Depuis sa séparation, il y a 18 mois, Rosalie s'intéresse de plus près à ses finances.

« Auparavant, mon conjoint s'occupait des questions d'argent, confie la mère de deux enfants. Je ne suis pas complètement nulle en la matière, mais la séparation des tâches s'était faite graduellement de cette façon, en 15 ans de vie commune. »

En rencontrant son conseiller financier, à la suite du partage des actifs avec son ex-conjoint, elle s'est attardée aux frais de gestion de ses placements.

« J'ai remarqué que les frais étaient très élevés, compte tenu des rendements, dit-elle. Par exemple, un de mes fonds a eu un rendement moyen de 3,56 % par année sur 10 ans, à cause des frais de gestion de 3,3 % qui viennent gruger mes gains. »

RÉGIME À COTISATIONS DÉTERMINÉES

Rosalie a aussi accès à un régime de retraite à cotisations déterminées offert par son employeur. En poste depuis trois ans, elle y verse 3 % et son employeur fait la même contribution. Or, son régime collectif ne lui coûte que 0,75 % en frais de gestion. Comme son régime affiche un rendement de 6,18 % depuis un an, et de 8,16 % depuis 10 ans, elle trouve qu'elle en a plus pour son argent.

« Après cinq ans en poste, je pourrai verser 1,5 % supplémentaire et mon employeur fera de même. Mais on m'a dit que je peux mettre plus si je veux. Même si je n'obtiens pas de montant supplémentaire de l'employeur, devrais-je mettre plus d'argent dans mon régime de retraite plutôt que dans mon REER ? »

Sollicitée par son conseiller pour cotiser à son REER avant la date limite du 29 février, Rosalie aimerait prendre la bonne décision.

« Vais-je avoir le même remboursement d'impôt ? Les retraits sont-ils possibles, en cas de force majeure, comme avec les REER ? Y a-t-il un risque pour mes placements si mon entreprise fait faillite ?

« Évidemment, mon conseiller financier ne va pas me suggérer de favoriser mon régime de retraite, puisqu'il perdra de l'argent. »

infographie la presse

PORTRAIT

Rosalie

44 ans

Conseillère en ressources humaines

Revenu : 75 000 $

Séparée, deux fils de 8 et 10 ans

Propriété : valeur de 550 000 $ solde hypothécaire de 275 000 $

CELI : 10 000 $

Droits de cotisation aux REER inutilisés : 74 000 $

L'union fait la richesse

La réponse à la question de Rosalie ne fait aucun doute pour l'actuaire Jean-Daniel Côté : investir le maximum dans son régime de retraite collectif est beaucoup plus avantageux, surtout pour les régimes à cotisations déterminées et les REER collectifs.

« Malheureusement, beaucoup de travailleurs n'en profitent pas parce qu'ils l'ignorent », déplore M. Côté, associé de la firme Mercer, qui administre des régimes de retraite de grands employeurs.

Voici un résumé des avantages : 

De l'argent sur la table

« Si vous augmentez votre cotisation et que l'employeur augmente sa contrepartie du même montant, il faut en profiter, souligne l'actuaire. Sinon, ça revient à laisser de l'argent sur la table. »

Dans certains cas, l'employeur ne versera qu'une proportion de la cotisation supplémentaire de l'employé, mais c'est tout de même drôlement avantageux.

Une gestion moins coûteuse

Les frais de gestion des fonds communs de placement varient généralement entre 2 % et 2,25 %. Ils atteignent souvent 3 % ou plus pour les fonds distincts, qui allient placement et assurance.

« Les frais des régimes collectifs sont beaucoup plus faibles, grâce aux économies d'échelle, note Jean-Daniel Côté. Ils peuvent être aussi bas que 0,4 % et dépassent rarement 0,9 %. »

« Des frais élevés ne sont pas synonymes de meilleurs rendements, souligne sur son site web l'Autorité des marchés financiers. Chaque dollar payé en frais est un dollar de rendement en moins. » Cet écart devient un important manque à gagner au fil des ans.

