Pour faire plaisir à leur amoureux, les personnes en couple dépenseront cette semaine des milliers de dollars en cadeaux et en sorties, à l'occasion de la Saint-Valentin. Vous trouvez que la fête de l'amour coûte cher? Consolez-vous en songeant que vivre avec votre douce moitié vous rend plus riche que si vous étiez célibataire.

Le couple, un bon investissement

L'union fait la force, dit-on. L'adage s'applique tout à fait aux couples et à leurs finances: les personnes qui partagent un toit sont beaucoup plus riches que celles qui vivent seules.

L'avoir net médian des personnes seules est de 34 700 $, alors que celui de tous les types de familles confondus s'élève à 148 400 $, selon l'Enquête sur la sécurité financière 2005 de Statistique Canada. Les plus riches ? Les familles de personnes âgées, dont l'avoir net atteint 443 600 $ - ce qui est logique, puisque c'est à ce moment qu'ils profitent de la richesse accumulée pendant leur vie active.

Même les couples avec enfants de moins de 18 ans, qui font généralement face à de nombreuses dépenses, s'en tirent mieux que les célibataires, avec un avoir net de 189 000 $.

Il y a au Canada 3,7 millions de ménages comptant une seule personne, soit 28 % de tous les ménages. Au Québec, leur proportion est encore plus importante : 32 %, soit 1,09 million, en hausse de 12 % comparativement à 2006.

Alors que ceux qui décident de vivre en solo sont de plus en plus nombreux, doit-on s'inquiéter de leur capacité à épargner pour leurs vieux jours ?

Marie-France, célibataire de 36 ans, fait partie de ceux qui peinent à mettre des sous de côté en prévision de leur retraite. « J'ai toujours été travailleuse autonome ou à contrat, je tente de mettre de l'argent dans mes REER chaque année, mais j'ai peur de ne pas épargner assez, dit cette graphiste de Montréal. Une fois que j'ai payé mon loyer, l'épicerie et tous mes comptes, il ne m'en reste pas beaucoup. »

Pour réduire les coûts, la jeune femme est abonnée à un service d'autopartage. Quant à l'achat d'une propriété, elle n'y songe même pas : assumer toute seule le fardeau d'une hypothèque lui fait peur.

« Je sais que je dépense sans doute plus que la moyenne en sorties et en loisirs, mais je ne veux pas rester encabanée chez moi, explique Marie-France. J'ai besoin de voir du monde ! »

Les célibataires en portent lourd sur les épaules, observe la planificatrice financière Hélène Gagné, auteure du livre Votre retraite crie au secours. « Le loyer ou l'hypothèque, l'entretien, la voiture, les comptes, etc., ça peut représenter des sommes élevées quand on vit seul et qu'on ne peut pas les partager, note la gestionnaire de portefeuille au Groupe Peak. Ce n'est pas toujours par choix qu'on se retrouve seul. »

Vivre en solo coûte 20 % de plus que vivre en couple, selon le planificateur financier Raphaël Hainault. Il reste donc aux célibataires moins de marge de manoeuvre pour épargner.

« Les célibataires semblent ressentir moins de pression pour mettre de l'argent de côté, observe aussi le conseiller, qui travaille à la Financière des professionnels. Alors que les couples, même quand ils ont des dépenses liées aux enfants, ont souvent une plus grande discipline d'épargne, parce qu'ils savent que leurs décisions touchent toute la famille. »

À l'inverse, le jour où ils décident d'opérer un changement, les célibataires ont plus de liberté avec leur coût de vie, parce qu'ils sont les seuls affectés s'ils réduisent de façon draconienne leurs dépenses.

La richesse par la propriété

Au cours des dernières années, c'est surtout l'augmentation de la valeur des propriétés qui a enrichi les ménages canadiens. Or, les célibataires sont moins susceptibles de devenir propriétaires. « Les familles avec enfants ont plus souvent envie d'acheter une maison, c'est ce qui leur permet d'accumuler plus de richesse, souligne la planificatrice financière Lison Chèvrefils. Mais depuis la vague de construction de condos, de plus en plus de célibataires décident d'acheter seuls. »

Elle souligne que des couples ont parfois tendance, parce qu'ils se sentent riches, à abuser du crédit : ils contractent une importante hypothèque pour acheter une grande maison, demandent des prêts pour acheter de belles voitures. Au bout du compte, leur richesse leur file entre les doigts.

