Chaque samedi, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Benoît Robert, de Valeurs Mobilières TD.

Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Ce qui a eu beaucoup d'impact, à mon avis, cette semaine est la proposition du président russe Vladimir Poutine. Il a suggéré à la Syrie de rendre les armes et on a tout de suite vu des réactions dans le marché parce que ça venait enlever un peu d'incertitude quant à de possibles frappes américaines. La Syrie, on en a entendu parler de façon assez marquée sur le plan institutionnel. Les développements en Syrie sont des choses qui ont influencé la direction des marchés cette semaine, c'est certain.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement?

On ne peut suivre qu'un indicateur et se fier à un seul élément. Ce serait une erreur. Cela dit, on a fait beaucoup de travail à la TD sur les chiffres de production industrielle à l'échelle mondiale. On regarde la coordination et l'évolution de ces chiffres-là. Et en ce moment, de manière générale, c'est encore de bon augure pour les marchés.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?

La vraie question est plutôt de connaître l'horizon de placement et la tolérance au risque de chacun et de définir les objectifs. Il y aura toujours de bons et de moins bons secteurs en Bourse. L'investissement sérieux se fait toujours à travers une bonne diversification. Pousser les gens à investir à un seul endroit ou dans un seul titre est imprudent. Pour mon fils de 20 ans, par exemple, qui a un horizon d'investissement de 20 ans, je suggère les champions du secteur industriel et manufacturier. Pour ma mère de 74 ans, je propose des titres qui versent de bons dividendes. Je pense notamment à nos grandes sociétés canadiennes de télécommunications (Telus, BCE, Rogers) et aux entreprises de services publics.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Il faut éviter la mentalité de moutons [herd mentality]. Ça fait perdre des sous aux gens. Quand notre voisin nous dit qu'il faut acheter un titre précis, il faut bien se demander pourquoi et quels sont nos objectifs. Je ne veux pas dire aux gens d'être contrarian [anticonformistes] juste pour être contrarian, mais pensez à la bulle des technologies en 2000. Aussi, j'ai vu des gens vendre en 2008 au plus fort de la crise financière. Il faut toujours être conscient de son horizon d'investissement.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus?

Je pense que les gens sous-estiment énormément l'avantage énergétique nord-américain. Pourquoi? Parce que quand monsieur Tout-le-Monde se rend faire le plein d'essence à la pompe, ça lui coûte 1,40 $ le litre et on entend alors que l'énergie coûte cher. Toutefois, ce n'est pas la même chose quand on parle de l'industrie manufacturière nord-américaine, qui profite de faibles coûts d'électricité en raison des prix du gaz naturel. Le coût de l'énergie fabriquée à partir du gaz naturel est extrêmement abordable par rapport à ce qui se paie ailleurs dans le monde. On a donc un avantage industriel à long terme, selon moi.