«Veuillez attacher vos ceintures, nous traversons une zone de turbulence.» Le message est d'autant plus clair que l'avion est secoué et que les hôtesses marchent de travers. Cela devient plus irritant quand les signaux lumineux demeurent allumés et que le vol se poursuit tout en douceur. Et pourtant, le danger de décrochage est toujours là.

Le VIX est un indicateur de turbulence en Bourse. Non seulement il accuse les turbulences du marché, mais, comme le pilote de l'avion, il signale aussi d'autres secousses potentielles. Généralement exprimé en pourcentage, c'est une mesure de l'amplitude de fluctuation attendue à court et moyen terme.

Or, l'«indice de la peur» de Wall Street, comme disent les négociateurs, a grimpé brutalement au-dessus de 20 % la semaine dernière pour la première fois depuis octobre, et a poussé jusqu'à tout près de 22 %, mardi, un sommet en sept mois. Il s'est replié en eau plus calme, ces dernières séances.

Entre temps, l'indice Dow Jones de la Bourse de New York évoluait par coups de 100 points, à la hausse mais le plus souvent à la baisse, dans ce qui se confirme être une correction dans un marché haussier vieux de cinq ans.

Tout cela est mauvais signe. Selon Robert Engle III, professeur de finance de l'Université de New York qui a reçu le prix Nobel d'économie en 2003 pour ses travaux sur la volatilité des marchés, les périodes de turbulence boursières sont généralement groupées. Comme dans les airs. Ou en séismologie.

De la peur dans l'air

De fait, il y a bien des nuages à l'horizon. L'accès de faiblesse de plusieurs pays émergents comme la Turquie, l'Inde, l'Argentine, le Chili ou le Brésil, dont les monnaies viennent de se déprécier fortement, pourrait continuer de remuer les marchés. La Chine avec son système bancaire parallèle est aussi un facteur de stress.

Et la situation pourrait se dégrader avec la réduction longtemps appréhendée des injections de liquidités de la Réserve Fédérale américaine dans le marché obligataire, dans les prochains mois. Cette perspective avait d'ailleurs provoqué un petit séisme sur les marchés l'été dernier.

Stratégie de portefeuille

Étant donné qu'il n'est pas possible d'investir directement dans des baromètres comme le VIX pour se protéger contre la volatilité annoncée en Bourse ou même en tirer profit, les investisseurs aguerris se rabattent sur le marché à terme. Des produits complexes basés sur le VIX sont offerts depuis mars 2004. Ils sont en grande vogue ces dernières années.

Plus simplement, les investisseurs avisés peuvent contrebalancer leur portefeuille en misant sur des actifs non corrélés au marché boursier, comme les obligations, ou plus simplement en augmentant la part de liquidité de leur portefeuille, le temps que l'orage passe.

Le baromètre du marché

 Le VIX est calculé par le Chicago Board Option Exchange sur la base des options d'achat et de vente sur l'indice S & P 500.

 Cet indicateur de sentiment de marché évolue à l'inverse des indices d'actions. Un VIX très bas dénote un optimisme excessif, comme en novembre dernier, alors qu'il oscillait dans la fourchette de 12 à 14 %. À l'inverse, un VIX très haut montre un pessimisme excessif, comme lors de la crise des «subprime» en 2008 quand il avait bondi jusqu'à près de 90 %. La norme est plutôt de 20 %.

 Il y a d'autres indices de volatilité implicite. Le VIXC, par exemple, cherche à mesurer la volatilité implicite du marché canadien des actions sur une période de 30 jours en utilisant des options sur l'indice S & P/TSX 60. Le VXN est pour sa part corrélé au marché électronique NASDAQ, spécialisé dans les valeurs technologiques. Mais le plus suivi est le VIX du Chicago Board Options Exchange.