Faute d'un fort rallye de fin d'année, les rendements des marchés boursiers n'auront certainement pas été un grand cru en 2015. Ils pourraient même être négatifs. Quant aux obligations, peut-être afficheront-elles un rendement de 1 à 2 %, mais ça reste à voir. L'année 2016 sera-t-elle meilleure ? Trois stratèges reconnus nous disent ce qu'ils en pensent.

Clément Gignac

ÉCONOMISTE EN CHEF, INDUSTRIELLE ALLIANCE

« Il n'y a pas de récession ni de bulle financière sur le radar, ce qui signifie que nous ne nous retrouverons pas dans un marché baissier (bear market) en 2016 », dit Clément Gignac. Les marchés haussiers (bull markets) se terminent généralement lors d'une récession ou d'un événement comme la crise financière de 2008.

Même si la probabilité est élevée que la Réserve fédérale américaine (Fed) déclenche une série de hausses de taux d'intérêt, on ne doit pas craindre que cela mette fin au bull market, croit M. Gignac. « En moyenne, ce n'est que deux ans après la première hausse de taux d'intérêt que la tendance du marché s'inverse », dit-il.

Il y a évidemment quelques ombres au tableau. « Si nous ne sommes pas dans un scénario de récession économique, nous sommes toutefois dans un scénario de récession des profits », explique Clément Gignac. Les résultats trimestriels divulgués récemment semblent indiquer que les profits diminueront pour un deuxième trimestre consécutif pour les sociétés du S&P 500.

Néanmoins, le stratège de l'Industrielle Alliance confie qu'il augmente les positions en actions américaines de ses portefeuilles depuis la correction du mois d'août. Et comme le dollar canadien est bas, il aura à l'oeil le marché boursier canadien, qui réagira positivement à toute bonne nouvelle concernant le secteur du pétrole, selon lui.

Benoit Brillon

CHEF DES PLACEMENTS, GESTION DE PORTEFEUILLE LANDRY

« L'espoir pour 2016 repose sur le fait que la tendance est maintenant positive sur le plan économique », dit-il. Les indicateurs avancés, soit ceux qui nous disent où sera l'économie dans six mois, se sont stabilisés et annoncent une croissance plus robuste pour la prochaine année, selon lui.

Mais comme ce fut le cas en 2015, l'incertitude quant aux actions de la Fed risque de demeurer bien présente. « Voit-elle quelque chose que l'on ne voit pas pour ne pas hausser les taux d'intérêt ? », demande-t-il. En conséquence, les marchés seront encore volatils, selon lui.

Que faire alors ? « Si vous avez raté les hausses boursières des six dernières années, ça ne vaut peut-être pas le risque de plonger dans les marchés boursiers aujourd'hui. Par contre, si vous êtes bien investis, vous pouvez le demeurer, car les marchés haussiers se terminent généralement lorsque l'économie fait face à une récession. Or, le risque que cela se produise est pour l'instant très faible », conclut-il.

Où investir ? « Le pari le plus sûr demeure les États-Unis, mais c'est en Europe que le potentiel de gains est le plus élevé », dit-il. Il préfère patienter encore un peu avant d'investir au Canada, le temps d'y voir plus clair quant à une reprise des prix des matières premières.

Luc Vallée

STRATÈGE, BANQUE LAURENTIENNE

L'année 2016 pourrait procurer des rendements boursiers de l'ordre de 7 à 10 %, mais à la condition que l'économie américaine ne s'enlise pas. « Si cela devait être le cas, alors all the bets are off », dit Luc Vallée.

Mais le stratège s'attend à ce que l'économie américaine continue de croître comme elle le fait depuis le deuxième trimestre 2015. Quant à l'économie mondiale, elle devrait atteindre un taux de croissance de 3 à 4 %.

Dans ce contexte, l'indice S&P 500 pourrait terminer l'année 2016 à 2300 points, selon lui. Le rendement pour l'année dépendra donc du point de départ. L'indice vogue actuellement autour de 2000, mais Luc Vallée prévoit qu'un rallye de fin d'année permettra à l'indice de terminer l'année à 2100.

Par ailleurs, la volatilité que l'on a connue en 2015 ne s'estompera pas, selon lui. « À cause de l'incertitude concernant les actions que prendront les banques centrales et la croissance mondiale qui pourrait souffrir des aléas de l'économie chinoise, la visibilité des profits des entreprises est moins grande qu'elle ne le fut dans le passé », dit-il.

« Les actions des grandes sociétés qui ont peu de dettes sont les investissements qui nous apparaissent les plus intéressants, surtout si elles sont américaines », conclut-il.

VERS PLUS DE TRANSPARENCE

La question de la transparence des coûts et des rendements réels des produits financiers comme les fonds communs de placement a souvent fait l'objet de critiques d'investisseurs. La mise en place, le 31 décembre prochain, de la phase 2 du Modèle de relation client-conseiller (MRCC2) devrait remédier à ce problème.

Le MRCC2 modifiera entre autres les rapports que reçoivent les investisseurs sur les rendements et les coûts des produits financiers. La réforme ne concerne pas seulement les fonds communs, mais tout le commerce des valeurs mobilières.

L'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC) explique qu'à l'étape finale du MRCC2, les investisseurs commenceront à recevoir deux nouveaux rapports annuels, l'un portant sur les frais de courtage associés à leurs placements et l'autre, sur le rendement des placements. Les sociétés pourront intégrer ces renseignements aux relevés de compte actuels ou les fournir dans des rapports distincts. Les détenteurs de fonds communs commenceront à recevoir ces rapports au début de 2017 et ils porteront sur leurs opérations de placements de l'année 2016.

Le MRCC2 fera aussi en sorte que les rapports annuels indiqueront le rendement des placements du particulier investisseur ainsi que la rémunération reçue par le courtier en valeurs mobilières.