Le savoir est de plus en plus considéré comme le troisième facteur de production après le travail et le capital. On parle aussi du capitalisme cognitif. Quelles sont ces sociétés savantes au Québec et qu'est-ce qui se trame dans leurs laboratoires ?

À l'occasion du 83e congrès de l'Association francophone pour le savoir (l'Acfas), en cours à Rimouski, Place du marché a listé les sociétés québécoises cotées en Bourse qui ont consacré plus de 5 % de leur chiffre d'affaires en recherche et développement (R et D) au cours des 12 derniers mois.

Les dépenses en R et D sont généralement considérées comme la meilleure mesure objective des efforts investis pour être une société du savoir. C'est d'ailleurs le premier « pilier » de la nouvelle définition des piliers de l'économie de la connaissance établie lors de la conférence de la Commission européenne, à Göteborg en 2009.

La barre des 5 % est souvent considérée comme le seuil de qualification du club des sociétés savantes. C'est notamment la norme établie par le Palmarès Technologie Fast 50 qui célèbre les entreprises innovantes canadiennes, petites et grandes, fermées ou ouvertes, depuis 17 ans.

Cette approche objective peut malheureusement écarter certaines sociétés méritantes dans la quête d'innovations. Il est possible en effet que les dépenses en R et D soient atténuées ou n'apparaissent pas aux états financiers en raison de choix comptables, comme l'imputation directe des crédits d'impôt à la recherche. Certaines entreprises de l'économie du savoir préfèrent par ailleurs se développer par acquisition plutôt que par la R et D interne.

Elles ont le savoir et le pouvoir. Voici notre top 8 québécois avec pour chacune le budget R et D et, entre parenthèses, le rapport aux ventes. Les données comptables sont telles que fournies à l'agence financière Bloomberg.

EXFO 45 MILLIONS DE DOLLARS (19,4 %)

Le fournisseur d'équipements de tests pour l'industrie des télécommunications EXFO a réinvesti près du cinquième de ses revenus en R et D ces dernières années. L'entreprise de Québec emploie 1600 personnes réparties dans 25 pays et venant en aide à plus de 2000 clients à travers le monde. EXFO se prépare à l'arrivée des systèmes de communication à 400 gigabits (Gb), attendue dès 2016-2017, pour répondre à notre grande consommation de contenu vidéo. En Bourse, le titre qui a déjà poussé au-delà des 12 $ en 2011, peine cependant à se maintenir au-dessus des 4 $ et soulève peu d'enthousiasme parmi les analystes financiers.

PROMETIC SCIENCES DE LA VIE 39 MILLIONS DE DOLLARS (204 %)

Le cours de l'action de ProMetic Sciences de la vie a plus que décuplé en cinq ans. L'entreprise lavalloise pèse maintenant plus de 1,4 milliard en Bourse, ce qui en fait la plus grosse entreprise savante québécoise cotée en Bourse. Podium bien mérité puisqu'elle investit encore en R et D deux fois plus d'argent que ce qu'elle gagne pour l'instant. ProMetic met au point de nouveaux médicaments pour le traitement du cancer et de maladies du rein.

TECHNOLOGIES INTERACTIVES MEDIAGRIF 13 MILLIONS DE DOLLARS (18,3 %)

Les actions de Technologies Interactives Mediagrif sont en repli après leur montée en escalier de 2009 à 2013. L'entreprise de Longueuil consacre près du cinquième de ses revenus nets à la R et D depuis des années. Encore aujourd'hui, la recherche accapare près de 18 % d'un chiffre d'affaires toujours en progression. L'entreprise de Longueuil mise aussi sur des acquisitions stratégiques pour appuyer sa croissance. Elle possède notamment les sites Jobboom et Réseau Contact.

BORALEX 12 MILLIONS DE DOLLARS (5,0 %)

Boralex est devenu le troisième producteur indépendant d'énergie éolienne en France et aspire à être le cinquième producteur d'énergie renouvelable au Canada. L'entreprise exploite entre autres au Québec, les parcs éoliens de la Seigneurie de Beaupré, dans la région de la Capitale-Nationale. Elle possède également des activités dans les secteurs des centrales hydroélectriques et des centrales thermiques. En Bourse, l'entreprise innovante a plus que doublé de valeur en trois ans.

NEPTUNE TECHNOLOGIES & BIORESSOURCES 10 MILLIONS DE DOLLARS (68,5 %)

Neptune Technologies & Bioressources consacre une large part de ses revenus au développement des acides gras polyinsaturés oméga-3 d'origine marine. Inscrite au NASDAQ et à la Bourse de Toronto, l'entreprise lavalloise a perdu beaucoup de valeur depuis l'explosion survenue à son usine de Sherbrooke en novembre 2012. Neptune pèse tout de même plus de 125 millions de dollars en Bourse, presque deux fois plus que sa valeur aux livres.

TECSYS 6 MILLIONS DE DOLLARS (11,9 %)

TECSYS produit des logiciels de gestion d'entrepôt pour les industries de la santé et de la distribution. L'entreprise, qui loge à la Place Alexis-Nihon, à Montréal, consacre chaque année entre 4 et 6 millions à la R et D depuis 2006. De l'argent bien investi puisque le titre a plus que triplé de valeur en Bourse en moins de trois ans. TECSYS cherche à élargir son bassin de clients grâce à ses logiciels exclusifs.

TSO3 2 MILLIONS DE DOLLARS (518 %)

Fondé en 1998 et coté en Bourse depuis 2001, TSO3 se définit comme « un innovateur dans le domaine de la stérilisation à basse température des instruments médicaux en milieu hospitalier ». Et pour cause : son budget R et D est cinq fois plus gros que son chiffre d'affaires. Mais le rapport pourrait bien se renverser puisque son stérilisateur Sterizone VP4 vient finalement d'être approuvé aux États-Unis, ce qui lui a d'ailleurs valu le Grand Prix Création de richesse-Québec métro 2014. Les analystes sont généralement favorables au titre TOS tout en soulignant qu'il s'agit d'un investissement spéculatif.

THÉRAPEUTIQUE KNIGHT 1 MILLION DE DOLLARS (220 %)

La jeune société pharmaceutique Thérapeutique Knight, issue de l'acquisition de Paladin Labs par Endo Health, investit deux fois plus en R et D que ce qu'elle gagne en redevances en plus de multiplier les investissements stratégiques. L'équipe dirigée par Jonathan Ross Goodman, à la source du succès retentissant de Paladin, a déjà finalisé en effet une quinzaine d'investissements, à sa première année. Entrée en Bourse avec une valeur de 3,50 $ par action à la fin de l'hiver dernier, Knight cotait à plus de 7 $, jeudi.