Une bonne stratégie de décaissement est importante pour tirer le maximum de son épargne après avoir quitté le marché du travail. Voilà ce que recherche Jean-Pierre, à deux ans de sa retraite définitive.

LE PROBLÈME

Semi-retraité, Jean-Pierre quittera définitivement son emploi à 65 ans. Il aimerait en profiter pour voyager avec sa conjointe. Mais d'ici là, il veut surtout s'assurer d'avoir le meilleur plan de décaissement possible.

Travailleur dans le milieu de l'informatique, il a un régime de retraite avec son employeur, deux comptes de retraite immobilisés (CRI) et un régime enregistré d'épargne-retraite (REER) plutôt bien garni. Sa conjointe, Marielle, a un peu moins d'épargne. À 60 ans, elle est déjà à la retraite.

Actuellement, le couple paie ses factures grâce au salaire de Jean-Pierre et des prestations du régime de rentes du Québec qu'ils reçoivent. Dans deux ans, ils vont commencer à puiser dans leurs épargnes.

« Quand je serai à la retraite, nous pensons conserver un train de vie semblable, indique Jean-Pierre. Je vais peut-être avoir un petit peu moins de dépenses liées à mon travail, mais la différence dans notre budget sera relativement faible. Par contre, nous aimerions consacrer de 8000 à 10 000 $ de plus à des voyages. »

Déjà, le couple va s'envoler pour l'Italie l'automne prochain dans le cadre d'un voyage organisé. « Nous aimerions visiter d'autres pays d'Europe, dont le Portugal, avance-t-il. Nous souhaitons aussi aller dans différentes destinations en voiture au Canada et aux États-Unis. » Il songe notamment à faire un « road trip » vers la Floride.

Par ailleurs, le couple est propriétaire d'une maison d'une valeur de 343 200 $. « Nous allons sûrement la vendre éventuellement, mais nous ne sommes pas rendus là, indique Jean-Pierre. Tant que l'entretien ne devient pas trop exigeant physiquement, nous voulons la garder. Je pourrais aussi faire réaliser certains travaux par d'autres à un moment donné. Nous ne sommes pas prêts à aller ailleurs. »

Marielle songe à transférer une partie de son REER dans un CELI. « L'objectif serait de minimiser l'impact fiscal au moment du retrait, explique Jean-Pierre. Nous envisageons aussi d'utiliser le fractionnement de revenu. Doit-on absolument attendre à 65 ans ? »

LA SOLUTION

Tout d'abord, la situation financière du couple lui permettra d'avoir une belle retraite sans soucis. « J'ai calculé qu'ils ont suffisamment d'argent pour vivre jusqu'à 95 ans pour Marielle et 98 ans pour Jean-Pierre, sans avoir à vendre la maison, explique David Truong, conseiller au centre d'expertise de la Banque Nationale. Donc rien ne les empêche de dépenser un peu plus au début de leur retraite pour voyager et en profiter. Ils ne doivent cependant pas se mettre à faire trop de folies non plus. »

Compte tenu de leur situation, les possibilités d'optimisation sont limitées. Cependant, le couple pourra effectivement utiliser le fractionnement de revenu lorsque Jean-Pierre aura atteint 65 ans. « Dans leurs déclarations de revenus, ils vont partager les revenus pour qu'ils soient égaux, précise M. Truong. Cela leur permettra de payer moins d'impôt. »

Comme ils se retrouveront tous les deux dans la première tranche d'imposition, l'idée de transférer des sommes dans le CELI est moins intéressante. « Dans leur cas, la seule chose que ça change de sortir de l'argent du REER pour le mettre dans le CELI, c'est qu'ils vont payer de l'impôt plus vite et ce n'est pas avantageux. Ils ne feront pas d'économies. » Surtout que l'impôt payé sur le retrait amoindrira la somme investie dans le CELI et il fructifiera donc moins rapidement.

Dans certains cas, cette stratégie peut être intéressante afin d'obtenir le supplément de revenu garanti. Malheureusement, ce n'est pas le cas de Jean-Pierre et Marielle. « Ils reçoivent déjà plus de 16 000 $ du Régime de rentes du Québec et si on ajoute à cela la rente que Monsieur va recevoir de son employeur, on dépasse le seuil de 23 520 $ », estime M. Truong.

Par ailleurs, il suggère au couple de penser à retarder sa demande de la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV). « En la reportant à 70 ans, il y a une bonification de 36 %, indique M. Truong. C'est plus intéressant que de la demander à 65 ans. » Comme leur revenu ne dépasse pas 75 000 $ par année, ils n'ont pas à s'inquiéter de voir leur PSV réduite.

DÉCAISSEMENT

Au moment de la retraite de Jean-Pierre, le couple devra commencer à décaisser son épargne pour vivre. Tant le CRI que le REER sont des revenus imposables au moment du retrait. « Dans le cas du CRI, il y a un montant maximum que le détenteur peut retirer, on ne peut pas le sortir tout d'un coup, explique M. Truong. Compte tenu des restrictions, on va généralement essayer de se départir du CRI d'abord en retirant le maximum autorisé. On comble ensuite le manque à gagner avec des sommes puisées dans le REER. »

Le calcul du retrait maximal d'un CRI varie notamment en fonction de la province. Dans le cas de Jean-Pierre, il pourra obtenir 9600 $ de son CRI du Québec et 7296 $ de celui de l'Ontario la première année de sa retraite, selon M. Truong. Quant à Marielle, son retrait maximal serait de 2394 $ en 2020.

Vous planifiez un projet qui demande une utilisation judicieuse de votre argent ? Une nouvelle maison, l'arrivée d'un enfant, une année sabbatique, un changement d'emploi, le règlement de vos dettes ou la retraite ? Cliquez ici pour nous écrire.