Montrustco Bolton: l'activisme

Les concepts d'investissement responsable sont intégrés depuis de nombreuses années dans le processus de placement de Montrustco Bolton qui a toujours misé sur le long terme. La firme montréalaise, qui n'a pas de fonds éthiques en tant que tels, a préétabli 13 lignes directrices sur la stratégie/structure, légalité/conformité et sur la direction/gouvernance pour tous ses placements. «Il faut avoir fait une réflexion interne préalable pour pouvoir voter sur les quelque 700 questions qui peuvent nous être soumises», explique Christian Godin, vice-président principal et chef des actions chez Montrustco Bolton.

Les gestionnaires de la firme n'hésitent pas à se déplacer sur le terrain pour se faire leur propre opinion sur des enjeux collectifs. Ils étaient à Val-d'Or pour observer les travaux d'Osisko et iront en Gaspésie pour étudier les projets de Petrolia. Les mines au Mexique et au Ghana ont aussi été visitées.

Montrustco Bolton s'implique également par différentes interventions aux assemblées d'actionnaires. La firme s'est notamment attaquée au cumul des fonctions de président du conseil et chef de l'exploitation au groupe Transat. «Notre proposition n'a obtenu que 22% d'appui, mais cela a conscientisé la direction», se félicite Christian Godin.

Caisse de dépôt: coter la vertu

Les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance expliquent près de 10% des événements boursiers parmi les quelque 2000 possibilités, affirme Stephen Kibsey, vice-président, gestion des risques, marchés boursiers à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

C'est pourquoi le nouveau modèle «du XXIe siècle» de la Caisse ajoute la gouvernance, au modèle classique d'évaluation de la gestion. Le social et la géopolitique complètent l'analyse de l'exploitation. L'étude environnementale est maintenant indissociable du portrait économique.

Au total, la grille d'analyse de titres de la Caisse comporte maintenant de 5 à 15 critères de «responsabilité» couvrant de 20 à 50 points, selon l'industrie. Un score en est tiré qui module la note du titre obtenu par l'analyse fondamentale, dans les modèles mathématiques.

«L'analyse des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance est une évolution de l'analyse fondamentale et un volet essentiel d'une approche intégrée», affirme Stephen Kibsey.

Desjardins: entrée interdite

Desjardins a établi des critères stricts d'admissibilité pour les titres d'entreprises appelées à composer l'un ou l'autre de ses 5 fonds socialement responsables qui cumulent 830 millions d'actif et intéressent 13% des clients du Mouvement.

Dans un premier temps, toutes les sociétés actives dans l'armement, le nucléaire ou le tabac sont exclues. Une analyse extra fine de critères environnementaux est ensuite menée pour Desjardins par Placements NEI, une firme spécialisée détenue à 50%. L'équipe multidisciplinaire de 11 personnes distingue notamment les objectifs de l'entreprise et les moyens qu'elle prend pour les atteindre.

Au final, seulement 113 des 244 titres composant l'indice principal S&P TSX se sont avérés admissibles aux fonds socialement responsables de Desjardins, au 31 décembre dernier, note Rosalie Vendette, conseillère principale en investissement socialement responsable au Mouvement Desjardins.

Le Fonds Desjardins Environnement, le premier du genre au Québec et le deuxième au Canada, affiche un rendement annualisé de 8,5% depuis sa création il y a 23 ans.

Fondaction: l'engagement actionnarial

Fondaction applique une batterie de standards selon le type de placement, mais toujours avec la même finalité. «L'important est que l'ensemble du portefeuille soit cohérent», explique Claude Normandin, responsable du développement stratégique et de la commercialisation pour le fonds d'origine syndicale qui accorde une attention particulière à la gestion participative et l'environnement.

Ainsi, les conventions d'actionnaires pour les investissements directs, au coeur du portefeuille de Fondaction, incluent les normes BNQ 21 000 sur la responsabilité sociétale des organisations québécoises ainsi que les principes du Pacte mondial de l'Organisation des Nations Unies, relatifs aux droits de la personne, aux normes du travail, à l'environnement et à la lutte contre la corruption.

Les critères Global Reporting Initiative (GRI) et Institutional Limited Partners Association sont appliqués pour les fonds partenaires. Fondaction adhère lui même au GRI avec l'obligation de produire un rapport bisannuel de développement durable selon les lignes directrices proposées.

Les liquidités du fonds CSN sont pour leur part réservées aux institutions signataires des Principes d'investissement responsable ou aux fonds spéculatifs membres du Hedge Fund Standards Board.

Fonds FTQ: l'union fait la force

«Ultimement, on peut toujours se séparer d'un titre qui ne respecte pas nos enjeux, mais nous préférons occuper la chaise et tenter d'avoir une influence», déclare Yvon Bolduc le président-directeur général du Fonds de solidarité FTQ, dont le développement durable est au coeur des préoccupations.

Petit mais non sans ressource, le Fonds s'associe à des groupes de recherche, comme la firme Share de Vancouver, pour mener ses évaluations ou se ligue avec des partenaires comme les communautés religieuses pour magnifier sa voix aux assemblées d'actionnaires. Le dialogue a déjà été lancé avec 44 entreprises sur 48 enjeux, dans les derniers mois, souligne le PDG. Le secteur minier est dans la ligne de mire. «On veut créer de la richesse, mais pas n'importe comment», commente Yvon Bolduc.