Mario Paquette a tout vendu au Canada. Il a fermé ses comptes de banque et s'est départi de sa maison à Cornwall, où il avait terminé sa carrière dans les services correctionnels. En février dernier, le retraité de 59 ans a mis le cap sur le Panamá. Pour de bon.

Contrairement aux nombreux snowbirds qui s'installent en Floride quelques mois durant l'hiver, sa conjointe et lui veulent s'expatrier définitivement.

Ils souhaitent faire leur nid dans un pays où le coût de la vie leur permettra de vivre plus à l'aise avec leurs revenus de retraite.

« Pour nous, cela devient inconcevable de vivre avec ces avalanches de taxes qui se succèdent sans arrêt, en plus du climat pas vraiment clément au Canada », explique le retraité du gouvernement fédéral.

L'an dernier, le couple a passé cinq mois au Costa Rica, où il a croisé une quantité incroyable de Québécois installés à demeure. « Là-bas, les gens sont capables de souffler, d'avoir une belle vie sans être étouffés. Au Canada, le coût de la vie augmente, mais la pension n'augmente pas », dit M. Paquette.

Dans le Sud, le climat est doux. Et les prix aussi. Par exemple, le couple a loué un appartement à 10 min de voiture de la mer dans la région la plus chère du Costa Rica pour seulement 600 $ par mois. Un condo très propre de deux chambres à coucher, deux salles de bains, meublé jusqu'au moindre ustensile. Même le ménage hebdomadaire était inclus.

« Quand tu te lèves le matin, il fait beau. Le soleil t'attend. Il ne te reste qu'à décider ce que tu vas faire. Aller à la plage ? Un peu de magasinage ? Faire de la bicyclette ? Visiter des endroits ? », énumère l'heureux retraité.

Si le couple reluque maintenant le Panamá, c'est que le pays attire les retraités étrangers en leur offrant toutes sortes de rabais, mais surtout en leur délivrant un visa de résidence permanente pour peu qu'ils aient des revenus de retraite de plus de 1000 $ US par mois.

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En effet, ne migre pas qui veut dans le pays de son choix.

« On tient souvent pour acquis qu'on peut aller s'installer n'importe où dans le monde. Ce n'est pas vrai. On ne peut pas simplement choisir une destination de rêve et aller s'installer là pour toujours. Il faut un statut d'immigration », prévient Julie Lessard, avocate spécialisée en immigration associée du cabinet BCF.

Pour les Canadiens qui songent à s'expatrier à la retraite, la loi sur l'immigration est donc le premier élément à considérer.

« Aux États-Unis, ce n'est pas évident de devenir résident. Il faut un visa pour avoir le droit de passer plus de six mois par année. Pour un retraité, c'est très difficile », assure Caroline Vanier, avocate au cabinet Racicot et Associés qui se spécialise dans la planification transfrontalière.

Une des rares solutions pour migrer chez l'Oncle Sam est d'y investir au moins un demi-million dans une entreprise « à risque », ce qui est loin d'un projet de retraite de tout repos.

Par contre, d'autres pays sont beaucoup plus accueillants (voir onglet 4). Le Panamá et le Portugal, par exemple, ont des programmes qui permettent d'obtenir un statut de résidence en accéléré.

« Les pays qui offrent ces régimes traversent souvent une période de chômage prolongée, des fermetures importantes d'industries, une dépression du marché immobilier. Pour attirer des capitaux, ils créent un régime favorable pour stimuler les investissements ou la consommation », explique Yves Coallier, fiscaliste international, président de GCI Tandem et partenaire du cabinet Gallant.

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Régime fiscal

Certains pays se démarquent aussi par leur régime fiscal attrayant (voir onglet 3). Quand, en plus, le coût de la vie y est plus faible qu'au Canada, c'est le pactole... même s'il faut prévoir dans son budget les coûts d'une assurance maladie.

« C'est hautement faisable d'aller s'installer à l'étranger, affirme M. Coallier. Les gens ont souvent l'impression que c'est plus complexe que ça l'est en réalité. »

En fait, ce ne sont pas tant les enjeux financiers qui empêchent les retraités de quitter définitivement le Canada que les questions culturelles et familiales.

Après trois mois à l'étranger, les expatriés frappent souvent un mur. « Ils vivent le choc de l'éloignement. Il suffit qu'ils entendent une chanson de Paul Piché à la radio pour avoir les larmes aux yeux », dit à la blague M. Coallier.

Certains font carrément demi-tour, raconte Mme Vanier, qui a vu des clients rentrer au Canada après avoir fait toute leur planification financière. Les racines canadiennes étaient trop profondes. La bouture ne prenait pas à l'étranger.

« Même si c'est plus avantageux fiscalement parlant, il faut vraiment s'assurer que l'endroit où on désire s'installer nous convient. C'est bien beau d'économiser de l'argent, mais quand le mental n'est pas là, ça ne sert pas à grand-chose », dit Mme Vanier. C'est pourquoi elle conseille toujours de faire un séjour un peu plus long pour bien connaître les moeurs et coutumes de l'endroit avant de couper les ponts avec le Canada.

C'est exactement ce qu'a fait Mario Paquette en séjournant dans différents pays. Maintenant, il se sent prêt. « On ne pense pas revenir, sauf comme visiteurs une fois de temps en temps », affirme-t-il.

Et la famille ? Son fils est en Nouvelle-Zélande. Sa fille songe à aller vivre au Mexique. Mais avec FaceTime, le monde est plus petit qu'avant.