La promesse de la société internet Winecious de livrer à domicile du vin en importation privée s'est avérée n'être rien de plus qu'un mirage. Nombre de clients floués n'ont toujours pas été remboursés.

L'entreprise, qui se targuait en avril dernier d'avoir vendu plus de 4000 bouteilles par l'entremise de son site transactionnel, n'a toujours rien livré, et tout porte à croire qu'il n'y aura pas de livraison.

Le commerçant internet a multiplié les maladresses en coupant les canaux de communication dans les dernières semaines. Winecious a ainsi fermé sa page Facebook, et son site internet ne propose plus de produits à vendre. Les clients qui attendent toujours leur vin sont laissés à eux-mêmes.



Remboursements

Joint par courriel, le propriétaire de Grape in the Bottle, la maison mère européenne de Winecious, se fait néanmoins rassurant.

«Winecious existe toujours au Québec, nous sommes juste en procédure de restructuration et procédons au remboursement des clients, écrit Lukas Hassler. Le délai peut aller de 60 jours à 90 jours. Nous avons repris la totalité du dossier en main à la maison mère, et plus rien n'est géré au Québec.»

La Presse Affaires a eu connaissance de deux clients qui se sont fait rembourser directement par Winecious. «J'ai eu mon remboursement au début de juin après que Winecious a envoyé un message disant que la société acceptait de rembourser ses clients», dit Geneviève Boucher, ambassadrice, vins et spiritueux, de l'agence réZin sélection, qui avait passe une commande au printemps afin de tester le sérieux de l'entreprise.

Avec son modèle d'affaires, Winecious s'attaquait au monopole de la Société des alcools du Québec (SAQ) dans les vins et spiritueux.

Par contre, trois autres clients qui ont joint La Presse Affaires attendent toujours de revoir la couleur de leur argent. Que peuvent-ils faire pour récupérer leurs billes?

Protection du consommateur

L'Office de la protection du consommateur, qui a reçu 15 plaintes concernant Winecious, recommande aux clients qui n'ont pas reçu leur commande de demander une rétrofacturation à l'émetteur de la carte de crédit avec laquelle l'achat a été effectué.

Cette procédure, explique Charles Tanguay, porte-parole de l'Office, est prévue dans les articles portant sur les contrats conclus à distance dans la Loi sur la protection du consommateur.

C'est d'ailleurs ce qu'a fait Pierre Legault. «J'ai déposé une plainte à MasterCard et après un mois, comme je n'avais toujours pas reçu la caisse de vin, MC m'a remboursé la totalité. C'est bien dommage, car je trouvais le concept fort intéressant», écrit-il dans un courriel.

La SAQ, qui a rapidement mis en garde l'industrie sur le caractère vraisemblablement illégal du modèle d'affaires de Winecious, suggère aux particuliers qui communiquent avec elle à ce sujet de s'adresser à la Sûreté du Québec, «qui est l'autorité responsable du dossier», fait savoir Jean-Vincent Lacroix, directeur des affaires publiques de la SAQ.

Il a été impossible d'obtenir des renseignements du corps policier.

La situation a aussi été signalée à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), ajoute M. Lacroix, bien que cette dernière ne semble pas se sentir concernée. «Comme Winecious n'est pas titulaire de permis, la Régie n'a pas compétence», dit Me Joyce Tremblay, responsable des relations avec les médias à la RACJ.