Trop faible pour les propriétaires, trop élevé pour les locataires. Le taux d'augmentation des loyers suggéré par la Régie du logement pour 2013 fait des mécontents dans tous les camps.

Dans un communiqué diffusé cet après-midi, la Régie propose des hausses de 0,2% à 1,7% pour les appartements chauffés, et de 0,9% pour ceux dont le chauffage est à la charge du locataire. Une aberration, selon l'Association des propriétaires du Québec (APQ).

«Nous déplorons encore une fois que les taux annoncés ne reflètent ni les besoins ni la réalité du marché locatif québécois», lance Martin Messier, président de l'APQ.

L'organisme dénonce sur toute la ligne la méthode de calcul appliquée par la Régie. L'amortissement des travaux majeurs, par exemple, ne permet pas aux propriétaires de rentabiliser leur investissement avant 30 ans, souligne-t-on.

«Aucun investisseur ne veut avoir un retour sur investissement de plus de 30 ans et pourtant c'est le cas pour les travaux majeurs réalisés par un propriétaire de logements locatifs au Québec», déplore Martin Messier dans un communiqué.

L'APQ critique aussi le rôle de «percepteur» d'impôts fonciers qui revient désormais aux propriétaires. Ceux-ci doivent refiler toute la hausse aux locataires dans l'année d'imposition, ce qui accroît le choc financier pour plusieurs ménages. Ils souhaiteraient pouvoir étaler cette augmentation.

Trop élevé

Les groupes de défenses des locataires ont réagi tout autrement à la publication des indices d'augmentation de la Régie, cet après-midi.

Selon François Saillant, porte-parole du FRAPRU, «de très nombreuses personnes et familles sont tout simplement incapables de subir la moindre hausse de loyer, sans couper encore davantage dans leurs autres besoins essentiels et sans accroître le risque de se faire évincer pour non-paiement de loyer».

L'organisme souligne dans un communiqué que le nombre de causes pour non-paiement de loyer introduites ou relancées à la Régie a atteint le chiffre record de 47 049 l'an dernier, une hausse de 3,2% sur un an.

Qu'importe la guerre de mots entre propriétaires et locataires, des statistiques publiées le mois dernier par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) font état d'un marché locatif plutôt au neutre au Québec.

À Montréal, le loyer moyen des appartements de deux chambres a reculé de 719$ à 711$ depuis un an. Une baisse moyenne de 3$ a été observée un peu partout au Québec.

Le taux d'inoccupation a par ailleurs grimpé de 2,5% à 2,8% dans le Grand Montréal pendant la même période, soit tout près du point d'équilibre jugé souhaitable pour le marché locatif.

Le FRAPRU estime toutefois que «le mal est déjà fait». Le loyer moyen d'un appartement de deux chambres est passé de 495$ en 2000 à 681$ en 2012 au Québec, une hausse de 37,6%, indique l'organisme. (Il s'agit du loyer le plus bas de toutes les provinces canadiennes; la moyenne nationale est de 875$.)

Le FRAPRU rappelle aux locataires qu'ils ont le droit de refuser les hausses de loyers. Les propriétaires ont ensuite le choix de s'adresser à la Régie pour faire fixer le loyer, ou encore de négocier directement avec l'occupant.

L'APQ, malgré sa frustration, recommande elle aussi aux locataires «s'asseoir» et de discuter avec leurs propriétaires en cas de mésentente.