C'est le jour de l'année à partir duquel les commerçants américains aspirent tous à «être dans le noir», c'est-à-dire à faire des profits, et s'organisent pour atteindre leur but, privilégiant l'affluence et le volume sur les marges bénéficiaires. Si le Vendredi fou (Black Friday) fait le grand bonheur des consommateurs, il ne sourit pas toujours autant aux investisseurs.

L'initiative de commerçants de Philadelphie en 1960 s'est répandue aux États-Unis durant les années 70. Le mouvement est devenu mondial ces dernières années et plusieurs grandes chaînes de détaillants canadiens cassent aussi les prix aujourd'hui.

Les investisseurs ont particulièrement à l'oeil les grands détaillants américains comme Wal-Mart, numéro un mondial, qui a déjà engrangé des profits de 3,46 $ US par action et aspire à y ajouter 1,52 $ US au terme du quatrième trimestre. Des analystes du commerce de détail courent les allées de JCPenney, qui a ouvert ses portes à 5 h ce matin, pour dénombrer les sacs blancs et extrapoler sur les ventes à venir.

Il faut dire que les attentes sont particulièrement élevées aux États-Unis pour ce grand jour de magasinage. Quelque 140 millions de consommateurs sont attendus, comme l'an dernier, dans les magasins, mais avec plus d'argent à dépenser. La National Retail Federation prévoit une augmentation de 4,1 % et les meilleures ventes post-Thanksgiving en trois ans.

Corrélation inverse

Le Vendredi fou s'est révélé plutôt décevant, l'an dernier, en raison des tempêtes et vagues de froid qui ont incité les consommateurs américains à rester à la maison. Les ventes durant cette journée ont reculé pour la première fois depuis 2009, en dépit des soldes monstres en magasin.

Les titres des grands magasins comme Target en ont payé le prix avec des pertes boursières de plus de 1 % de leur valeur, le Cyberlundi suivant, alors que l'action se transportait sur le web. La chaîne de magasins de vêtements Urban Outfitters a même largué 3,5 %, ce jour-là.

Cela n'a cependant pas empêché le Dow Jones d'ajouter près de huit points de pourcentage à son rendement annuel dans les dernières semaines de l'année. On avait aussi relevé le même phénomène en 2008, au pire de la crise financière: les ventes décevantes du Vendredi fou s'étaient vite reflétées sur les marchés boursiers, mais la tendance s'était inversée les semaines suivantes.

Le columnist Mark Hulbert, de MarketWatch, a même relevé une corrélation inverse entre le comportement de la Bourse les deux jours du Vendredi fou et du Cyberlundi, et l'allure du Dow de là jusqu'à la fin de l'année. Ses données, qui remontent jusqu'au milieu des années 70, ne permettent cependant pas de tirer de projection avec le minimum de confiance que demandent les statisticiens.

Alors, bon magasinage, mais ne comptez pas trop sur les gains de la Bourse pour absorber vos excès!

LA RECOMMANDATION

La Compagnie de la Baie d'Hudson (HBC) consolide les ventes du Vendredi fou de la grande chaîne américaine Saks acquise pour 2,9 milliards US, il y a un an. Les documents relatifs à l'émission de titres de dette de HBC pour refinancer l'opération publique d'achat ont révélé cette semaine combien HBC avait fait une bonne affaire. Le magasin new-yorkais Saks Fifth Avenue vaudrait à lui seul 3,7 milliards. L'action de HBC a bondi de près de 20 % ces dernières séances pour un gain boursier de 34 % depuis le début de l'année. Elle est toujours chaudement recommandée par 6 des 11 analystes qui s'y intéressent. Des ventes décevantes en ce Vendredi fou pourraient offrir une occasion d'acheter à meilleur prix.