Ce n'est pas tout d'investir dans de bonnes compagnies, il faut le faire lorsque la conjoncture s'y prête. D'où l'importance de distinguer entre les actions cycliques et les actions défensives.

Lorsque l'économie va bien, les entreprises ont des projets d'expansion qui nécessitent des dépenses d'investissement en équipement et en machinerie. Elles profitent aussi souvent du moment pour revoir leurs systèmes informatiques.

Quant aux individus, leur comportement dépend beaucoup également de la perception qu'ils ont de la situation économique. Lorsque l'optimisme règne, on songe à changer de voiture, à agrandir la maison, à voyager. On est alors plus disposé à augmenter ses dépenses.

Dans ce contexte, les grands manufacturiers de machineries, telle Caterpillar, d'équipements informatiques, telle Cisco, d'extracteurs de matières premières, telle BHP Billiton, et de producteurs automobiles et de pièces, telles Ford et Magna, verront la demande pour leurs produits augmenter. Et généralement, l'impact sur les bénéfices sera positif.

On les appelle les titres cycliques, car leur succès tend à suivre l'évolution du cycle économique. Les principaux secteurs concernés sont donc l'automobile, les compagnies aériennes, la technologie et le secteur industriel dans son ensemble.

Évidemment, ces titres souffriront lorsque l'économie ira moins bien et que le pessimisme s'installera, autant chez les consommateurs que chez les dirigeants d'entreprise.

C'est alors que les investisseurs ont intérêt à se tourner vers les titres défensifs. Quels sont-ils? Ce sont ces compagnies qui fournissent des biens et services pour lesquels la demande sera très peu affectée par un ralentissement économique.

Par exemple, Colgate-Palmolive et Procter & Gamble, car le besoin de produits hygiéniques demeurera le même. Le secteur de l'alimentation également, car l'achalandage chez Loblaws et la demande pour les produits de Kellogg et General Mills seront peu affectés. Même chose pour les grandes pharmaceutiques, telles Pfizer et Merck, car c'est en tout dernier lieu que les consommateurs couperont dans leurs achats de médicaments.

Lorsque l'économie chancelle, les meilleurs secteurs d'investissement sont alors la consommation de produits essentiels, la production et la distribution alimentaires, les télécoms, la santé et les services aux collectivités.

Où sommes-nous dans le cycle économique? Pour déterminer si le moment est propice à investir dans les titres cycliques ou s'il faut plutôt se réfugier dans les titres défensifs, il importe de savoir où nous nous situons dans le cycle économique. Et surtout, prévoir si le cycle se poursuivra.

La durée moyenne d'un cycle économique est de huit ans, explique Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. Comme nous sommes sortis de la grande récession causée par la crise financière seulement en 2009, nous ne serions qu'au milieu du cycle, estime l'économiste.

Qui plus est, la reprise a été atypique. «La croissance économique des dernières années a été plus faible que ce que l'on a l'habitude de connaître à la suite d'une récession», dit-il.

«Bien qu'il soit plus difficile de déterminer quand prendra fin ce cycle, à tout le moins, il est permis de croire qu'il sera plus long que les cycles habituels», ajoute-t-il. Ainsi, au lieu d'arriver à maturité vers 2016-2017, le présent cycle économique pourrait se prolonger jusqu'en 2020.

La fin d'un cycle se caractérise généralement par une utilisation excessive du crédit et un excès d'investissement, ce qui n'est pas le cas présentement. «Principalement aux États-Unis, on ne prévoit donc pas la fin du cycle économique pour bientôt», dit M. Généreux.

Conclusion. Ne pas fuir pour l'instant les secteurs cycliques, bien au contraire, car ces titres seront en vogue pour quelques années encore. Surtout que l'emploi poursuit sa reprise et continuera d'être un ingrédient à la longévité du cycle économique.

Le coefficient bêta

Les titres cycliques sont généralement plus volatils que les titres défensifs. Lorsque le marché est à la hausse, ils vont s'apprécier plus rapidement que les titres défensifs. Inversement, lorsque la Bourse baisse, les titres cycliques chutent plus rapidement.

Il existe une mesure de cette volatilité, et c'est le coefficient bêta. Il indique comment un titre fluctue proportionnellement à l'indice boursier. Un coefficient de 1 indique que le titre fluctuera du même pourcentage que l'indice. Lorsqu'il est plus grand que 1, par exemple de 1,5, cela indique que si l'indice monte de 10 %, le titre grimpera de 15 %. Et inversement lorsque l'indice baissera.

On devine que les titres cycliques ont un coefficient bêta généralement supérieur à 1, alors que celui des titres défensifs est inférieur à 1. Le coefficient bêta est une mesure bien connue. On le retrouve sur la majorité des plateformes internet qui fournissent des cotes boursières.