L'analphabétisme financier fait l'objet d'offensives concertées. Le gouvernement fédéral a lancé le 9 juin dernier sa Stratégie nationale pour la littératie financière.

Six jours plus tôt, à l'occasion de sa Journée sur l'éducation financière, l'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF) présentait son propre plan d'action.

Vous pouvez y voir deux poussées indépendantes, mais coordonnées sur le même front.

LA STRATÉGIE NATIONALE

La Stratégie nationale pour la littératie financière « est un plan d'action qui permettra à toutes les organisations, tant publiques que privées ou à but non lucratif, de concentrer leurs efforts autour des mêmes objectifs », décrit Natasha Nystrom, porte-parole de l'Agence d'éducation en matière financière du Canada (ACFC), organisme chargé de sa mise en oeuvre.

Cette stratégie veut inciter les consommateurs à s'informer afin d'atteindre trois objectifs : gérer judicieusement argent et dettes, planifier et épargner pour l'avenir, se prémunir contre la fraude.

Sur le site de l'ACFC, ils sont déjà invités à évaluer leurs compétences financières et à consulter la Base de données canadienne sur la littératie financière, qui répertorie et catégorise l'information financière diffusée par les organismes participants.

Cette base de données avait été créée à l'automne 2014, « avant le lancement de la stratégie, pour laisser le temps aux organismes de l'alimenter », explique Mme Nystrom.

La stratège derrière cette offensive, Jane Rooney, nommée en avril 2014, est la première chef du développement de la littératie financière au sein de l'ACFC.

Elle est soutenue par un Conseil directeur national sur la littératie financière, auquel siègent 15 personnes du milieu, dont deux Québécois.

L'une d'eux, Suzanne Gendron, est « vice-présidente au Mouvement Desjardins et passionnée de littératie financière », comme elle se décrit elle-même.

« Le document qui a été publié cette semaine est quand même assez général, mais on veut rendre ça très concret, décrit-elle. Pour chacun des grands objectifs de la stratégie et pour chacune des populations visées, on regarde quels sont les outils qui existent, on vérifie si ce sont les bons, on en fait la promotion et on identifie où il y a des écarts, et on va travailler ensemble pour trouver des solutions. » 

Elle reconnaît que c'est un travail de longue haleine. « On ne changera pas les habitudes des Canadiens du jour au lendemain. » 

Elle croit cependant aux efforts concertés.

« Les banques, les organisations de consommateurs, les organismes d'éducation financière, tout le monde est autour de la table et on veut vraiment, pour la première fois je dirais, avoir une stratégie commune et travailler ensemble. »

LE PLAN DE L'AMF

Presque simultanément, l'AMF élaborait son propre « plan d'action pour la stratégie québécoise en éducation financière ».

« Le projet fédéral a été élaboré à peu près en même temps et les deux projets sont un peu en harmonie », décrit Camille Beaudoin, directeur de l'éducation financière à l'AMF et deuxième représentant québécois au Conseil directeur national sur la littératie financière.

« On voit la Stratégie fédérale d'un bon oeil, on y a contribué, et j'ai moi-même un rôle de promoteur de ce projet », affirme-t-il.

Les deux stratégies ne se concurrencent ni ne se redoublent « parce que le concept de stratégie nationale repose d'abord sur la concertation des initiatives du plus grand nombre de joueurs ».

Le projet québécois comporte deux volets. Le premier consiste à concerter petits et grands joueurs concernés par l'éducation financière. Le second veut « changer la culture financière au Québec ».

Qu'a-t-elle de perfectible, cette culture ? « On est encore un peu trop gênés de parler d'argent, de finances et d'économie. »