Le Salon aéronautique du Bourget, qui se déroule cette semaine en France, promet encore une fois cette année des développements dans l'industrie, mais les investisseurs semblent avoir de grandes attentes pour Bombardier en particulier.

Le Bourget est un endroit idéal pour annoncer des commandes, signer des contrats/partenariats et lancer de nouveaux projets ou programmes. Si on entend dire chaque année que le salon de l'aéronautique de juin (qui se déroule en alternance au Bourget et à Farnborough) est important pour Bombardier, il semble clair que la barre est placée très haut cette année.

Le titre a décollé pour s'apprécier d'environ 30 % depuis la mi-avril. L'action a même atteint 5 $ plus tôt ce mois-ci en prévision du salon, avant d'enregistrer quelques séances baissières au cours de la dernière semaine.

«Les attentes sont plus grandes cette année que par le passé avec le premier vol de la CSeries prévu à la fin du mois. Les investisseurs anticipent que cette étape importante pourrait aider à générer des commandes», dit David Tyerman, de Canaccord.

«Le vol inaugural n'est que le premier d'une série d'étapes à franchir avant la certification de l'appareil, dit Kevin Chiang, de la CIBC. En respectant son échéancier, Bombardier aura réussi à briser la tendance des nouveaux programmes de l'industrie aérospatiale qui multiplient les retards. Le rythme des commandes est considéré comme lent jusqu'à présent, mais le premier vol le fera accélérer.»

C'est en partie pourquoi les analystes restent très bullish même après la récente poussée boursière. « Il y a encore place à l'amélioration en ce qui concerne l'action de Bombardier », fait valoir Tim James, de la TD, qui estime très faibles les chances de voir des éléments négatifs d'ici la fin de l'année chez Bombardier.

«Le titre se négocie toujours avec un escompte important par rapport à ses comparables», fait remarquer pour sa part Walter Spracklin, de RBC.

«Bombardier devra annoncer au moins deux commandes d'importance à Paris pour garder le cap en Bourse», dit cet analyste, qui trouve malheureux que le premier vol ne puisse pas survenir durant le salon du Bourget, mais plutôt à la fin du mois. «Ça augmente la pression sur l'équipe de ventes pour livrer des commandes durant le salon.»

Walter Spracklin pense que Bombardier peut annoncer «une couple» de commandes de 10 appareils ou plus, mais une grosse commande pour plus de 20 avions CSeries d'un transporteur chinois (comme China Southern ou Hainan Airlines, par exemple) pourrait servir de catalyseur.

Jets régionaux et avions d'affaires

Tous les yeux sont rivés sur la CSeries, mais il ne faut pas oublier les autres familles d'appareils de Bombardier. Paris a toujours été bon pour les jets régionaux de plusieurs fabricants, et il n'y a pas de raison de croire que l'histoire sera différente cette année, dit Walter Spracklin, qui pense qu'on doit aussi s'attendre à ce que plusieurs commandes pour des avions d'affaires soient annoncées cette semaine.

Bombardier sera par ailleurs au centre de l'action dès l'ouverture du salon avec des présentations/événements au cours des trois premiers jours.

Demain, le vice-président, marketing des avions commerciaux, Philippe Poutissou, reçoit les analystes à l'occasion d'un dîner-causerie.

Mardi, le président et chef de l'exploitation de la division Aéronautique, Guy Hachey, prononcera un discours à l'occasion d'un cocktail.

Mercredi, une visite des installations de Bombardier Transport à Crespin est organisée.

Mise en garde 

L'enthousiasme à l'égard de Bombardier ne manque pas sur Bay Street et Wall Street, mais il se trouve tout de même des observateurs pour contenir les élans. « Le début imminent du programme d'essais en vol fait diminuer le risque lié à la CSeries. Mais je préviens cependant que le risque ne s'est pas totalement estompé parce que le programme d'essais en vol pourrait révéler des pépins de production et d'ingénierie qui n'avaient pas encore été détectés. Il est donc encore possible que l'échéancier puisse être bousculé », commente Turan Quettawala, de la Scotia.

«Il y a encore des risques considérables liés au développement de la CSeries pendant le programme d'essais en vol», souligne Joseph Nadol, de JP Morgan, qui, comme son collègue de la Scotia, est un des rares analystes à ne pas recommander l'achat du titre. «Il y a aussi un risque budgétaire puisque le programme semble vouloir dépasser l'investissement prévu de 2,7 milliards avant même le premier vol. Et il y a un risque pour les marges une fois l'entrée en service de l'appareil, sans compter le fait que la demande pourrait ne pas être au niveau escompté éventuellement.»

Somme toute, un repli de l'action de Bombardier reste une possibilité après le salon du Bourget, si les nouvelles ne sont pas à la hauteur des attentes cette semaine.