stéphanie une grande flexibilité de débours et de remboursements, au fil de ses besoins et de ses disponibilités budgétaires », suggère M. Paré.

« Ou encore, selon les conditions proposées, Stéphanie pourrait préférer un nouveau prêt en seconde hypothèque sur son duplex, selon le budget prévu pour ses travaux d'aménagement. Elle pourrait sans doute coordonner les termes de cette seconde hypothèque avec ceux de la première, qui sera renouvelable dans un an environ. »

Dans tous les scénarios, cependant, Christian Paré avertit Stéphanie qu'elle devra résister à la tentation du « tant qu'à faire » observée lors de la réalisation de tels projets d'aménagement résidentiel, et qui mène « trop souvent » à des débordements budgétaires.

« Si Stéphanie contrôle bien le budget de son projet, et qu'elle limite ainsi la hausse de son endettement hypothécaire, elle devrait pouvoir réaliser sans trop de difficulté son objectif d'être exempte de dette au moment de sa retraite, dans une quinzaine d'années. »