Attention : quand vous obtenez le rendement de vos fonds de placement, les frais de gestion ont généralement déjà été déduits. C'est donc votre rendement net.

Des rendements intéressants

Les institutions financières ou sociétés d'investissement offrent une multitude de fonds à leurs clients, alors que les régimes de retraite n'en proposent qu'une dizaine. Mais plus de choix n'est pas nécessairement synonyme de meilleur rendement.

« L'employeur qui offre un régime de retraite a un devoir fiduciaire d'offrir des placements de qualité avec des frais adéquats, note M. Côté. Ce sont généralement des portefeuilles bien diversifiés qui s'adaptent à la situation de chacun, notamment en réduisant le risque à l'approche de la retraite. C'est parfait pour les gens qui ne s'intéressent pas aux placements ! »

De plus en plus de flexibilité

La plupart des régimes de retraite permettent aux participants de verser des cotisations supplémentaires, au-delà des montants obligatoires, et même d'y transférer des fonds détenus à l'extérieur, dans un REER individuel. Vous pourriez aussi faire une cotisation forfaitaire, comme dans le cas d'un REER.

« Il est possible pour l'employeur d'ouvrir un REER collectif, séparé du régime de retraite, pour recevoir les cotisations supplémentaires des employés, mentionne l'actuaire. Les avantages sont généralement les mêmes qu'avec le régime de retraite. »

Plus faciles à trouver

Malgré leur grande incidence sur les rendements, les frais de gestion sont méconnus, généralement invisibles sur les relevés annuels complexes à déchiffrer. Mais grâce aux nouvelles règles sur la transparence dans l'industrie des valeurs mobilières, ils seront plus faciles à trouver.

À partir de juillet 2016, les relevés indiqueront clairement la valeur marchande des placements du client, son taux de rendement pour des périodes données et toutes les commissions payées, ce qui n'est pas détaillé actuellement.

Pour un placement que vous détenez déjà, vérifiez les frais de gestion sur le site web de l'entreprise qui distribue les fonds.

D'AUTRES QUESTIONS DE ROSALIE : 

Vais-je avoir le même remboursement d'impôts que si je cotise à mon REER ?

Non seulement les cotisations au régime de retraite sont déductibles du revenu, tout comme les REER, mais si elles sont retenues à même sa paye, Rosalie paiera moins d'impôts chaque semaine, puisque ses retenues à la source seront ajustées. Elle n'aura donc pas à attendre la déclaration de revenus pour se faire rembourser les impôts payés en trop, comme si elle faisait une cotisation forfaitaire au REER. D'ailleurs, le montant maximal qu'elle peut déposer dans son régime de retraite en ayant droit à une déduction fiscale est le même que pour le REER.

Les retraits sont-ils possibles, comme avec les REER, par exemple pour un RAP ?

Non. La stratégie ne s'applique donc pas aux travailleurs plus jeunes qui cotisent à leur REER pour utiliser le Régime d'accession à la propriété (RAP) à l'achat de leur première maison, à moins que leur employeur offre un REER collectif.

L'avantage est-il le même pour d'autres types de régime collectif ?

Oui pour les REER collectifs. Mais pas toujours pour les régimes à prestations déterminées, qui promettent une rente de retraite dont le montant est connu à l'avance. « Certains régimes à prestations déterminées permettent les cotisations supplémentaires, qui donneront une rente supplémentaire au travailleur à sa retraite, explique Jean-Daniel Côté. Mais comme le souci principal des gestionnaires est la solvabilité du régime, pour pouvoir verser une rente à tous les participants, ils ne cherchent pas nécessairement à maximiser les rendements. De plus, moins d'informations sont disponibles pour les cotisants. »

Y a-t-il un risque pour mes placements si mon entreprise fait faillite ?

Les fonds des régimes de retraite sont placés en fiducie, et non pas mêlés aux actifs de l'entreprise. Ils sont donc en sécurité, en cas de faillite.