Les fonds négociés en Bourse (FNB) sont l'outil idéal pour l'investisseur qui veut se bâtir un portefeuille permanent à frais modiques.

«C'est la meilleure stratégie. En utilisant des FNB, n'importe quel investisseur néophyte pourrait choisir quatre fonds négociés en Bourse et dormir là-dessus», dit Maher Kooli titulaire de la chaire Caisse de dépôt et placement du Québec de gestion de portefeuille.

«Il ne faudra pas qu'il rêve à sa Ferrari, car le rendement ne sera pas exceptionnel. Mais il aura une retraite assez sûre, surtout dans le marché actuel qui n'offre pas beaucoup d'occasions», affirme le professeur qui a préparé un portefeuille repère à la demande de La Presse.

Sa version du portefeuille permanent se limite aux ingrédients de base de la recette concoctée par Harry Browne en 1982. Il utilise quatre FNB que les investisseurs peuvent acheter à la Bourse canadienne.

Il suffit d'investir son argent à parts égales dans quatre FNB, comme le démontre notre tableau. Le iShares Premium Money Market investit dans les marchés monétaires. Le iShares Gold Trust est une façon indirecte de détenir des lingots d'or. Le iShares S&P/TSX Capped Composite permet d'acheter d'un seul coup toutes les actions de l'indice élargi de la Bourse canadienne. Et le iShares DEX Long Term Bond est un portefeuille d'obligations à long terme.

M. Kooli calcule que ce portefeuille permanent aurait livré un rendement de 5,7% depuis le début de 2012. Depuis trois ans, le rendement se serait élevé à 8,5%, bien au-delà de la moyenne des fonds équilibrés (4,6%).

Il faut dire que les frais de gestion de fonds communs amputent le rendement de 2,5% par année. De leur côté, les FNB ne prélèvent que 0,3% de frais de gestion annuels. Mais l'investisseur doit aussi payer les commissions d'achat et de vente. Ceux qui préparent la recette eux-mêmes, en ouvrant un compte chez un courtier direct, paieront autour de 10$ par transaction.

«En le faisant soi-même, on évite au moins 1% de frais. C'est comme aller au restaurant ou faire la cuisine soi-même à la maison», compare Jean-Paul Giacometti, gestionnaire de portefeuille chez Claret.

Varier la sauce

Les investisseurs peuvent varier la sauce, en remplaçant certains ingrédients. Par exemple, le fonds de marché monétaire pourrait être facilement remplacé par un compte d'épargne à intérêts élevés qui offre des rendements supérieurs (ex: ING Direct 1,35%, Banque Manuvie 1,65%, Achieva Financial et Outlook Financial 2%).

Les investisseurs peuvent aussi ajouter d'autres ingrédients pour élargir la diversification du portefeuille.

Au lieu d'acheter l'indice de la Bourse canadienne, l'investisseur pourrait diversifier la portion actions en investissant 12% au Canada, 8% aux États-Unis et 5% dans les marchés émergents, avance M. Giacometti. Les revenus fixes pourraient aussi être divisés entre des obligations de gouvernements et de sociétés.

Aux États-Unis, la firme Global X a lancé, en février dernier, un fonds négocié en Bourse (FNB) qui applique la recette du portefeuille permanent, avec quelques nuances. Le fonds se négocie à la Bourse de New York sous le symbole PERM.

Au lieu d'investir simplement le quart du portefeuille dans l'indice de la Bourse américaine, le fonds investit 9% en actions américaines de grande capitalisation, 3% en actions américaines de petites capitalisations, 3% en actions internationales, 5% en actions du secteur immobilier et 5% dans des actions mondiales de ressources naturelles.

Et pour les métaux précieux, le fonds PERM investit 20% dans l'or et fait une petite place pour l'argent (5%).