L'assurance maladie pour animal de compagnie est plus populaire que jamais. Mais est-ce un choix financier sensé? Une chose est sûre, de plus en plus de gens veulent protéger leurs animaux et les aider à vivre en santé, et pour ce faire, ils sont prêts à payer.
UN CHOIX PAYANT... POTENTIELLEMENT
Assurer Rex avec une assurance maladie pour animal peut être un bon plan pour le portefeuille, parce que le prix d'une intervention chirurgicale peut vite grimper dans les milliers de dollars. Mais s'il garde la forme, on aura alors payé sans rien retirer. Dans quels cas l'assurance pourrait-elle d'être rentable ?
Au début de l'été 2015, Léa Rossignol adopte Sofi, un carlin (pug en anglais) de deux mois, à la SPCA où elle travaille. Quatre semaines plus tard, elle prend une assurance. Deux jours après, Sofi tombe malade.
« J'ai vraiment eu le citron de la portée ! », dit Léa Rossignol.
Sofi a souffert de problèmes gastro-intestinaux et de vomissements. Elle avait aussi des pertes de connaissance. Pour établir la cause de ces maux, Léa a consulté un cardiologue.
Les problèmes et les visites chez le vétérinaire se sont ainsi succédé durant le reste de l'année. Le résultat ?
En près d'un an, Léa a déboursé 6000 $ de frais de vétérinaire, une somme qui a été remboursée à 80 % par son assureur, Petsecure.
« Sans assurance, je serais mal prise. » - Léa Rossignol, propriétaire d'un carlin
Jusqu'à maintenant, Léa en a donc eu pour son argent parce que son plan lui coûte 47 $ par mois. Mais elle reconnaît que certaines personnes ont l'impression de payer pour rien quand leur animal de compagnie est en pleine santé.
ÇA DÉPEND...
Plus généralement, la rentabilité de l'assurance dépend aussi du prix et de la couverture, lesquels varient selon l'assureur.
Desjardins offre trois plans, qui remboursent 80 % des frais engagés. Le premier rembourse jusqu'à 2000 $ par accident ou maladie, le second, jusqu'à 4000 $. Le troisième peut rembourser une somme illimitée.
Dans tous les cas, l'assurance couvre les frais de diagnostic et de soins vétérinaires, de la radiographie à l'hospitalisation en passant par l'opération, les médicaments sur ordonnance et la chimiothérapie.
Le troisième plan de Desjardins, nommé Patte d'or, couvre aussi certains soins préventifs comme les examens et les vaccins annuels, les tests de dépistage du ver du coeur ainsi que les médicaments pour le contrôle des puces. L'assureur rembourse alors au plus entre 45 $ et 130 $.
Le prix pour tout ça ?
Ça dépend. Du type d'animal, de sa taille, de sa race, de son âge et d'où vous habitez.
Pour donner une idée, assurer un labrador de 2 ans à Montréal coûte mensuellement entre 35 $ et 84 $ chez Desjardins, selon le plan. Assurer un mastiff tibétain de 12 ans coûtera entre 41 $ et 99 $.
En moyenne, au pays, assurer un chat pour un an coûte 343,13 $, selon les données 2015 du rapport State of the Industry 2016 de la North American Pet Health Insurance Industry. Pour un chien, c'est 602,10 $.
D'ailleurs, les assureurs couvrent pour l'instant seulement les chiens et les chats. Tant pis pour les propriétaires de tarentule, de cochon miniature ou de mouffette domestique.
GÉNÉTIQUE
Certains chiens sont prédisposés à souffrir de certaines maladies, explique Claudia Turcotte, technicienne en chirurgie spécialisée au Centre Vétérinaire Rive-Sud.
Un teckel (surnommé chien-saucisse), par exemple, est prédisposé aux hernies discales, un problème qui peut coûter jusqu'à 5000 $ à soigner. L'assurance enlève alors un poids des épaules.
« Le chien peut alors vivre sa vie, dit Claudia Turcotte. Pas besoin de l'empêcher de prendre les escaliers. »
C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Léa Rossignol a pris une assurance.
« Je savais que Sofi était à risque de développer des problèmes respiratoires, à cause de son museau plat, et des luxations aux rotules. »
L'assurance permet aussi d'opter pour les meilleurs soins.
« Les gens ont plus tendance à nous donner le go pour aller en chirurgie s'ils ont des assurances. » - Claudia Turcotte, technicienne en chirurgie spécialisée au Centre Vétérinaire Rive-Sud
FONDS FIDO
À moins d'anticiper une catastrophe, comme une greffe rénale coûtant 15 000 $, il est peut-être parfois mieux de mettre de l'argent de côté dans un CELI, explique le planificateur financier André Lacasse, de Services financiers Lacasse.
« L'assurance, je trouve ça dispendieux », dit-il.
Après trois ans à épargner 500 $ chaque année, soit l'équivalent d'une prime d'assurance, on a économisé 1500 $. C'est environ la somme couverte par les plans d'entrée de gamme. Et si notre animal demeure en santé, on peut utiliser cet argent autrement.
