Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Andrey Omelchak, de LionGuard Gestion de Capital, à Montréal.

LE PLUS SOUS-ESTIMÉ 

Malgré l'effet négatif sur l'économie canadienne des prix plus bas du pétrole, plusieurs investisseurs oublient l'effet bénéfique sur les exportations canadiennes d'un dollar canadien plus faible par rapport au dollar américain. Un bon nombre de sociétés canadiennes bénéficient grandement du taux de change et auront des niveaux de rentabilité plus élevés en vendant leurs produits aux États-Unis. La simple conversion des dollars américains en dollars canadiens donne une meilleure rentabilité aux entreprises. Dans la liste des entreprises mentionnées ci-dessus, Alaris Royalty, Savaria et Terra Firma bénéficient d'un dollar canadien plus faible.

PLACEMENTS À ÉVITER

Dans le secteur de l'énergie, il est prudent de rester à l'écart des sociétés d'exploration et d'exploitation ayant des taux de dividendes élevés. Plusieurs d'entre elles paient des dividendes insoutenables considérant leurs niveaux de flux de trésorerie libres. Certaines de ces sociétés sont très endettées et leur situation se détériore. Pour maintenir leurs dividendes, il faudrait, notamment, des prix beaucoup plus élevés pour le pétrole. On s'attend à voir des baisses de dividendes pour ces entreprises. Jusqu'à ce que les problèmes soient réglés, le prix de leurs actions aura une pression à la baisse.

OÙ INVESTIR AU CANADA ?

Home Capital, un prêteur hypothécaire ontarien pour les nouveaux arrivants et les travailleurs autonomes. HCG a maintenu un rendement sur les capitaux propres aux environs de 20 % au cours des 20 dernières années. Quelques courtiers, parmi son important réseau, donnaient des informations trompeuses à la société sur les emprunteurs. Ils ont été rapidement identifiés et HCG a pris les mesures appropriées. Ce récent scandale permet d'acquérir une excellente entreprise à grand escompte par rapport à sa valeur. Autres placements intéressants : Alaris Royalty, en financement alternatif et Terra Firma Capital, en immobilier.

OÙ INVESTIR AU QUÉBEC ?

Savaria, une société établie à Laval avec des opérations dans toute l'Amérique du Nord. La mission de Savaria est d'aider les personnes âgées avec leurs besoins en mobilité. À notre avis, la société est bien placée pour accroître ses revenus, augmenter ses marges bénéficiaires et accroître son rendement sur le capital investi. Elle est gérée par un PDG compétent et dynamique qui est un actionnaire important de l'entreprise.

L'ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE

Ce furent les données sur l'emploi aux États-Unis. Bien que les chiffres soient légèrement en dessous des attentes, ils démontrent la solidité de l'économie américaine. Avec un taux de chômage de 5,1 %, elle s'approche du plein emploi. Du coup, les investisseurs craignent une hausse des taux d'intérêt de la Fed, mais, à notre avis, cela n'aura pas d'effets majeurs sur les marchés et encore moins sur des titres boursiers soigneusement choisis pour un horizon à long terme. Les principaux perdants seront toutefois les détenteurs d'obligations et les entreprises très endettées.

L'INDICATEUR À SUIVRE

Notre approche est surtout microéconomique. Nous suivons la force des résultats des sociétés nord-américaines. Nous croyons qu'il est plus facile de prendre des décisions d'investissement à partir des résultats spécifiques d'une entreprise et de ceux de son industrie. Nous suivons aussi les interventions et les indications du gouvernement chinois, de la Fed et de la Banque centrale européenne pour soutenir les marchés. Nous étudions aussi les taux de rendement des obligations gouvernementales et corporatives pour évaluer le risque sur les marchés et pour appliquer un taux d'escompte à certains secteurs.

ANDREY OMELCHAK EN BREF

Andrey Omelchak est président et directeur des investissements chez LionGuard Gestion de Capital, à Montréal. Il a fondé cette firme au printemps l'an passé. Auparavant, il avait notamment été gestionnaire de portefeuille, actions canadiennes, dans une société montréalaise de fonds communs de placement. Il a fait ses études en finance à l'Université Concordia.