Les Bourses touchent de nouveaux sommets depuis plus de cinq ans... et tout porte à croire que la tendance se poursuivra cette année.

La raison est simple : le scénario d'accélération de l'économie américaine est toujours bien présent, constatent Clément Gignac, VP principal et économiste en chef à l'Industrielle Alliance et Connor O'Brien, président et chef des placements chez Gestion d'actifs Stanton.

Au moins trois facteurs prêchent en faveur d'une amélioration de la conjoncture américaine.

D'abord, le bilan des ménages s'est assaini, ce qui permet une augmentation des ventes au détail.

Le parc auto est âgé de plus de 10 ans, ce qui laisse croire à une hausse de la demande qui bénéficiera à l'importante industrie automobile.

Enfin, la révolution énergétique qui se poursuit aux États-Unis bénéficiera à plusieurs secteurs industriels.

Pour les prochaines années, la croissance de l'économie américaine pourrait atteindre entre 3 à 4 %, comparativement aux niveaux oscillants entre 1 et 2 % que l'on a connus au cours des dernières années, estime Clément Gignac.

Pour sa part, l'économie canadienne devrait également bien se porter. « Elle demeure résiliente, les secteurs de la consommation et de l'immobilier étant toujours là pour la soutenir », ajoute l'économiste, qui prévoit un taux de croissance du PIB de 2,5 % cette année.

« Et c'est sans compter sur la faiblesse du dollar canadien qui stimulera les exportations et permettra une augmentation du bénéfice net des sociétés », ajoute Connor O'Brien.

Phase de consolidation

Le début de l'année a connu une période de consolidation rendue nécessaire par la forte appréciation des Bourses en 2013. Toutefois, cette phase ne signifie en rien la fin du marché haussier, amorcé depuis mars 2009. Cette période de consolidation sera suivie par une nouvelle hausse des marchés, pensent les spécialistes.

« L'histoire nous enseigne qu'un marché haussier ne prend jamais fin sans que des signes évidents d'une récession n'apparaissent », explique Clément Gignac.

En effet, depuis 1965, il y a eu huit marchés haussiers. Tous, sauf un, ont pris fin avec l'arrivée d'une récession.

L'exception fut l'épisode du krach d'octobre 1987 alors que l'indice Dow Jones avait perdu 22 % en une seule journée. On a reconnu par la suite que cette fin brutale avait été causée par une forte hausse des taux d'intérêt au cours des mois précédents combinée à des valorisations boursières qui atteignaient des niveaux insoutenables.

Actuellement, des hausses de taux d'intérêt ne semblent pas être imminentes. À cela s'ajoute un taux d'inflation minimal qui ne menace pas de freiner l'économie.

De plus, la valorisation boursière demeure raisonnable. L'indice S & P 500 se négocie à 15-16 fois les bénéfices anticipés pour les 12 prochains mois. Comme on prévoit une augmentation des bénéfices des sociétés de 6 à 10 % pour les prochaines années, on peut espérer un rendement semblable des marchés boursiers.

Clément Gignac maintient, pour le moment, une surpondération en actions dans les fonds diversifiés d'une valeur de 2,5 milliards qu'il gère pour le compte de l'Industrielle Alliance.

Par ailleurs, Connor O'Brien, responsable d'actifs excédant 500 millions, croit que l'indice canadien S & P/TSX touchera 15 500 points cette année (en hausse de 7 % par rapport au niveau actuel) et que l'indice américain S & P 500 atteindra 2000 points (en hausse de 6,5 %).

RÉGIONS ET SECTEURS À FAVORISER

LES ÉTATS-UNIS

Le meilleur endroit pour investir sur les marchés boursiers demeure notre voisin du Sud, selon Clément Gignac, VP principal et économiste en chef à l'Industrielle Alliance. « Bien que les actions soient déjà un peu plus chères qu'en Europe, c'est aux États-Unis que l'on retrouve les meilleures perspectives de croissance », dit-il. De plus, le risque de déflation demeure présent en Europe, ce qui aura pour effet de plomber la Bourse européenne si ce risque devait se concrétiser. Sans oublier que le dollar américain devrait s'avérer la devise la plus solide, bonifiant les investissements détenus en dollar américain.

LE JAPON

Il s'agit d'une région intrigante et intéressante, soutient Clément Gignac. Il reconnaît qu'il existe actuellement beaucoup de scepticisme envers l'Abenomics, ces mesures monétaires et de soutien mises en place par la Banque du Japon et le gouvernement de Shinzo Abe depuis son retour au pouvoir en décembre 2012. Mais un changement structurel s'est produit au Postal Office où le conseil d'administration a été remplacé presque entièrement. Le Postal Office est un des plus gros fonds d'investissement au Japon, et il pourrait devenir beaucoup plus agressif quant à ses investissements en Bourse, croit M. Gignac. Une des façons d'investir au Japon est le fonds négocié en Bourse CJP qui permet une exposition à la région tout en évitant le risque de la devise.

SECTEUR FINANCIER CANADIEN

On retrouve le meilleur potentiel d'appréciation du secteur chez Manuvie, estime Connor O'Brien, président et chef des placements chez Gestion d'actifs Stanton. « La croissance du bénéfice net pour la prochaine année sera de l'ordre de 15 à 18 % », dit-il. À l'ouest du pays, une petite banque attire également son attention, soit la Canadian Western Bank. Beaucoup plus petite que les autres banques canadiennes avec une capitalisation boursière de seulement 3 milliards, le bénéfice net devrait augmenter de 13 % cette année, soit le double des grandes banques.

RESSOURCE ET ÉNERGIE

Au Canada, les entreprises de petites et moyennes capitalisations, principalement toutes celles du secteur des ressources, profiteront de la baisse du dollar canadien. C'est pourquoi Clément Gignac croit qu'il faut augmenter la pondération de ce secteur dans les portefeuilles. Du côté américain dans le secteur de l'énergie, Connor O'Brien suggère de porter attention à EOG Resources, un des plus grands producteurs non intégrés de pétrole et de gaz naturel aux États-Unis, car cette société devance ses concurrentes en ce qui a trait à l'exploitation du pétrole de schiste.