LE PROBLÈME: Josiane veut faire un retour aux études. À 40 ans. Avec une fille de 2 ans. Et elle est mère de famille monoparentale.

« Je souhaite faire une maîtrise », expose-t-elle.

Elle travaille chez son employeur actuel depuis 2001.

« J'aimerais changer un peu mon domaine et être là pour la gestion de conflits, aider les gestionnaires pour les cas plus difficiles. »

Une maîtrise en ressources humaines lui permettrait d'élargir sa trousse d'outils de gestion.

« Idéalement, ce serait de prendre deux ans en sabbatique, mais je ne pense pas que ce serait possible. Ce serait probablement un an à temps plein et un an à temps partiel. »

Faire toutes ses études à temps partiel équivaudrait à arracher lentement un sparadrap.

« D'abord, c'est long, et ensuite, si je les fais le soir, en étant mère de famille monoparentale, ça me complique la vie. » - Josiane

Selon l'information qu'elle a recueillie sur l'internet, les droits de scolarité s'élèveraient à 390 $ par cours. « Une maîtrise comprend 15 cours sur deux ans », indique la future étudiante.

Pour une maîtrise de 15 cours, ils totaliseraient donc 5850 $.

Josiane habite sur l'île de Montréal, ce qui facilitera les déplacements pour ses futures études.

Elle est propriétaire d'un condo, dont la mensualité avoisine 1000 $. « Mon prêt hypothécaire est actuellement à 3,59 % pour cinq ans. Il sera à renégocier en janvier 2019. Je pensais le renouveler en août 2018 puisqu'à partir de septembre, je n'aurais plus de revenus fixes. »

Est-ce une bonne idée ?

Ses revenus mensuels actuels totalisent 4551 $ après impôts, prestation fiscale pour enfants incluse. Ils couvrent tout juste ses dépenses, qui atteignent 4532 $. Son prêt auto, qui se soldera le 25 novembre 2019, est sans intérêts.

Elle prévoit commencer ses études en septembre 2018.

« J'ai à peu près 30 000 $ d'accumulés, est-ce que j'en ai assez pour vivre un an ? », s'inquiète-t-elle. « Suis-je admissible aux prêts et bourses ? Si oui, combien cela me rapportera-t-il ? »

LA RÉPONSE

Pour traverser cette zone d'intenses turbulences financières, Josiane devra jeter du lest.

« Est-ce qu'on est capable de réduire au maximum ses dépenses ? », pose le planificateur financier David Truong, conseiller au Centre d'expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859.

Ses dépenses totalisent actuellement 54 400 $.

« Josiane doit être alerte parce qu'il y a nécessairement des dépenses qu'elle ne pourra plus faire. » - David Truong, conseiller au Centre d'expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859

Il lance diverses pistes de réflexion.

« Est-ce qu'il y a possibilité de diminuer les versements hypothécaires ? », demande-t-il.

Le prochain renouvellement du prêt n'est prévu qu'en janvier 2019. Si les pénalités sont acceptables et que la période d'amortissement n'est pas déjà à son maximum, elle pourrait être allongée à 25 ans pour la durée des études.

« Est-ce qu'il y a vraiment une nécessité d'avoir une voiture lorsqu'on retourne aux études ? », demande-t-il encore. Josiane pourrait songer à vendre sa voiture et utiliser l'autopartage durant ses deux années d'études.

Elle supprimerait de son budget annuel environ 7380 $ en mensualités, essence, entretien et stationnement.

Il serait ainsi ramené à 47 000 $ - soit un coût de vie de 15 670 $ par trimestre d'études.

PROGRAMME D'ÉTUDES

Nous ignorons quel type de maîtrise entreprendra Josiane. Avec projet dirigé ou mémoire ?

Pourra-t-elle suivre des cours durant le trimestre d'été ?

Comme base de calcul, David Truong suppose que Josiane fera l'essentiel de sa scolarité en quatre trimestres consécutifs, de septembre 2018 à décembre 2019.

Si son projet dirigé n'est pas encore achevé, peut-être pourra-t-elle le compléter en reprenant le travail en janvier 2020.

Un trimestre de quatre cours à 390 $, avec un coût de vie de 15 670 $, lui coûterait 17 230 $.

« C'est ce qu'on essaie de subventionner », résume notre planificateur.

LES ÉPARGNES

Josiane détient 22 170 $ en CELI, ce qui constitue un excellent fonds d'urgence, constate-t-il. Or, les études ne sont-elles pas justement une forme d'urgence ?

Il en retient 22 000 $ pour la maîtrise de Josiane.

« Elle pourra les remettre après, ce ne sont pas des droits perdus », informe David Truong.

Il réserve également les 6000 $ qui dorment dans le compte courant.

Josiane détient 29 000 $ en REER. Le Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP) autorise les retraits du REER sans impact fiscal pour financer un retour aux études.

Le détenteur du REER peut retirer jusqu'à 10 000 $ par année, pour un total cumulatif de 20 000 $. Josiane pourrait donc s'emprunter à elle-même 20 000 $.

« Avec des études à temps partiel, on ne peut pas utiliser le REEP », précise David Truong. Raison de plus pour que Josiane fasse ses études à temps complet.

Voilà donc des fonds de 48 000 $.

AIDE FINANCIÈRE AUX ÉTUDES

Combien Josiane pourrait-elle obtenir en Aide financière aux études (AEF) ? Pour l'estimer, David Truong a utilisé le simulateur du site de l'AEF pour l'année 2017-2018 - l'année la plus récente.

L'aide financière pour sa première année d'études, de septembre 2018 à août 2019, sera calculée en fonction des quelque 60 000 $ qu'elle aura gagnés durant les huit premiers mois de l'année 2018. Son statut de mère seule d'un enfant mineur est également pris en compte.

Pour l'année 2018-2019, soit les trimestres d'automne, d'hiver et d'été, la simulation génère un prêt d'environ 6080 $.

Une simulation pour l'année 2019-2020, avec une seule session d'études à l'automne 2019, produit une aide d'environ 6950 $, dont 5525 $ en bourse.

UN BILAN

Avec ses fonds propres et l'aide financière aux études, Josiane pourrait réunir 61 000 $.

Toutefois, ses quatre trimestres consécutifs lui auront coûté 68 500 $.

À la fin de décembre 2019, ce trajet se solde par un déficit de 7500 $.

« Peut-être sera-t-il possible d'aller chercher des bourses ou une autre aide financière spécifique à son programme de maîtrise ? » - David Truong, conseiller au Centre d'expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859

Josiane devra porter une attention constante à son budget. Elle pourra faire le point à la fin de l'été 2019, constater l'état de ses finances, et voir si elle peut clore ses études en décembre 2019 sans déficit. Si nécessaire, elle pourra songer à recourir à un emprunt minime avant de reprendre le travail à temps plein.

C'est déjà un bel exercice de gestion de ses propres ressources.