De plus, aucun couple n'est à l'abri d'une séparation. Surtout au Québec, où 47 % des mariages se terminent par un divorce - comparativement à 41 % pour l'ensemble du Canada. Puisque 38 % des couples québécois vivent en union libre et que ces unions sont moins solides, ceux qui connaîtront un épisode solitaire au cours de leur vie sont nombreux.

Comme un tel événement a un impact majeur sur la situation financière, on aurait tous intérêt à y réfléchir. Hélène Gagné souligne que les divorces sont en hausse chez les couples de plus de 50 ans, ce qui oblige bien des personnes d'âge mûr à s'adapter à un nouveau mode de vie. Et ce n'est pas toujours facile, surtout pour les femmes. « Après un divorce, généralement, le niveau de vie des femmes baisse, et celui de leur ex-mari augmente », dit-elle.

Bien des femmes savourent leur indépendance et ont depuis longtemps relégué aux oubliettes l'idée du prince charmant. Mais pour elles, la vie au singulier pose un défi particulier : comme leur revenu est moins élevé que celui des hommes et qu'elles travaillent moins longtemps (études plus longues, congés de maternité, retraite plus précoce), elles doivent être plus disciplinées pour épargner en prévision des vieux jours. Et leur pécule devra durer plus longtemps, puisque leur retraite sera plus longue, étant donné qu'elles vivent plus vieilles.

En solo, en duo, la richesse des ménages

3,7 millions de personnes vivent seules au Canada

Couples avec enfants : 3,5 millions

Couples sans enfants : 3,9 millions

Familles monoparentales : 1,4 million

Ménages multifamiliaux : 268 000

Autres : 543 000

Total : 13,3 millions de ménages

Au Québec, plus de 1 million de personnes vivent seules, soit 32 % des ménages, une hausse de 12 % entre 2006 et 2011

Qui sont les plus riches ?

Familles de personnes âgées : 443 600 $

Couples sans enfants : 242 900 $

Familles avec enfants de moins de 18 ans : 189 000 $

Personnes seules : 34 700 $

Tous types de familles : 148 400 $

Source : Enquête sur la sécurité financière 2005, Statistique Canada

L'amour, ça coûte cher !

Le site ratesupermarket.ca a calculé ce que peut dépenser, en un an, un couple qui se fait la cour et décide de s'engager plus sérieusement.

Il en arrive à un total de 43 842 $ ! Nul doute qu'il est possible de trouver l'amour pour moins cher, sans qu'il s'agisse d'une relation au rabais... Mais voici comment le site a conclu à une telle somme.

Sorties et frais de fréquentation : 7000 $

Ce qui comprend 12 soirées au cinéma (515 $)

3 envois de fleurs (150 $)

et des nouveaux vêtements (981 $)

La grande demande : 9944 $

Ce qui comprend une bague de fiançailles (3500 $)

et une fête pour célébrer l'événement (2000 $)

Le grand jour : 26 961 $

Ce qui comprend la réception (9255 $)

La lune de miel (5470 $)

Le photographe (2206 $)

La robe (1847 $)

***

Cher Cupidon...

Pour la Saint-Valentin

81 % des hommes et

93 % des femmes offrent des cadeaux,

selon un sondage de MasterCard

37 $ : somme moyenne consacrée aux cadeaux de Saint-Valentin, selon le Retail Council du Canada

4,75 $ : prix moyen d'une carte de voeux

25 $ : prix de deux billets de cinéma dans une grande chaîne

20 à 100 $ : prix d'un bouquet de roses

5 à 50 $ : prix moyen d'une boîte de chocolats

60 $ : coût moyen d'un repas au restaurant pour deux personnes

Les cadeaux les plus populaires :

Cartes : 52 %

Sucreries : 48 %

Repas au restaurant : 35 %

Fleurs : 34 %

Bijoux : 17 %

Les femmes achètent 85 % des cartes de Saint-Valentin

Les hommes achètent 73 % des fleurs à cette occasion

14 % des femmes s'envoient des fleurs à elles-mêmes à la Saint-Valentin

11 000 enfants sont conçus à la Saint-Valentin aux États-Unis... ce qui signifie d'autres dépenses à venir !

Source : Retail Advertising and Marketing Association