Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Jean-René Adam, chez Hexavest à Montréal.

Quel a été l'événement le plus significatif cette semaine sur les marchés ?

Le signalement de la Banque centrale européenne (BCE) qu'elle se prépare à annoncer de l'assouplissement quantitatif en début d'année 2015. Ça démontre à quel point l'économie globale est faible. Les pays émergents continuent de ralentir, le Japon est en récession et la zone euro se rapproche dangereusement d'une récession. Seule l'économie américaine va bien. Malgré une économie globale chancelante, la plupart des actifs risqués continuent de bien performer.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement ?

Les écarts de crédit sur les obligations à haut rendement. À notre avis, ce marché a été poussé loin en territoire de bulle par les investisseurs à la recherche de rendement. Quand les taux d'intérêt de ces actifs commenceront à monter, nous croyons que le risque de correction sera élevé. Un effet de contagion aux autres actifs risqués, comme les actions, est hautement probable.

Que feriez-vous avec une grosse somme d'argent à investir ?

Nous privilégions un portefeuille conservateur avec un niveau d'encaisse élevé. Nous sommes très positifs sur la reprise économique américaine et nous croyons que la meilleure façon d'en bénéficier est avec une surexposition au dollar américain et non avec le S&P 500, qui est trop dispendieux à notre avis.

On aime également le marché boursier japonais, qui profite d'un faible yen.

Finalement, nous croyons que les taux d'intérêt des obligations gouvernementales vont rester bas, ce qui devrait favoriser les secteurs à hauts dividendes, comme les télécommunications canadiennes et les pharmaceutiques américaines.

Quel placement évitez-vous à tout prix ?

Les actifs risqués, comme les obligations corporatives, les ressources et les secteurs cycliques des marchés boursiers, comme les secteurs financier, industriel et discrétionnaire.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus ?

Avec leurs activités d'impression d'argent, les banques centrales ont poussé les investisseurs à prendre de plus en plus de risques. Nous croyons que les investisseurs ne sont pas rémunérés suffisamment pour les risques encourus. Il y a aussi beaucoup de complaisance dans les marchés financiers après plusieurs trimestres de bons rendements, de faible volatilité et de bas taux d'intérêt.

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Jean-René Adam est cochef des placements et vice-président, Marchés nord-américains, chez Hexavest à Montréal. La firme a été fondée en 2004 et se spécialise dans la gestion d'actions et la répartition tactique pour une clientèle institutionnelle. L'actif sous gestion s'élève à 18,6 milliards de dollars pour 188 clients au Canada, aux États-Unis, en Asie et en Europe.