Mère de 29 ans à la tête d'une famille monoparentale, Aurélie a réussi à mettre plus de 16 000 $ de côté jusqu'ici. Mais elle a l'impression de ne pas avoir de plan. De quelle façon devrait-elle investir ses économies pour bien couvrir ses besoins et obtenir de meilleurs rendements ? Elle a besoin d'une stratégie claire !

LE PROBLÈME

Aurélie a pourtant déjà rencontré un conseiller financier. « Il était sympathique, mais il parlait la langue de la finance et je n'ai pas tout compris... » Elle en savait toutefois assez pour trouver étrange qu'il lui déconseille d'ouvrir un régime enregistré d'épargne-étude. « Je crois qu'il cherchait surtout à vendre ses produits. » Malgré cela, elle a ouvert un CELI et un REER, investi dans des fonds communs de placement.

« Je sais que je pourrais épargner encore plus si j'avais des objectifs bien définis », explique Aurélie.

La jeune femme a commencé à mettre de l'argent de côté quand elle est tombée enceinte de Léa, maintenant âgée de 2 ans. Comme elle ne veut manquer de rien et que le père n'est pas présent, elle met les bouchées doubles. « J'ai l'impression que mon coussin de sécurité n'est jamais assez gros. » 

Coordonnatrice dans une agence de voyages indépendante, Aurélie doit budgéter les six ou sept semaines de chômage qu'elle a chaque été, quand l'agence est fermée. Elle doit aussi planifier sa retraite puisqu'elle n'a pas de régime de retraite avec son employeur. « Ça semble loin, mais j'aimerais une retraite confortable, au début de la soixantaine. »

Elle a développé différentes astuces pour épargner. Les mois où elle reçoit cinq paies hebdomadaires, elle met automatiquement la cinquième de côté. Elle fait de même avec le Soutien aux enfants, versé par Québec. Elle demande également qu'on prélève 40 $ de plus d'impôt sur chaque paie, ce qui, ajouté au crédit pour frais de garde, lui donne un gros remboursement d'impôt. 

Sans testament ni assurance-vie, Aurélie croit que Léa ira vivre avec sa grand-mère si elle n'est plus là. « Ma mère en aurait tout à fait les moyens », dit-elle, avant de reconnaître qu'elle n'a pas vraiment réfléchi à l'aspect financier de la chose. Un courtier lui a déjà fait une soumission d'assurance-vie permanente, mais comme des problèmes de santé occasionnaient une surprime de 100 $ par mois, elle a laissé tomber.

LA SOLUTION

Aurélie est déjà très disciplinée et pourrait économiser davantage, par exemple en espaçant les visites au restaurant. Pour se motiver, elle a besoin de savoir à quoi serviront ces économies. À la retraite  ? À l'achat d'une maison  ?

« C'est une réflexion très personnelle. Notre rôle comme conseiller est d'accompagner, et non de dicter les priorités », prévient Antoine Chaume, planificateur financier et conseiller en sécurité financière chez Lafond. Aurélie devra réfléchir à ses projets à plus long terme, mais c'est un beau problème. « D'habitude, on voit des gens avec des objectifs, mais pas de discipline ! » Plusieurs choses peuvent néanmoins être mises en place dès maintenant.

« Il faut toujours penser au court terme d'abord. Personne ne veut être dans le pétrin demain parce qu'il a tout investi pour sa retraite. » - Antoine Chaume, planificateur financier et conseiller en sécurité financière

Le coussin de sécurité, qui préoccupe tant Aurélie, devrait couvrir trois mois de dépenses, ce qui représente dans son cas environ 9000 $. Un tiers devrait être facilement accessible, et le reste peut être placé dans un CELI à taux d'intérêt élevé ou un fonds de marchés monétaires.

PROTÉGER LÉA

Si Aurélie n'a pas nommé officiellement sa mère tutrice, cette dernière devra obtenir le feu vert du tribunal pour s'occuper de Léa. Un testament notarié éviterait ces complications. Aurélie pourrait aussi préparer un mandat en cas d'inaptitude. Si elle ne veut pas payer un notaire, elle devrait au moins rédiger son testament et le signer devant témoins, et signer une procuration pour que sa mère s'occupe de ses affaires si elle est inapte à le faire, suggère Antoine Chaume.

Il serait important aussi de souscrire à une assurance-vie, croit Antoine Chaume. « La grand-mère aura-t-elle réellement la capacité d'assumer les besoins de la petite jusqu'à ce qu'elle soit autonome ? Et qu'est-ce qui arrivera si elle décède peu de temps après la mère ? »

Une assurance-vie temporaire coûtera moins cher qu'une assurance-vie permanente et répondra au besoin. Même avec ses ennuis de santé, Aurélie devrait selon lui trouver une police de 250 000 $ d'une durée de 10 ans (renouvelable) pour 20 $ à 40 $ par mois.

Il serait également sage de magasiner une assurance-invalidité, ajoute le conseiller en sécurité financière. Il est toutefois possible que de tels produits soient coûteux vu la condition physique d'Aurélie et qu'elle doive choisir une couverture moindre. « Il y a plusieurs gammes d'assurances. L'idée est de trouver un produit qui couvre les besoins jusqu'à 65 ans tout en respectant le budget. »

OPTIMISER LES PLACEMENTS

Aurélie avait vu juste : elle devrait au plus vite ouvrir un régime enregistré d'épargne-étude. « Ça permet de mettre des sous de côté pour elle [le capital lui reste] et de profiter des subventions. En plus, avec son revenu, elle aura droit à des bonifications », dit Antoine Chaume, qui suggère de transférer une partie du CELI dans le REEE et de maximiser les cotisations futures.

Pour le REER et le CELI, Aurélie devrait discuter avec son comptable à la fin de chaque année avant de décider dans lequel investir. « Elle est près du point de bascule, c'est-à-dire le revenu à partir duquel il devient avantageux de cotiser à un REER », précise le planificateur financier.

Quant au portefeuille de placements, Aurélie gagnerait à le diversifier à l'extérieur du Canada, pour diminuer le risque, et à ajouter des fonds de croissance, pour augmenter le rendement. « Il est avantageux d'accepter un peu plus de risques quand on est jeune. Une différence de 1 % de rendement se traduira par plusieurs milliers de dollars à la retraite. » À condition, bien sûr, de respecter son profil d'investisseur et sa tolérance au risque, nuance Antoine Chaume.

LA VIE EN CHIFFRES

AURÉLIE, 29 ans

LÉA, 2 ans

REVENUS BRUTS

Salaire : 915 $/semaine

Allocation canadienne pour enfants : 495 $/mois

Soutien pour enfants (provincial) : 728 $/trimestre

DÉPENSES

Appartement : 905 $/mois

Garderie : 25 $/jour, moins le crédit d'impôt

Électricité, assurances, essence : 340 $/mois

Épicerie : 80 $/semaine

Sorties et restaurants : 125 $/semaine

Autres : 235 $/mois

ÉPARGNE

REER : 3000 $ dans des fonds communs (dividendes et revenu mensuel)

CELI : 12 000 $ dans des fonds communs (dividendes et équilibrés) ; 1500 $ dans un compte d'épargne CELI

DETTES

Prêt auto : 285 $/mois, sans intérêt (échéance en septembre 2018)