Les Québécois l'avouent: l'épargne n'est pas leur priorité. Pour la majorité des travailleurs (58%), elle arrive au second rang, après qu'ils ont consommé selon leurs besoins et leurs envies, révèle un sondage publié hier par Question Retraite, un organisme qui encourage les jeunes à commencer à épargner tôt.

«L'épargne, ce n'est pas nécessairement une privation. C'est une dépense reportée», a dit Sébastien Huberdeau, au cours du colloque de Question Retraite.

Comme bien des jeunes, le comédien a passé sa vingtaine à vivre au jour le jour, sans trop compter. «Mais à 33 ans, je réalise que c'est important de planifier», a confié le porte-parole du mois de la planification financière de la retraite qui aura lieu en octobre.

Freinés par les dettes

Mais les dettes de consommation sont souvent un frein à l'épargne. Presque tous les Québécois (87%) ont des dettes, que ce soit une hypothèque (57%), une marge de crédit (42%), un prêt-auto (40%), un solde impayé sur sa carte de crédit (38%), un prêt personnel (14%) ou un prêt étudiant (7%).

L'hypothèque et la marge de crédit n'empêchent pas les gens d'épargner. Au contraire, on observe que les gens qui ont une hypothèque ont aussi plus d'argent dans leur REER.

Par contre, les consommateurs qui traînent un solde sur leur carte de crédit ont du mal à épargner pour la retraite. Quand on sait que les cartes de crédit ont des taux d'intérêt de 20 et même 30%, «ce n'est pas nécessairement une mauvaise stratégie de rembourser sa carte de crédit... mais quand on se rend à zéro, il ne faut pas recommencer», a commenté Nathalie Madore, directrice de la statistique à la Régie des rentes du Québec.

Les cartes de crédit causent encore plus de problèmes aux jeunes et aux personnes plus pauvres. «Les gens qui ont de plus faibles revenus ont davantage de dettes sur leurs cartes de crédit, alors que les plus riches ont droit à des formes de crédit à meilleurs taux qui leur coûtent beaucoup moins cher», constate Mme Madore.

Cela crée un cercle vicieux qui fait qu'ils ont du mal à s'en sortir.

Trop peu d'épargne

Dans ce contexte, seulement la moitié (53%) des jeunes de 25 à 34 ans possèdent un REER. Et les trois quarts d'entre eux y ont amassé moins de 20 000$.

Après 45 ans, pratiquement les trois quarts des Québécois ont un REER. Mais ils y ont accumulé peu d'argent. Chez les 55 à 64 ans, près de 60% ont moins de 50 000$ d'épargne-retraite. «Ils ne vivront pas 30 ans avec ça! Les sommes ne sont pas là, même chez ceux qui sont à l'aube de la retraite», déplore Mme Madore.

Elle explique que les gens ont du mal à évaluer la somme qu'ils doivent accumuler pour bien vivre à la retraite. Avec 100 000$, ils ne réalisent pas qu'ils auront une rente de seulement 6000$ par année, en partant à la retraite à 65 ans.

«Près de la moitié des Québécois ne contribuent pas à un régime de retraite avec leur employeur. S'ils n'ont pas d'épargnes personnelles, il sera bien difficile de maintenir une qualité de vie acceptable, surtout avec l'augmentation de l'espérance de vie», a dit Jocelyne Houle-LeSarge, présidente de Question Retraite.

Son message reste toujours le même: «Commencez tôt et épargnez régulièrement. Il ne faut pas lâcher!», dit-elle.

Mais le sondage démontre que les médias, les professeurs et les planificateurs financiers ont peu d'influence sur leur comportement par rapport à l'argent. En fait, c'est l'approche de l'âge de la retraite qui finit par convaincre les Québécois de la nécessité d'épargner. Mais il est alors impossible de revenir en arrière.

- 42% des Québécois de 25 à 34 ans ont un solde impayé sur leur carte de crédit

- 53% des jeunes possèdent un REER

- 74% ont moins de 20 000$ dans leur REER

Source: Question Retraite N.B. : Le sondage SOM a été réalisé du 27 avril au 27 mai 2012 auprès de 1805 répondants de 25 à 64 ans à travers le Québec. La marge d'erreur maximale est de 2,7%.