La saga Desjardins se poursuit. L’incertitude règne chez les membres touchés par le vol de données personnelles, qui ont été nombreux à écrire à La Presse pour faire part de leurs inquiétudes et poser les questions qui les taraudent depuis plusieurs jours.

Les frais payés par Desjardins à Equifax et à TransUnion auront-ils un impact sur les ristournes versées chaque année aux membres de l’institution financière ?

Selon nos calculs, les services de surveillance pendant cinq ans des 2,9 millions de dossiers touchés représentent une valeur d’environ 7 milliards de dollars. Desjardins n’a pas voulu dévoiler les détails de l’entente conclue avec les deux sociétés de crédit, mais assure que la somme payée est inférieure à notre évaluation. L’institution souligne par ailleurs avoir la « capacité financière pour faire face à cette situation ». « Il n’y a pas de lien entre la somme payée [à Equifax et à TransUnion] et les ristournes versées », a tenu à préciser Jean-Benoît Turcotti, conseiller en communications de Desjardins. Les résultats du deuxième trimestre de l’institution seront dévoilés le 12 août. Il reste maintenant à voir si on y inscrira une charge spéciale liée à toute cette histoire. « Au moment où l’on se parle, je ne le sais pas », a répondu le porte-parole.

Pour éviter à ses membres tout ce casse-tête administratif, caractérisé par des lignes téléphoniques qui surchauffent et un site internet parfois inactif, pourquoi Desjardins n’a-t-elle pas pris en charge elle-même l’inscription des dossiers au service de surveillance d’Equifax ?

« Si on avait été capable de le faire, on l’aurait fait, répond Jean-Benoît Turcotti. Mais il faut que les membres donnent leur consentement. Ça va au-delà de Desjardins. » Ironie du sort, comme il s’agit de renseignements personnels, les usagers doivent eux-mêmes certifier que l’information est bonne.

Qu’est-ce qui sera fait au cours des prochains jours pour améliorer la situation ?

Le traitement des dossiers, qualifié de véritable chemin de croix par plusieurs personnes, devrait s’améliorer, assure-t-on chez Desjardins. « Au cours des prochains jours, les membres vont constater que le nombre de questions d’authentification va diminuer [sur le site d’Equifax] », explique M. Turcotti. Ainsi, selon le conseiller en communications, lorsque le site fonctionne bien, l’inscription du dossier peut prendre en moyenne de cinq ou six minutes. Avec l’amélioration du système d’authentification, celle-ci pourrait être faite en deux ou trois minutes, calcule Jean-Benoît Turcotti.

Qu’arrivera-t-il dans cinq ans, lorsque l’entente de protection payée par Desjardins prendra fin avec les deux agences ?

Pendant cinq ans, l’institution financière paiera les services de surveillance d’Equifax et de TransUnion, chacun d’une valeur de 19,95 $ par mois. « Lorsque la période de cinq ans prendra fin, le forfait de protection va s’arrêter, répond M. Turcotti. Les gens ne se retrouveront pas à payer sans le savoir. » Les usagers qui souhaitent alors avoir recours à un service de surveillance devront en assumer les frais.

Est-ce que l’individu à l’origine de la fraude bancaire a été arrêté ou le sera-t-il bientôt ?

Selon nos informations, la Sûreté du Québec ne prévoit pas faire d’arrestation dans l’immédiat et ne veut pas se prononcer sur des délais ; l’enquête débute et les limiers en sont encore à vérifier si l’individu qui a volé les données a agi seul ou avec des complices, et combien étaient ces derniers, le cas échéant. « Nous sommes partis de la base de l’enquête de la police de Laval qui a été très bien amorcée. Nous avons plusieurs enquêteurs – provenant surtout des crimes économiques – qui sont sur le dossier en collaboration avec leurs collègues de la police de Laval et ils ne sont pas en vacances », a indiqué le lieutenant Nicolas Roberge de la Sûreté du Québec, sans confirmer ou infirmer les informations de La Presse. M. Roberge n’a pas voulu donner de détails sur la nature de la transaction qui a débouché sur la première plainte d’un citoyen dans cette retentissante affaire, qui est survenue à Laval ni le moment et le lieu exacts de cette transaction. Il a rappelé qu’il y a deux volets dans l’enquête ; le vol des informations personnelles des clients de Desjardins par un ex-employé, et l’utilisation frauduleuse de ces données. Le lieutenant Roberge ne savait pas si, mis à part le premier plaignant, d’autres clients de Desjardins dont l’identité a été volée ont été victimes d’une transaction frauduleuse, mais il avait tout de même ce message à transmettre aux trois millions de membres du mouvement coopératif concernés par l’affaire. « Les gens qui se sont fait voler leur identité n’ont pas besoin de porter plainte à la police. Nous avons déjà la liste. Par contre, nous invitons les clients dont les identités auraient été utilisées dans des transactions frauduleuses à communiquer avec leur corps de police local dans les plus brefs délais ». — Daniel Renaud, La Presse

Qui est...

Equifax Canada Selon le Registraire des entreprises du Québec, Equifax est une société d’évaluation du crédit d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, mais son siège social est à Toronto. Lisa Nelson occupe le poste de présidente de l’agence. Au Québec, les bureaux sont situés à Montréal. Equifax emploie « entre 100 et 249 » personnes dans la province.

TransUnion Canada TransUnion Canada est également une agence d’évaluation du crédit. Son siège social est situé à Burlington, en Ontario. Selon le site internet de l’agence, on retrouve également des bureaux de TransUnion à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard.