Les investisseurs s'apprêtent à naviguer dans le noir au cours des prochaines semaines avec le début d'une autre saison de résultats financiers.

Si le mois de juin est typiquement le mois de l'année où l'on enregistre le moins d'avertissements (positifs et négatifs) venant des entreprises américaines en prévision de la publication de leurs résultats trimestriels, on a atteint un record le mois dernier.

Il n'y a eu que 57 pré-annonces aux États-Unis en juin. C'est le plus petit nombre jamais observé depuis l'an 2000 par le stratège Pierre Lapointe, chez Pavilion Marchés Mondiaux, soit aussi loin qu'il est capable de reculer avec les statistiques.

Un effet saisonnier clair se dégage de cette information, mais même ce stratège se dit incapable d'expliquer pourquoi les entreprises sont toujours moins nombreuses à lancer des avertissements en juin que durant le reste de l'année.

Il ne veut même pas se risquer à évoquer une théorie ou une hypothèse.

Pierre Lapointe voit par contre un côté positif au fait qu'un nombre inhabituellement faible d'entreprises ont publié des pré-annonces.

« Nous sommes près d'un bas historique pour les avertissements. En principe, c'est une bonne nouvelle. Mais comme il y a aussi eu peu de pré-annonces positives, on appelle ça le silence radio corporatif. Ça veut dire que les investisseurs ont très peu d'informations pour mieux s'orienter sur la prochaine saison des bénéfices, ce qui risque d'amener beaucoup de surprises. »

Surprises !

Un faible nombre de pré-annonces s'est souvent traduit dans le passé par un taux de surprises positives quand les résultats ont été dévoilés. Les déceptions surviennent habituellement quand le nombre de pré-annonces est élevé.

Par ailleurs, le nombre peu élevé de pré-annonces explique probablement pourquoi les attentes des analystes ont peu changé durant les dernières semaines.

La saison des résultats du deuxième trimestre risque donc d'apporter plus de surprises qu'en temps normal.

L'économiste Peter Buchanan, de la CIBC, rappelle que pendant la plus récente ronde de divulgation des résultats financiers (au début du printemps), les entreprises du S & P 500 ont surpassé les attentes des analystes par une marge de 5 %, en moyenne.

Si l'histoire se répète, le conservatisme affiché aujourd'hui pourrait être un prélude à de belles surprises, dit-il.

Ça commence lundi soir

Les investisseurs pourront tenter de valider les statistiques sur l'emploi publiées vendredi avec les résultats trimestriels et les commentaires des PDG qui suivront dans les prochains jours et semaines.

La saison de résultats financiers commencera en fin de journée demain avec la présentation de la performance d'Alcoa pour les mois d'avril, mai et juin.

La raison : Alcoa est toujours le premier membre de la moyenne industrielle Dow Jones à publier sa performance chaque trimestre.

La banque J.P. Morgan est le seul autre membre du Dow qui divulguera ses résultats d'ici vendredi.

Ironiquement, J.P. Morgan a retiré sa recommandation d'achat sur Alcoa au cours des derniers jours. La pression exercée sur le prix de l'aluminium est citée par J.P. Morgan comme étant un élément qui risque d'affecter les bénéfices d'Alcoa et par conséquent son cours boursier. La cible de l'analyste de J.P. Morgan vient de passer de 12 $ à 9 $.

Quelques grandes entreprises québécoises et canadiennes présenteront aussi leurs résultats financiers cette semaine. Il y aura notamment ceux de Couche-Tard et de Jean Coutu (mardi) et ceux de Cogeco et de Corus (jeudi).

Plusieurs centaines d'entreprises publieront et commenteront leur performance financière pendant le mois de juillet.