Guy Lalonde fait équipe avec Christian Lamarre depuis 2006. Avec plus de 20 ans d'expérience en finance, les deux conseillers en placement et gestionnaires de portefeuille de la Financière Banque Nationale gèrent des actifs pour des clients bien nantis et des fondations.

À votre avis, quel est l'évènement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Les marchés financiers ont l'oeil sur Washington. Le Congrès américain sera-t-il en mesure d'en arriver à une entente pour éviter le «gouffre fiscal»? Ceci est le plus récent des feuilletons qui portera encore une fois les marchés à réagir impulsivement de manchette en manchette d'ici sa résolution.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement?

Nous évitons, mon partenaire Christian Lamarre et moi-même, de fonder la gestion de nos portefeuilles sur un indicateur quelconque. La valeur ajoutée des analyses prévisionnelles nous semble surestimée. Pour bien gérer le risque, nous misons plutôt sur la bonne diversification parmi une grande variété de catégories d'actifs faiblement corrélées grâce aux fonds négociés en Bourse (FNB) indiciels. Nous surveillons les pondérations des composantes de nos portefeuilles et nous rééquilibrons de manière systématique en réaction inverse aux émotions et à la volatilité du moment. Cette approche de gestion structurelle que l'on a nommée gestion Sigma ne mise pas sur un exercice prévisionnel, mais plutôt sur la complémentarité des catégories d'actifs et le principe d'éviter les erreurs coûteuses.

Que feriez-vous avec 10 000$?

Notre discipline nous amène à augmenter la pondération des composantes de notre portefeuille lorsqu'elle tombe en deçà de leur cible suite aux mouvements à court terme des marchés. Présentement, nous pourrions racheter du iShares S&P/TSX Capped REIT (XRE) puisque l'immobilier a un peu reculé depuis trois mois, ainsi que du iShares Russell 1000 Value (IWD) qui regroupe les grandes sociétés américaines de valeur.

À l'inverse, nous pourrions réduire notre position dans le iShares Emerging Market Bond (EMB) qui investit dans les obligations de marchés émergents, ainsi que dans le iShares MSCI EAFE (XIN) qui reflète les actions internationales.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

En principe, un portefeuille bien structuré ne devrait pas éviter complètement un placement ou une catégorie d'actif. D'une part, les études prévisionnelles sur lesquelles est fondé un tel jugement sont habituellement peu fiables. D'une autre part, un actif doit plutôt être considéré pour sa complémentarité avec les autres composantes du portefeuille que pour ses propriétés individuelles uniquement.

Il est surprenant de constater qu'une catégorie d'actif moins payante et plus volatile que l'on aurait été tenté d'exclure sur ses mérites individuels, contribue pourtant à une hausse du rendement et une baisse de la volatilité du portefeuille en son tout. Tenter de prévoir quelle sera la catégorie d'actif la plus ou la moins payante offre très peu de valeur ajoutée même si notre nature humaine y prend plaisir.

Ceci dit, nous sommes prudents avec les FNB qui investissent dans des contrats à terme sur des matières premières comme le pétrole, le gaz naturel ou les denrées agricoles. Par exemple, on évite le FNB qui calque l'indice de volatilité VIX, dont on entend beaucoup parler en ce moment, parce que le roulement des contrats à terme génère un rendement négatif.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

On surestime probablement le potentiel de la Bourse américaine (et on sous-estime celui de la Bourse canadienne) étant donné qu'elle a si bien fait depuis trois ans. Il y a trois ou quatre ans, tout le monde n'en avait que pour les actions canadiennes et personne ne voulait d'actions américaines, que l'on voyait d'ailleurs très peu souvent dans les portefeuilles des investisseurs. Maintenant que le S&P 500 a eu un rendement annuel de 10,52% depuis deux ans par rapport à 1,79% pour le S&P/TSX, la Bourse américaine est la nouvelle coqueluche... pour l'instant.