Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Martin Bray, de Desjardins gestion de patrimoine.

Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse?

Outre le dévoilement de l'iPhone 6 et de la montre intelligente Apple Watch qui a détourné l'attention vers le titre d'Apple, le marché semble vouloir prendre une pause par mesure de prudence après l'importante poussée des dernières années.

Jugeant que la Réserve fédérale américaine voudra hausser ses taux d'intérêt en 2015, les investisseurs se demandent jusqu'à quel point les actions pourront encore continuer d'augmenter dans ce contexte.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement?

Finalement, c'est la rentabilité des entreprises que nous possédons en portefeuille et les indices précurseurs de cette rentabilité qui nous importent le plus. Par contre, dans la situation actuelle, le moment et l'étendue de la prochaine hausse des taux d'intérêt est le principal indicateur du prochain revirement de marché et de la poursuite ou non du marché haussier.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?

Toujours dans le respect de notre propre profil, nous nous montrons à court terme prudents alors que le marché semble entrer en pause. Par ailleurs, nous croyons fortement que dans un avenir rapproché les actions continueront de mieux performer que les autres classes d'actifs.

Nous privilégions des entreprises au bilan solide qui ont encore la capacité de croître dans un contexte de faible croissance économique. Un repli éventuel des marchés pourrait rendre certains titres du secteur technologique, comme Microsoft et IBM, ou du secteur industriel comme General Electric, encore plus intéressants.

Au Canada, outre certaines banques et sociétés énergétiques, des titres comme Empire ou Telus attirent notre attention.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Malgré le fait que nous ne croyons pas que les taux d'intérêt à long terme puissent augmenter de façon significative, nous évitons les obligations à long terme les jugeant à des niveaux insoutenables et surachetées. De plus, nous évitons les matières premières, incluant l'or, sans pour autant exclure l'énergie, puisque le cycle où la demande excédait l'offre et que la baisse du dollar américain en gonflait l'attrait est derrière nous.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus?

Il n'y a pas de précédent où les taux d'intérêt demeurent à un tel niveau aussi longtemps après une reprise économique. Une croissance faible avec l'absence de pointe d'inflation pourrait créer un contexte de surchauffe du marché boursier similaire à ce que nous avons vécu à la fin des années 90. Bien qu'il vaille mieux baser son scénario d'investissement sur des profits et sur une croissance tangible, un tel scénario pourrait surprendre les investisseurs.

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Martin Bray est gestionnaire de portefeuilles et conseiller en placements chez Desjardins gestion de patrimoine où il supervise près de 500 millions de dollars d'actifs sous gestion. Avec son associé Louis Vazzoler, il dirige l'équipe de conseillers en placements Bray Vazzoler qui occupe des bureaux à Brossard et à Salaberry-de-Valleyfield et qui dessert des clients répartis dans la grande région de Montréal.