Les beaux jours sont là et cela se sent aussi à la Bourse. À la veille de juin, les indices hésitent, les nouvelles économiques ont moins d'impact, les volumes de transactions s'amenuisent et les cours sont plus volatils.

Traditionnellement, les Bourses ralentissent leur progression au cours des mois d'été, d'où l'adage « vendre en mai et partir en vacances », traduction libre de « sell in may and fly away ». L'American Economic Review a vérifié ce relâchement dans les marchés boursiers de 36 pays sur 37. De même, une étude de UBS Securities Canada a établi que seulement 10 % du rendement de l'année à la Bourse de Toronto est réalisé entre les mois de juin à septembre.

Cette année, Wall Street approche la période des vacances avec d'autant plus d'appréhension que les cours du Dow Jones comme du S&P500 taquinent les sommets. L'indice NASDAQ des valeurs technologiques est aussi proche de son record historique arraché en avril après après 15 ans de laborieux rattrapage.

Chez nous, la Bourse de Toronto porte toujours les stigmates de la baisse des prix du pétrole débutée en juin 2014. Les titres des banques tiennent grâce à leurs dividendes élevés, alors que les investisseurs croient que le meilleur est derrière eux. En fait, le gain de 3,2 % de l'indice composé S&P/TSX est principalement attribuable au bond de 80 % de la multinationale pharmaceutique Valeant.

La tentation de prendre les profits est bien grande sur les valeurs qui ont participé à l'essor des grands indices, ou même à réduire les positions sur ces indices si l'on détient des fonds négociés en Bourse les calquant. D'autant plus que la Réserve fédérale s'apprête à augmenter les taux d'intérêt aux États-Unis.

Techniquement, le marché n'a pas vu de correction sérieuse depuis longtemps. Le recul de 1 % accusé mardi n'est qu'une de ces corrections éclair qui tentent occasionnellement de nettoyer les excès du marché.

L'analyste technique Dennis Mark, de la Financière Banque Nationale, note que l'indice TSX 60 se rapproche d'un important point de jonction où « les taureaux et les ours » (tenants d'un marché haussier ou baissier) devront prendre position après les derniers mois passés assis sur la clôture.

Bon été !

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CE QUE NOUS ENSEIGNE L'ALMANACH

Retour sur le trimestre estival suivant le Stock Trader's Almanac et nos archives.

JUIN

Le mois de juin est le plus souvent négatif pour les grandes Bourses américaines, avec un rendement moyen de-0,3 % pour le Dow Jones sur 75 ans. Par contre, c'est l'un des quatre meilleurs mois pour le marché électronique NASDAQ des valeurs technologiques depuis 43 ans, un pic à rapprocher probablement avec les lancements de jeux vidéo et la conférence WWDC où Apple dévoile plusieurs des nouveautés concernant ses systèmes d'exploitation.

Le NASDAQ s'est d'ailleurs mieux tiré d'affaire que le Dow Jones et le S&P500 tout au long du mois de juin, l'an dernier. Pas que ces derniers indices étaient négligés : les investisseurs regardaient le Dow Jones s'approcher du seuil symbolique des 17 000 points et le S&P500 frôler la barre des 2000 points après plusieurs semaines de hausse.

Au Canada, le S&P/TSX a gagné 3,7 % ce mois-là, une performance exceptionnelle. Les titres financiers étaient au sommet à la faveur des excellents résultats de leur deuxième trimestre.

JUILLET

Juillet est traditionnellement un bon mois pour les récoltes en Bourse. Il en va d'ailleurs généralement ainsi, le premier mois d'un trimestre.

Les investisseurs canadiens ont notamment engrangé quelques gains (+1,2 %) en juillet de l'année dernière grâce au secteur de la grande consommation et des sociétés financières, véritables vaches à lait du marché torontois.

Le passage de la faucheuse à Wall Street dans les derniers jours a toutefois rasé tous les gains du Dow Jones depuis le début de l'année et mis fin à cinq mois consécutifs de croissance pour le S&P500.

Les indices des grandes Bourses des autres pays développés ont aussi reculé, de 2 % en moyenne.

AOÛT

Le mois d'août est plus sombre. C'était le meilleur mois en Bourse jusqu'en 1951, au temps où le tiers de la population américaine vivait de l'agriculture et où l'argent des premières récoltes allait à ensemencer les marchés boursiers.

Aujourd'hui que les fermes occupent seulement 2 % des Américains, c'est le pire mois de l'année. Cela vaut pour le Dow Jones comme le S&P500 et même le NASDAQ avec des baisses moyennes respectives de 1,3 %, 1,0 % et 0,3 % depuis 1987.

Cela n'a pas empêché l'indice S&P500 de connaître sa meilleure performance pour un mois d'août en 14 ans, l'an dernier. L'indice phare a progressé de 3,4 %. Pour sa part, le TSX affichait un gain mensuel de 1,4 % à la fermeture des Bourses.