Le hic, dit Léa Rossignol, c'est qu'on pourrait avoir besoin de l'argent maintenant. Pas dans trois ans.
« Je n'aurais pas pu économiser des milliers de dollars si rapidement », dit-elle.
Pour elle, l'assurance a valu le coût. Et si Sofi est aujourd'hui en santé, Léa compte malgré tout rester assurée.
Parce que le calcul n'est pas que financier.
« Je vais être certaine de pouvoir m'occuper de Sofi, dit Léa Rossignol. L'assurance nous a sauvé la vie. »
Primes mensuelles moyennes au Canada
ACCIDENT ET MALADIE
Chats : 28,59 $
Chiens : 50,17 $
ACCIDENT SEULEMENT
Chats : 15,11 $
Chiens : 16,05 $
116,52 $
Dépenses des ménages québécois en services vétérinaires et autres services pour animaux de compagnie en 2014
211,69 $
Dépenses des ménages québécois en animaux de compagnie et en aliments pour animaux de compagnie en 2014
Sources : State of the Industry 2016 Report de la North American Pet Health Insurance Industry (NAPHIA), Desjardins, Association canadienne des médecins vétérinaires, Statistique Canada
Quelques assureurs au Canada
Pets Plus Us : www.petsplusus.com/fr
Petsecure : www.petsecure.com/fr-CA
Desjardins : https://produits.desjardinsassurancesgenerales.com/assurance-animaux-compagnie
Trupanion : trupanion.com/quebec
Petplan : www.gopetplan.ca
L'ASSURANCE POUR ANIMAUX EN CHIFFRES
196 772 Nombre d'animaux de compagnie assurés au Canada en 2015
12,2 % : Augmentation de 2014 à 2015
3,2 % : Proportion de ces animaux qui sont au Québec
42,2 % : Proportion de ces animaux qui sont en Ontario
Taille de l'industrie au Canada
2015 : 118 millions
2014 : 102,6 millions
2013 : 91,1 millions
Taille de l'industrie en Amérique du Nord
2015 : 774,0 millions US
Proportion des animaux de compagnie couverts par une assurance
1 % : Canada
23 % : Grande-Bretagne
43 % : Suède
Sources : State of the Industry 2016 Report de la North American Pet Health Insurance Industry (NAPHIA), Desjardins, Association canadienne des médecins vétérinaires, Statistique Canada
PLUS POPULAIRES, MAIS POURQUOI ?
Les assurances pour animaux de compagnie existent depuis 1989 au Canada, mais prennent leur envol depuis seulement cinq ou six ans. Tout comme les autres services traditionnellement réservés aux humains, de l'hydrothérapie aux garderies, elles gagnent en popularité, et les propriétaires y consacrent toujours plus d'argent. Pour quelles raisons ?
VISIBILITÉ
Les assurances gagnent en popularité parce que les gens découvrent aujourd'hui qu'elles existent, explique Randy Valpy, président de la North American Pet Health Insurance Association, un regroupement de l'industrie.
« Les vétérinaires soutiennent davantage ces assurances », dit-il.
« Il y a aussi de nouvelles compagnies qui commercialisent leurs produits différemment. Cela permet de rejoindre de nouvelles personnes. »
SOINS DE SANTÉ PLUS COÛTEUX
Les animaux de compagnie peuvent aujourd'hui recevoir de nombreux traitements auparavant seulement offerts aux humains. Un chien peut ainsi subir une transplantation, un traitement pour le cancer et même une thérapie par cellules souches.
Ces avancées rendent les frais de santé plus coûteux. Les gens veulent donc une assurance pour pouvoir offrir ces traitements à leur animal, si besoin est, même si les primes d'assurance coûtent elles aussi plus cher en raison de ce phénomène.
MENTALITÉS
Randy Valpy explique que les mentalités ont aussi évolué dans le domaine du traitement des animaux de compagnie. Cela contribue sans doute à la popularité croissante des assurances pour animaux.
« Auparavant, certaines personnes voyaient presque leurs animaux de compagnie comme étant jetables », dit Randy Valpy.
Et s'il y a au Québec toujours bien moins de gens qu'ailleurs au Canada qui ont une assurance, en proportion de la population, il estime que la situation pourrait changer d'ici peu.
« Nous allons y arriver, même si ça prendra un peu plus de temps. »
PLUS D'ARGENT POUR FIDO
Le ménage québécois moyen a dépensé 328 $ en nourriture et services pour animaux de compagnie en 2014, selon Statistique Canada. C'est 19 % de plus qu'en 2009, une augmentation plus rapide que pour les dépenses du ménage dans l'ensemble.
Les dépenses pour animaux de compagnie sont d'ailleurs presque à l'épreuve des récessions, explique Randy Valpy. Dans bien des foyers, les animaux de compagnie font partie de la famille et sont traités comme tel.
« Les études démontrent qu'avant de réduire les dépenses pour leurs animaux, les gens vont faire des coupes dans leur propre nourriture. »