Sur papier, tout a l'air facile : bien sûr qu'on réussira à réduire les repas au restaurant, qu'on résistera à notre latté quotidien, à une nouvelle paire de chaussures et à gâter notre conjoint pour Noël.

Et notre budget sera excédentaire ! Mais en réalité, les habitudes bien ancrées sont difficiles à changer. Dans ce 11e volet de notre série Train de vie extrême, une coach financière se penche sur la situation de Marie-Ève pour tenter de lui indiquer la voie à suivre.

Après trois mois, les nouvelles résolutions de Marie-Ève commencent à porter leurs fruits : la jeune femme a réduit ses dépenses et commencé à rembourser les dettes qu'elle avait contractées auprès de ses proches il y a quelques années. Si elle maintient le cap, elle devrait réussir à éliminer ses dettes dans les trois prochaines années, selon la coach financière Danièle Soaré, qui s'est penchée sur sa situation.



PORTRAIT 


Marie-Ève, 33 ans

En couple, mère d'un garçon de 9 mois.

Revenu personnel : 60 000 $ par année

(actuellement en congé de maternité : 40 000 $ par année)

Revenu du conjoint : 65 000 $ par année

Le couple gère ses finances séparément.

Dettes de Marie-Ève :

- Carte de crédit : 8400 $

- Emprunt pour meubles : 1300 $

- Emprunt à des proches : 10 000 $

- Prêt auto : 18 000 $

Total : 37 700 $

L'argent, ce n'est pas que des chiffres

« J'ai 33 ans et pas un rond devant moi. » C'est en ces termes que Marie-Ève s'était adressée à nous, il y a six mois, alors que nous cherchions des lecteurs motivés à redresser leur situation financière, dans le cadre de cette série. « Je me réendette continuellement, je dépense de façon compulsive et ça doit arrêter. Je souhaite devenir libre financièrement pour ne plus avoir à dépendre de personne, surtout de mon conjoint. À l'aide ! »

Après trois mois de démarches et des rencontres avec divers professionnels qui l'ont aidée à y voir plus clair dans ses affaires financières, la jeune maman dit être en mesure de prendre des décisions plus éclairées pour réduire ses dépenses, équilibrer son budget et rembourser ses dettes. Mais elle ne le cache pas : elle trouve la démarche pénible. « Je trouve ça le fun de voir le montant de ma dette baisser, mais il n'y a rien de le fun dans la démarche, dit-elle. Parfois, j'en ai plein mon casque ! »

Le ras-le-bol de Marie-Ève est partagé par de nombreux consommateurs qui doivent changer leurs façons de faire, souligne Sylvie de Bellefeuille, conseillère budgétaire à Option consommateurs. « Les gens sont très émotifs sur ces questions, parce que ça touche leurs habitudes de consommation, leurs habitudes de vie, dit-elle. Ils sont très attachés à leur maison, à leur logement, à leur voiture. Quand il faut remettre en question certaines de ces dépenses, ce n'est pas facile. »

Les problèmes surviennent souvent à la suite d'une perte d'emploi : le revenu chute dramatiquement, mais s'ils croient que la situation est temporaire, bien des consommateurs vont négliger de réduire leurs dépenses. « Ils vont combler le manque de revenus par le crédit, mais c'est alors qu'ils risquent de perdre le contrôle et de se retrouver en situation précaire », note Mme de Bellefeuille.

Pourquoi est-ce si difficile de faire les choix qui s'imposent ? Parce que les gens ne connaissent pas leur budget et leurs dépenses réelles, parce qu'il s'agit d'un sujet de discorde dans les couples, et surtout « parce que c'est tabou de parler de ses problèmes d'argent avec son entourage, dit la conseillère budgétaire. Les gens vont parler facilement de leurs problèmes de santé ou même de leurs difficultés amoureuses, mais pas de leurs soucis financiers. Parfois, des gens font faillite et leur famille n'est même pas au courant ».

Pourtant, discuter de choix difficiles que l'on doit faire peut être motivant et même contribuer à obtenir du soutien des proches.

Vous avez des commentaires à formuler, des suggestions pour redresser leur situation ? Écrivez-nous à traindevie@lapresse.ca.