Certains commerces de proximité comme les épiceries et les banques ont des actions en Bourse qui offrent des dividendes chaque trimestre. Il est donc possible d'investir dans ces entreprises, d'en retirer des dividendes et de profiter ainsi de « ristournes » sur vos prochains achats dans ces mêmes commerces. Petit a b c de l'investissement de proximité.

Consommer ou investir ? Ces deux comportements apparaissent souvent contradictoires en matière de finances personnelles, mais ils ne sont pas irréconciliables. Comment ? Lorsque des consommateurs deviennent aussi investisseurs en actions d'entreprises où ils achètent régulièrement des biens et services.

Ce faisant, leur portefeuille peut bénéficier de l'évolution des résultats et de la valeur boursière de ces entreprises les plus présentes dans la vie de tous les jours.

Aussi, les dividendes trimestriels versés par ces entreprises peuvent devenir l'équivalent pour leurs clients et actionnaires d'une ristourne partielle pour leurs achats fréquents de biens et services.

Dans le milieu des professionnels du placement, on décrit cette approche comme celle de « l'investissement de proximité », c'est-à-dire investir dans des entreprises ou des secteurs d'activité que l'on connaît le plus dans notre vie courante.

Un contact avec la réalité

« En placement, c'est important de pouvoir demeurer éveillé le plus possible à ce qui se passe chez les entreprises où l'on investit. En ce sens, mieux connaître une entreprise parce que nous y sommes un client régulier peut être avantageux pour observer ses tendances d'affaires, favorables ou défavorables », explique Christine Décarie, vice-présidente principale et gestionnaire de portefeuille au Groupe Investors, à Montréal.

Elle gère notamment le « Fonds d'entreprises québécoises » chez Investors, dont l'actif de 260 millions comprend des actions d'entreprises parmi les plus fréquentées par les consommateurs et investisseurs québécois.

« Comme gestionnaire de placement, cette proximité peut fournir l'occasion de mieux prendre le pouls du plan d'affaires et de la culture des entreprises où j'investis. Ça facilite aussi le suivi de ces entreprises au-delà des chiffres financiers et du message parfois très corporatif de leurs hauts dirigeants. »

Attention aux coups de coeur 

Pour Francis Sabourin, directeur en gestion de portefeuille de particuliers chez Richardson GMP, « investir dans des actions d'entreprises que l'on connaît davantage comme client régulier peut être réconfortant » du point de vue d'un consommateur et investisseur.

En contrepartie, dit-il, les investisseurs de proximité doivent se méfier du « piège des coups de coeur ». C'est lorsque l'engouement d'un investissement pour une entreprise qu'il fréquente et apprécie beaucoup comme client ou consommateur en vient à diminuer sa « discipline de placement », explique M. Sabourin.

« Il faut toujours savoir "prendre ses profits" de temps à autre dans la gestion d'un portefeuille, même avec les actions d'entreprises que l'on connaît mieux et que l'on apprécie le plus comme consommateurs. » - Francis Sabourin, directeur en gestion de portefeuille de particuliers chez Richardson GMP

Dividendes en prime

Investir dans les actions d'entreprises où il dépense fréquemment en biens et services peut être motivant pour un consommateur.

Et cette motivation peut être bonifiée à court terme lorsque ces placements concernent des entreprises qui versent des dividendes trimestriels sur leurs actions.

Par exemple, dans le marché des services de télécommunication, le rendement courant en dividende des actions d'entreprises comme les BCE (Bell), Québecor (Vidéotron), Telus et Cogeco, s'échelonne ces temps-ci de 0,5 % jusqu'à 4,7 %.

Dans le marché des postes d'essence, le taux de rendement en dividende des actions d'entreprises dominantes comme les Valero (Ultramar), Imperial Oil (Esso) et Suncor (Pétro-Canada) s'échelonnent de 1,6 % à 4,4 %.

D'autres critères à avoir à l'oeil

S'il est attirant pour les consommateurs-investisseurs, le taux de rendement en dividende d'une action ne doit toutefois pas supplanter les autres critères à avoir à l'oeil, avertissent des professionnels du placement.

« Le montant du dividende ne suffit pas du tout à qualifier les actions d'une entreprise par rapport à une autre », rappelle Francis Sabourin, de Richardson GMP. Il préconise d'ailleurs un « processus en cinq étapes minimales » pour les décisions d'investissement dans les actions à dividende : 

1) L'état du cycle des profits de l'entreprise

« Ce qui permet de mieux évaluer et d'anticiper l'évolution du dividende », dit M. Sabourin.

2) Le ratio de distribution du profit net en dividende trimestriel

« Autour de 30 à 40 % du profit net versé en dividendes, avec une croissance régulière, est la situation la plus souhaitable », selon M. Sabourin.

3) Le taux d'endettement et le coût en capital de l'entreprise

« Afin de mieux jauger sa capacité à faire face à quelques mauvais trimestres de résultats - ça peut arriver pourvu que ça ne dure pas ! - sans avoir à réduire le dividende pour payer des surcoûts d'intérêt ou rembourser des dettes. »

4) Les perspectives d'affaires dans le secteur d'activité de l'entreprise

« Parce qu'elles peuvent permettre d'anticiper l'évolution des résultats de cette entreprise, ainsi que sa capacité future à maintenir ou bonifier dividende », selon M. Sabourin.

5) Le profil particulier de l'entreprise par rapport à ses comparables dans son secteur d'activité et la conjoncture économique parmi ses principaux clients.

PHOTO Mark Coote, Archives Bloomberg

Il est possible de faire le pont entre la consommation et l'investissement grâce aux commerces de proximité.