Chute boursière en relief : les actions des trois principaux fabricants d'imprimantes 3D ont perdu près de 15 % de leur valeur la semaine dernière avec l'éclatement de la bulle techno. Nouvelle chance pour les chasseurs de tendances fortunés?

L'imprimante 3D est l'outil tendance du moment. Quelque 40 000 personnes ont afflué au Salon 3D de New York au début du mois pour découvrir toutes ses nouvelles possibilités. Les gourmands se sont rués sur les gâteaux aux formes inusitées, produits par une imprimante de l'entreprise américaine 3D Systems. Un mannequin a pédalé toute la journée sur un vélo en plastique, produit d'une seule pièce par les imprimantes industrielles Stratasys. Mais les coques de téléphone multifonctions et les figurines demeurent les applications favorites du public.

La technologie consiste à convertir des images numériques d'objets en centaines ou milliers de tranches de l'épaisseur d'un cheveu humain. Les données sont envoyées à une imprimante qui, au lieu d'encre, projette des couches alternées de sable et de poudres de matériaux comme le métal, le verre ou la céramique, dans une boîte. Un liant liquide maintient les couches ensemble pour former la version physique de l'image numérique. Les imprimantes d'entrée de gamme destinées au marché domestique utilisent généralement un plastique biodégradable à base de maïs mis en forme par des plaques chauffantes.

Houston, nous avons une figurine!

La NASA envisage très sérieusement d'utiliser des imprimantes 3D dans l'espace. Grâce à elles, les astronautes pourraient produire au besoin toutes les pièces nécessaires à l'entretien de leur vaisseau ou station orbitale. Les avions de combat supersoniques de la Royal Air Force, les Tornado, utilisent déjà des pièces imprimées en 3D. Boeing, Ford Motor, BMW, Deere et Caterpillar, entre autres constructeurs, recourent à cette technologie pour produire des prototypes.

À long terme, les experts sont partagés sur la portée qu'aura l'impression 3D sur les méthodes de conception et de fabrication des entreprises ainsi que sur nos habitudes de consommateurs. Il y a les très optimistes qui, comme la firme Goldman Sachs, anticipent un bouleversement mondial. D'autres se montrent beaucoup plus sceptiques quant à l'ampleur du changement, surtout dans les chaumières.

Ces appareils sont encore très chers même si le prix des imprimantes 3D pour la maison a notablement baissé en 2013. Bien qu'amusants à voir fonctionner, ils demeurent aussi très lents même si leur vitesse d'exécution double tous les deux ans.

Stratasys, leader mondial des imprimantes 3D, s'apprête à lancer la première imprimante à moins de 1000 $. La société 3D Systems ne s'adresse pas qu'aux mordus de technologie. Elle vient même de conclure un partenariat inédit avec le fabricant de jouets Hasbro qui vise à permettre aux enfants et aux parents de produire leurs propres jouets, comme les Transformers.

L'entreprise The Micro, qui a amassé 2 millions US le temps de le dire sur la plateforme de financement participatif Kickstarter, promet un outil très simple d'utilisation, mais surtout commercialisé à moins de 300 $ US.

Pour les imprimantes industrielles, le prix oscille entre 250 000 et 950 000 $ US ; le genre que l'on traite avec douceur. Surtout, la production, qui requiert encore plusieurs interventions humaines, est trop lente pour concurrencer les procédés industriels classiques.

Le modèle d'affaires de l'industrie est un peu le même que celui des imprimantes classiques : l'encre et les matériaux procurent aux fabricants des marges supérieures aux imprimantes elles-mêmes.

L'introduction en Bourse des pionniers a fait la fortune des investisseurs de la première heure. ExOne a ainsi eu droit à une entrée triomphale en Bourse en février 2013. En hausse de 44 % le jour même de son introduction à la cote, l'entreprise fondée en 2005 répliquait les succès boursiers de 3D Systems et de Startasys, qui avaient respectivement triplé et doublé de valeur dans les 12 mois précédents. Ces trois mêmes valeurs sont en recul de 42 %, en moyenne, depuis le début de l'année.

Pour en savoir plus sur le procédé »»

Trois vedettes du 3D :

STRATASYS

Stratasys est le leader mondial des imprimantes 3D. Son nouveau fer de lance est une première imprimante 3D capable d'allier différents matériaux tout en exploitant une large palette de couleurs et de niveaux de transparence. Cela permettra, dans la pratique, de renforcer le réalisme des prototypes et d'étendre le spectre des objets finis réalisables au moyen de cette technique. Malgré ses déficits récurrents en raison de ses énormes dépenses en R & D, c'est le titre favori des analystes dans cette industrie. La valeur boursière de Stratasys a fondu du tiers depuis le début de l'année, mais demeure 50 fois plus élevée qu'à son introduction à la cote, en 1995.

3D SYSTEMS

La société 3D Systems fait figure de géant dans cette industrie avec sa capitalisation boursière de plus de 5 milliards US. Le fabricant de Rock Hill, en Caroline-du-Sud, lancera dans les prochaines semaines la première imprimante à moins de 1000 $ afin de démocratiser une technologie en constante amélioration. Le groupe, auteur d'une quarantaine d'acquisitions en cinq ans, travaille aussi avec Google sur une imprimante qui permettra de produire des téléphones portables sur mesure. La société a perdu près de la moitié de sa valeur en Bourse depuis le début de l'année. Le titre, dont le symbole boursier est DDD, est chaudement recommandé par les deux tiers des analystes intéressés.

EXONE

ExOne, petit fabricant américain d'imprimantes 3D pour la production de prototypes et de préséries, a triplé de valeur dans les six mois suivant son entrée à la cote du NASDAQ, en février 2013. En repli de plus de 50 % depuis le début de l'année, le cours de l'action n'est maintenant plus qu'à une dizaine de dollars près de son prix d'introduction. ExOne, fondée il y a huit ans à peine à North Huntingdon, en Pennsylvanie, se targue d'offrir la première imprimante 3D capable de mêler différents matériaux et plusieurs niveaux de rigidité. Les analystes sont partagés à son sujet avec cinq recommandations d'achat contre deux de vente et trois « conserver ».