Chaque samedi, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Paul Moroz, chef des placements et gestionnaire de portefeuille chez Mawer Investment.
Q Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse?
R Nous avons obtenu des informations au sujet de la politique monétaire américaine cette semaine. Le compte rendu de la réunion du 30 octobre des dirigeants de la Fed a laissé entendre qu'une réduction du soutien à l'économie est possible dans les mois à venir si le marché s'améliore. Il ne s'agit pas de nouvelles informations, mais le marché peut parfois réagir avec une vision à court terme. On a vu récemment ce que ce type de propos de la Fed peut avoir comme effet sur les marchés.
Q Quels indicateurs suivez-vous le plus attentivement?
R L'indice de la peur VIX est un indicateur que je suis. Vous voudrez probablement déployer certaines sommes sur le marché lorsque cet indice est élevé parce que ça peut offrir un meilleur prix quand les craintes sont élevées.
Je suis également le «Ted spread», lequel représente la différence de taux entre ce que le gouvernement américain et les banques paient pour emprunter. Ça me donne une idée de ce qui se passe dans le système financier et ça peut m'indiquer que certaines choses se déroulent. Même chose avec le Shibor, le Shanghai Interbank Offered RateShibor. Ça me permet de prendre le pouls du système bancaire chinois. Ces indicateurs peuvent nous permettre d'obtenir des renseignements utiles.
Q Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?
R Ça dépend évidemment de notre horizon de placement. À court terme (environ six mois), je conserverais la somme en argent parce que le marché peut reculer rapidement. À long terme, j'investirais dans des titres de grande qualité comme General Electric (le profil de l'entreprise s'améliore), Wells Fargo (grande banque américaine dominante et très bien gérée) et Blackrock (pour profiter de la gestion de placements).
Au Québec, j'aimais beaucoup Laboratoires Paladin, mais l'entreprise a été achetée par Endo au début du mois. Dans le cadre de cette transaction, les actionnaires de Paladin reçoivent une participation dans Knight Therapeutics, nouvelle société ouverte canadienne. Je conserverais cette participation. C'est une petite entreprise, mais c'est un pari sur ce que Jonathan Goodman, fondateur de Paladin, peut faire à nouveau en partant de zéro.
Q Quel placement évitez-vous à tout prix?
R J'éviterais assurément les projets de construction en immobilier. Il y a beaucoup trop d'histoires d'horreur. Il faut aussi faire attention de ne pas se faire attirer par tout ce qui se passe avec la devise électronique bitcoin. Ça me rappelle la tulipomanie, cette crise de la tulipe dans les années 1600 où le cours de l'oignon de tulipe a augmenté de façon démesurée dans le nord de l'Europe.
Q Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus?
R Les Canadiens sous-estiment à quel point leur portefeuille manque de diversification. Au pays, nous avons une forte exposition au secteur financier, qui est étroitement lié au marché immobilier, lui-même étroitement lié au secteur de l'énergie. Si, par exemple, un événement devait survenir en Chine, en fonction de la politique monétaire en vigueur, ça pourrait provoquer d'importants ennuis. Les gens sous-estiment leur niveau de diversification même s'ils ont plusieurs titres dans leur portefeuille.